McPHELIM, FRANCIS, marchand et homme politique, né en 1811 à Donegal (République d’Irlande), fils de Peter et Catherine McPhelim ; il épousa en 1839 Rosanna McGuirk de Saint-Jean, Nouveau-Brunswick ; décédé à Bouctouche, Nouveau-Brunswick, le 14 octobre 1866.

Francis McPhelim déménagea à Bouctouche avec sa famille en 1821. À l’instar de son père, il entra dans le cercle des marchands et des expéditeurs de la communauté. Catholique irlandais aisé, il ne tarda pas à faire figure de leader parmi ses compatriotes du Nouveau-Brunswick. En 1850, il fut élu représentant du comté de Kent à l’Assemblée, et bien qu’acquis au principe d’un gouvernement responsable comme la plupart de ses collègues de la rive nord, il soutint le parti « compact ». De 1854 à 1856, alors que Charles Fisher* et les « smashers » détenaient le pouvoir pour la première fois, McPhelim devint un des conservateurs les plus influents, probablement parce qu’il s’opposait à la tempérance. On connaît mal le rôle qu’il joua dans la crise politique qui se noua en mai 1856 lorsque le lieutenant-gouverneur John Henry Thomas Manners-Sutton* contraignit les smashers à démissionner pour n’avoir pu abolir la loi de 1855 sur la prohibition. McPhelim fut cependant nommé ministre des Postes dans le gouvernement compact qui fut formé à cette époque pour appuyer le lieutenant-gouverneur. Il fut ainsi le premier catholique nommé au Conseil exécutif ; cette nomination reconnaissait tant la compétence de McPhelim que la puissance politique croissante des Irlandais au Nouveau-Brunswick. Certes, les points cruciaux des élections de l’été de 1856 étaient la tempérance et les privilèges du lieutenant-gouverneur, mais dans certaines régions du Nouveau-Brunswick on prétendit qu’il s’agissait d’une lutte contre « le rhum et Rome » ; ainsi présenté, cet argument poussa les Irlandais à un vote massif en faveur du parti compact et accrut l’influence de McPhelim au sein du gouvernement. En juillet 1857, il avait rejoint, avec ses collègues du compact, l’opposition [V. John Hamilton Gray*], où il demeura pour le reste de sa carrière politique.

McPhelim se fit, en matière religieuse, une réputation de modéré ; il refusa de brandir la menace du pouvoir politique irlandais mais s’efforça plutôt d’obtenir des concessions avec un minimum d’amertume. Il défendit King’s College, établissement anglican, contre les attaques des baptistes et des méthodistes et, en retour, s’acquit le concours de l’Église d’Angleterre en matière d’enseignement primaire. En 1858, lorsque, au cours d’une discussion au sujet de la loi sur les écoles publiques, naquit un débat sur la lecture des Écritures dans les écoles paroissiales, les protestants furent partagés entre la crainte des catholiques et le désir de leur donner satisfaction ; il semblait n’y avoir que deux choix possibles : des écoles protestantes ou des écoles ne dispensant pas d’instruction religieuse. Mais McPhelim proposa de résoudre le dilemme par un arrangement à l’amiable ; on ferait en classe la lecture des Écritures mais les jeunes catholiques se serviraient de la Bible de Douay. Lorsqu’il incomba aux professeurs d’inculquer les principes chrétiens, l’amendement de McPhelim donna en fait un statut légal aux écoles confessionnelles catholiques du Nouveau-Brunswick ; c’était pour elles une victoire minime mais significative.

Une modération semblable marqua la carrière ultérieure de McPhelim. Il soutint constamment l’Intercolonial dans les années 50 et 60 mais ses préférences allèrent à la construction du prolongement occidental de l’ European and North American Railway vers les États-Unis. Lorsque fut présenté le projet de confédération, il refusa de l’appuyer, mais son opposition ne fut pas assez vive pour lui garder la faveur de ses électeurs, adversaires farouches de la confédération. Il perdit son siège en 1865 et fut nommé, un peu plus tard cette même année, shérif en chef du comté de Kent ; il mourut l’année suivante.

À une époque qui ne brillait pas par sa tolérance religieuse et raciale, la façon modérée dont McPhelim dirigea les Irlandais fut, partiellement du moins, responsable de la stabilité sociale relative du Nouveau-Brunswick.

P. M. Toner

N.B. Museum, Observer [E. S. Carter], Linking the past with the present.— Gleaner (Chatham, N.-B.), 1864–1866.— Morning Freeman (Saint-Jean, N.-B.), 1851–1866.— Morning News (Saint-Jean, N.-B.), 1853–1866.— Morning Telegraph (Saint-Jean, N.-B.), 1863–1866.— G. E. Fenety, Political notes, Progress (Saint-Jean, N.-B.), 1894 (colligées dans un album au N. B. Museum et aux APC).— Hannay, History of N.B.— Lawrence, Judges of N.B. (Stockton).— MacNutt, New Brunswick.

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P. M. Toner, « McPHELIM, FRANCIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 11 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mcphelim_francis_9F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
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