McPHERSON, JOHN, instituteur et poète, né le 4 février 1817 à Liverpool, Nouvelle-Écosse, fils de James McPherson ; décédé le 26 juillet 1845 à North Brookfield, Nouvelle-Écosse.

John McPherson passa les 17 premières années de sa vie à Liverpool et y reçut presque toute sa formation scolaire. Il partit ensuite vivre avec son oncle, Donald McPherson, à North Brookfield, dans le nord du comté de Queens. Il y bénéficia de l’influence d’Angus Morrison Gidney*, jeune instituteur affecté à Pleasant River, non loin de là, qui lui inspira l’amour de la poésie et l’encouragea à écrire. Par la suite, à titre de rédacteur en chef d’un journal de Halifax, Gidney l’aida à publier ses poèmes et les signala aux gens de lettres de la capitale. De ceux-ci, c’est John Sparrow Thompson* et Sarah Herbert qui influencèrent le plus la brève carrière littéraire de McPherson.

Dans ses jeunes années, McPherson eut grand mal à trouver ce qu’il voulait faire de sa vie. Entre 1835 et 1840, il s’essaya à divers emplois. Il travailla d’abord à Halifax à titre de commis, puis s’embarqua pour les Antilles à la recherche d’une situation. Il revint cependant bientôt au pays et fit l’apprentissage du métier de charpentier. En même temps, il se consacrait de plus en plus à l’écriture poétique. De 1838 à 1840, un grand nombre de ses poèmes parurent dans des journaux de Halifax, en particulier dans le Novascotian et le Haligonian and General Advertiser, ainsi que dans le Colonial Pearl, une revue littéraire locale.

L’année 1841 fut, semble-t-il, un tournant dans la vie de McPherson. Il trouva un travail plus compatible avec son goût pour la littérature : il se mit à enseigner à Kempt, près de North Brookfield. Il y passa deux années, et le 12 décembre 1841 il épousa sa cousine Irene, fille de Donald McPherson. Il commençait alors à se faire connaître comme un poète fort prometteur et à manifester un style plus personnel. Il enseigna ensuite à Maitland Bridge, dans le comté d’Annapolis, mais il eut tôt fait de revenir à North Brookfield. De toute évidence, son salaire de professeur ne suffisait plus à subvenir aux besoins de sa femme et de leur fille nouveau-née, pas plus d’ailleurs que les revenus qu’il tirait de ses écrits. Désespéré de sa pauvreté grandissante, le jeune homme, déjà frêle, vit sa santé décliner. Il réussit néanmoins à maintenir une intense activité poétique. De 1841 à 1844, il continua de publier fréquemment des poèmes dans des journaux de Halifax et dans l’Olive Branch, le journal de Sarah Herbert. En 1843, John Henry Crosskill* publia un poème de MePherson sur la tempérance, The praise of water [...], la seule de ses œuvres à paraître sous forme de brochure de son vivant.

En 1843, l’état de santé de McPherson ne lui permettait pas de travailler avec assiduité et ses conditions de vie étaient devenues précaires. Des amis de Halifax, dont un donateur anonyme (on sut plus tard qu’il s’agissait du député William Young*), vinrent alors à son aide en recueillant une somme d’argent qui lui permit d’acheter un lot et d’entreprendre la construction d’un petit cottage. Libéré du fardeau d’avoir à loger les siens, le poète espérait les faire vivre de sa plume. Toutefois, en décembre 1844, lorsque le temps fut venu d’emménager, il était en très mauvaise santé et le cottage, inachevé par manque de fonds, n’était pas vraiment habitable l’hiver. Aussi le 1er mai 1845 dut-on transporter le malade chez son oncle à North Brookfield, où il mourut le 26 juillet 1845, à l’âge de 28 ans ; il laissait dans le deuil sa femme et deux enfants.

Tout comme Grizelda Elizabeth Cottnam Tonge*, poète de la génération précédente, McPherson acquit par sa mort prématurée une place de choix dans le cœur des Néo-Écossais qui avaient le souci d’établir une tradition littéraire qui leur était propre. Les dures conditions de sa vie et la fragilité tragique de sa santé symbolisaient à leurs yeux les difficultés et les sacrifices qu’exigeait le développement culturel de la colonie au début du xixe siècle. Le cas de McPherson démontre le peu de valeur qu’on accordait alors aux auteurs néo-écossais : il fallut attendre jusqu’en 1862, soit 17 ans après sa mort, pour qu’on publie ses poèmes en un recueil. C’est finalement Thompson qui, à titre posthume, présenta une sélection de ses poèmes.

Grâce aux efforts de Thompson, McPherson, contrairement à Tonge, est devenu plus qu’un mythe littéraire et romantique. Les vers qu’il a produits en assez grande abondance parlent pour lui. Malheureusement, il n’est pas facile, partant de la sélection de Thompson, de déceler toutes les ressources du poète. Dans le choix et l’ordre qu’il a établi pour les poèmes, Thompson ne réussit généralement pas à démarquer, d’une part, la manière conventionnelle dont McPherson traitait certains thèmes moraux et religieux et, d’autre part, les formules poétiques plus pénétrantes que lui inspiraient son contact avec la nature et le sentiment inné qu’il avait de l’essence de sa propre vie. Les meilleurs passages de McPherson sont ceux où il traduit l’état d’âme d’un être en harmonie avec un décor naturel. Dans Scenes, par exemple, il écrit :

J’aime, dans le mystère de la nuit,
Songer près de la mer majestueuse,
Et sentir sa force mystérieuse,
Et observer ses vagues en furie,
Cependant que mon âme, en visions transportée,
Obéit au sublime empire de ma pensée.

Mais cette harmonie, idyllique et représentée comme une libération des soucis quotidiens, est habituellement habitée par une conscience aiguë de la fugacité de toutes choses. Souvent donc, un relent de nostalgie, de mélancolie celtique vient colorer fortement le ton et l’ambiance de la poésie de McPherson. Cet effet est très évident dans des poèmes tels que The may-flower, Autumnal musings, Dying in spring et The beautiful is fading. Pour exprimer ses sentiments devant la beauté réelle et cependant transitoire de l’existence terrestre, le poète a souvent recours à un symbole floral.

On enterra John McPherson sur une colline près de North Brookfield, à l’est de l’ancienne route d’Annapolis, qui surplombe le lac Tupper. Sa femme fit poser une simple pierre sur sa tombe. En 1906, on transféra ses restes dans le cimetière de l’église baptiste North Brookfield.

Thomas B. Vincent

Les poèmes de John McPherson ont d’abord paru, à différents moments durant la période 1835–1845, dans bon nombre de journaux des Maritimes, dont l’Amaranth (Saint-Jean, N.-B.), le Yarmouth Herald and Western Advertiser (Yarmouth, N.-É.) et, à Halifax, le Christian Messenger, le Colonial Pearl, l’Haligonian and General Advertiser, le Novascotian, l’Olive Branch, et le Temperance Recorder. Son poème sur la tempérance, The praise of water ; a prize poem, parut à Halifax en 1843. J. S. Thompson a fait paraître une anthologie de ses œuvres sous le titre de Poems, descriptive and moral [...] (Halifax, 1862), pour laquelle il a écrit une préface intitulée « Introductory memoir ».

APC, MG 24, C4.— PANS, MG 1, 848, no 15.— Acadian Recorder, 2 août 1845.— Novascotian, 30 déc. 1841.— R. J. Long, Nova Scotia authors and their work : a bibliography of the province (East Orange, N.J., 1918), 161.— J. F. More, The history of Queens County, N.S. (Halifax, 1873 ; réimpr., Belleville, Ontario, 1972), 196–200.— « Half hours with our poets [...», Provincial : or Halifax Monthly Magazine, 1 (1852) : 83.— D. C. Harvey, « The centenary of John McPherson », Dalhousie Rev., 25 (1945–1946) : 343–353.— R. R. McL,eod, « Notes historical and otherwise of the Northern District of Queens County », N.S. Hist. Soc., Coll., 16 (1912) : 117.— « More of John McPherson », Provincial : or Halifax Monthly Magazine, 1 : 167–172.

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Thomas B. Vincent, « McPHERSON, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 6 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mcpherson_john_7F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
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