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MEARES, JOHN, trafiquant de fourrures marines et auteur, né vers 1756 ; décédé en 1809.
En 1771, John Meares entra dans la marine royale comme « serviteur du capitaine » à bord du Cruizer. Après avoir servi à bord de plusieurs petits navires, il passa son examen de lieutenant le 17 septembre 1778, moment où on le dit âgé de plus de 22 ans. Il fut promu lieutenant le lendemain. Il laissa entendre plus tard qu’il avait pris part à la guerre navale sur les lacs canadiens pendant la Révolution américaine, et on a affirmé qu’il « servit contre les Français aux Antilles ». En 1783, il passa à la marine marchande et fit voile vers les mers de l’Est.
Meares entreprit son premier voyage vers la côte nord-ouest de l’Amérique du Nord en 1786, à partir de Calcutta (Inde) ; il avait la charge de deux navires de traite, le Nootka, qu’il commandait, et le Sea Otter, aux ordres de William Tipping. Il est possible que Meares ait été le principal sociétaire de la Bengal Fur Company, firme qui organisa l’expédition ; il en était à tout le moins le guide et l’inspirateur. Il trafiqua dans les eaux de l’Alaska et hiverna dans le détroit du Prince-Guillaume, où 23 de ses hommes moururent du scorbut. En mai 1787, les capitaines Nathaniel Portlock et George Dixon* l’y trouvèrent, ses navires emprisonnés dans les glaces. Portlock et Dixon, qui trafiquaient pour une firme concurrente, la Richard Cadman Etches and Company (communément appelée la King George’s Sound Company), prétendirent que Meares était un intrus dans un trafic qu’ils déclarèrent leur appartenir exclusivement, par suite d’un accord avec l’East India Company et la South Sea Company. Ces deux sociétés détenaient conjointement le monopole du commerce britannique du cap de Bonne-Espérance au cap Horn, et elles avaient le pouvoir d’accorder des permis de commerce sur leur territoire. Effectivement fait prisonnier par Portlock et Dixon, Meares fut relâché à condition de faire voile directement pour Macao (près de Canton, république populaire de Chine) et de ne pas retourner à la côte nord-ouest. En fait, Meares reprit son trafic sur la côte et ne partit pour Macao qu’après avoir chargé une cargaison qui lui assurât une bonne vente. Dixon allégua plus tard que Meares s’était montré discourtois quand il avait accepté l’aide de ceux qui l’avaient secouru.
En janvier 1788, Meares appareilla de nouveau pour la côte nord-ouest ; il atteignit la baie de Nootka (Colombie-Britannique) en mai, à bord du Feliz Aventureira et accompagné de l’Efigenia Nubiana, commandé par William Douglas. N’ayant pas de permis de l’East India Company ni de la South Sea Company, Meares naviguait sous pavillon portugais, subterfuge qui lui permit de trafiquer librement à Macao (possession portugaise) et de payer des frais de douane moins élevés à Canton. Au cours de cette saison de traite avec les Indiens, selon ce qu’il affirma plus tard, il acheta une certaine superficie de terre dans la baie et obtint du chef nootka, Muquinna*, la promesse d’y traiter librement, à l’exclusion de tout autre. D’autres récits donnent des versions différentes, toutefois, et Muquinna lui-même nia plus tard l’existence de ces transactions, traitant Meares de menteur. En septembre, Meares mit à la voile pour Macao à bord du Feliz Aventureira, laissant l’Efigenia Nubiana et son navire annexe de 40 tonneaux, le schooner North West America – le premier navire de conception européenne à être construit sur la côte nord-ouest –, hiverner aux îles Sandwich (Hawaï).
À Canton, pendant l’hiver de 1788–1789, Meares et ses associés s’unirent à la King George’s Sound Company pour former une nouvelle compagnie, l’Associated Merchants Trading to the Northwest Coast of America. Pour représenter la nouvelle société, Meares envoya James Colnett, avec l’Argonaut et le Princess Royal, se joindre à l’Efigenia Nubiana et au North West America pour la traite sur la côte. Au début de 1789, un détachement espagnol fut envoyé, sous les ordres d’Esteban José Martínez*, avec mission d’établir un poste à la baie de Nootka, de manière à protéger les droits revendiqués par l’Espagne sur cette région. De la mi-mai à la mi-juillet, Martínez s’empara des quatre navires de l’Associated Merchants, en affirmant que les vaisseaux étrangers violaient les droits de l’Espagne relatifs au commerce et à la navigation sur la côte et dans les mers adjacentes. Dès qu’il apprit ces événements, Meares quitta la Chine pour l’Angleterre, où, le 30 avril 1790, il présenta au secrétaire d’État à l’Intérieur, William Wyndham Grenville, son mémoire sur la prise de navires britanniques, dans la baie de Nootka. Dans ce rapport, Meares exagéra sur deux points : la permanence de l’établissement britannique dans la baie et les pertes subies par l’Associated Merchants. Mais les sentiments antiespagnols s’intensifièrent et, au sommet de la crise de la baie de Nootka, le cabinet britannique annonça l’équipement d’une grande flotte. Sur cette menace, l’Espagne accepta les clauses qui se retrouvèrent par la suite dans la convention de Nootka du 28 octobre 1790 (révisée en 1793 et 1794), par lesquelles étaient reconnus les droits britanniques à la traite dans la baie de Nootka et à la navigation dans le Pacifique.
Le grand intérêt suscité par la traite des fourrures marines et la côte nord-ouest de l’Amérique du Nord amena Meares à publier, en 1790, ses prétentieux Voyages made in the years 1788 and 1789, from China to the north west coast of America [...], qui exagéraient les réalisations de l’auteur dans la découverte et le commerce, aux dépens des autres, et en particulier de Dixon, qui l’avait secouru au détroit du Prince-Guillaume, en 1787. Dixon répliqua la même année avec ses Remarks on the Voyages of John Meares, esq. [...], dans lesquelles il attaquait la véracité du récit que faisait Meares de ses exploits. Ce dernier fit une faible réponse, en 1791, dans An Answer to Mr. George Dixon [...] ; plus tard dans la même année, Charles Duncan* se joignit à Dixon pour discréditer, une fois pour toutes, les prétentions de Meares, dans un ouvrage intitulé Further remarks on the Voyages of John Meares, esq. [...].
John Meares se faisait facilement des ennemis. Le trafiquant yankee John Box Hoskins jugeait qu’il « s’était conduit d’une façon scandaleuse » à la baie de Nootka, en 1788, et « en rien comme un gentilhomme, qualité qu’il os[ait] prendre ». Robert Haswell, autre trafiquant de Boston, était persuadé de la duplicité de Meares et de sa « fausseté notoire ». À vrai dire, en ne respectant pas la vérité, en publiant des mensonges et en falsifiant des documents, Meares avait mérité le discrédit. Il ne semble pas avoir été réemployé dans la marine royale, peut-être à cause de sa réputation entachée. Il obtint de l’avancement sur le rôle de la marine royale et, par le jeu de l’ancienneté, fut promu commandant le 26 février 1795. On ne connaît presque rien de ses dernières années.
John Meares est l’auteur de An answer to Mr. George Dixon, late commander to the Queen Charlotte, in the service of Messrs. Etches and company : in which the remarks of Mr. Dixon on the Voyages to the north west coast of America, &c. lately published, are fully considered and refuted (Londres, 1791) ; Authentic copy of the memorial to the Right Honourable William Wyndham Grenville, one of His Majesty’s principal secretaries of state ; dated 30th April, 1790, and presented to the House of Commons, May 13, 1790 ; containing every particular respecting the capture of the vessels in Nootka Sound (Londres, [1790]) ; Voyages made in the years 1788 and 1789, from China to the north west coast of America [...], [William Combe, compil.] (Londres, 1790 ; réimpr., Amsterdam et New York, [1967]). Un portrait de Meares, d’après une œuvre de sir William Beechey, orne le frontispice de ce dernier ouvrage.
James Colnett, The journal of Captain James Colnett aboard the Argonaut from April 26, 1789, to Nov. 3, 1791, F. W. Howay, édit. (Toronto, 1940).— George Dixon, Remarks on the Voyages of John Meares, esq., in a letter to that gentleman (Londres, 1790) ; Further remarks on the Voyages of John Meares, esq. [...] (Londres, 1791).— The Dixon-Meares controversy [...], F. W. Howay, édit. (Toronto et New York, 1929 ; réimpr., Amsterdam et New York, 1969).— Voyages of the Columbia to the northwest coast, 1787–1790 and 1790–1793, F. W. Howay, édit. ([Boston], 1941 ; réimpr., Amsterdam et New York, [1969]).— DNB.— W. K. Lamb, « John Meares : fur trader, navigator, and controversialist », Polar Notes (Hanover, N.H.), no 2 (1960) : 18–23.
Barry Morton Gough, « MEARES, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 15 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/meares_john_5F.html.
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Auteur de l'article: | Barry Morton Gough |
Titre de l'article: | MEARES, JOHN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1983 |
Année de la révision: | 1983 |
Date de consultation: | 15 oct. 2024 |