Titre original :  Doctor Frank H. Mewburn. 1920s. Image courtesy of Glenbow Museum, Calgary, Alberta.

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MEWBURN, FRANK HAMILTON, chirurgien, homme politique, officier et professeur d’université, né le 5 mars 1858 à Drummondville (Niagara Falls, Ontario), dernier fils de Francis Clarke Mewburn et de Henrietta Tonge Shotter ; le 14 décembre 1887, il épousa à Lethbridge (Alberta) Louise Augusta Nelson, et ils eurent deux fils et une fille ; décédé le 29 janvier 1929 à Edmonton.

Frank Hamilton Mewburn représente la quatrième génération d’une dynastie médico-militaire qui en a compté six. Son arrière-grand-père Francis Mewburn commença son apprentissage d’apothicaire en 1765, exerça à Whitby dans le comté de Yorkshire, en Angleterre, et détint une commission d’officier dans les volontaires à l’époque de la menace d’invasion napoléonienne. Le fils de Francis, John, qui étudia la médecine à Londres et prit part à la guerre d’Espagne, immigra en 1832 dans le Haut-Canada, où il se porta volontaire pour participer à l’écrasement de la rébellion de 1837–1838. Francis Clarke, fils de John et père de Frank Hamilton, avait 15 ans au moment de l’arrivée de sa famille au pays. Autorisé à compter de 1838 à pratiquer la médecine, il servit durant deux ans dans le « coloured corps » du Niagara et, pendant les raids féniens en 1866, au sein du 44th (Welland) Battalion of Infantry. Le fils de Frank Hamilton, Frank Hastings Hamilton, chirurgien orthopédiste, servirait pendant la Première Guerre mondiale. Son petit-fils, Robert Hamilton, obligé d’interrompre ses études de médecine à cause de la Deuxième Guerre mondiale, deviendrait psychiatre. Sa mort en 1977 mit fin à une tradition familiale vieille de 212 ans.

Après avoir obtenu son doctorat en médecine du McGill College en 1881, Frank Hamilton Mewburn fut interne en chirurgie au Montreal General Hospital durant un an. En mars 1882, il accepta un internat en chirurgie à l’Hôpital Général de Winnipeg, ce qui, semble-t-il, l’amena à s’occuper de tous les aspects du fonctionnement de l’hôpital. Pendant les quatre années au cours desquelles il occupa ce poste, son tempérament irritable et son vocabulaire expressif provoquèrent bien quelques controverses, mais on appréciait son travail. À sa démission, on lui remit une montre et une chaîne en or. En mars 1885, dès la première salve de la rébellion du Nord-Ouest, une aile du bâtiment avait été transformée en hôpital militaire. C’est là que, sous l’autorité de James Kerr, Mewburn s’initia à la médecine militaire. Il reçut la médaille du Nord-Ouest canadien.

En décembre, Mewburn visita Lethbridge à l’invitation d’Elliott Torrance Galt, directeur de la North-Western Coal and Navigation Company Limited, et accepta de devenir le médecin de cette entreprise. À son arrivée au début de 1886, il fut aussi nommé à titre intérimaire chirurgien adjoint du détachement local de la Police à cheval du Nord-Ouest. Il deviendrait médecin chef à la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique au moment de la construction du tronçon de la passe du Nid-du-Corbeau. En 1899, en 1900 et en 1905, il fut maire de Lethbridge. Ce fut au cours de ses 27 ans dans cette ville qu’il se perfectionna et se fit connaître comme le principal chirurgien de l’Ouest. Les installations dont il disposait étaient des plus primitives, mais le rôle de chirurgien formé sur le tas lui convenait tout à fait. Il se tenait au courant de ce qui se publiait dans les périodiques médicaux. La première intervention à laquelle il procéda sur un patient autochtone – un membre de la nation des Gens-du-Sang à qui il enleva un goitre – établit sa réputation dans la population amérindienne. Après d’autres réussites du même genre, on lui reconnut une compétence particulière en chirurgie de la thyroïde. Il pratiqua sa première opération à l’abdomen en 1893 (le drainage d’un abcès résultant d’une perforation de l’appendice – le malade survécut) et sa première césarienne en 1903. Dès lors, rappelait le docteur Walter Stuart Galbraith, qui avait exercé à ses côtés, ses progrès en chirurgie furent « constants ». Mewburn était d’un naturel novateur et, sans être habile, il était minutieux et avait à cœur le bien de ses malades. D’après ceux qui le connaissaient, quiconque le consultait, riche ou pauvre, autochtone ou Européen, avait droit à des soins attentifs.

En 1913, Mewburn s’installa à Calgary, où il ne fit plus que de la chirurgie. Au début de la Première Guerre mondiale, il expédia un télégramme au ministre de la Milice et de la Défense, Samuel Hughes, pour lui offrir ses services. Celui-ci lui répondit, en le remerciant, que, hélas, il était trop vieux. Sydney Chilton Mewburn a raconté que son cousin répliqua par ces mots : « En réponse à votre câble – allez au diable ! J’y vais quand même. » Effectivement, Mewburn se rendit à Londres, à ses frais. Le 1er juillet 1915, il fut porté à l’effectif du Corps de santé de l’armée canadienne à titre de major et, en 1916, promu lieutenant-colonel. Affecté le 11 avril 1917 à la tête de la division de chirurgie au Duchess of Connaught’s Canadian Red Cross Hospital (par la suite l’Hôpital général canadien no 15) à Taplow, il tirerait, de cette expérience, la matière d’un article sur le traitement des lésions des nerfs périphériques qui paraîtrait en 1919. L’ordre de l’Empire britannique lui fut conféré en 1918.

Mewburn reprit la pratique de la chirurgie à Calgary en juin 1919, mais pour peu de temps. En 1921, il accepta d’inaugurer la chaire de chirurgie à la University of Alberta d’Edmonton. Jusque-là, les étudiants devaient aller faire leurs deux dernières années dans l’est du pays. Assurée par lui, l’organisation du département de chirurgie et de l’enseignement de cette matière, de même que la formation en médecine, permit à la faculté de décerner ses premiers diplômes en 1925. Mewburn reçut des doctorats honorifiques en droit de la McGill University en 1921 et de la University of Alberta l’année suivante. Par son magnétisme personnel et par les anecdotes sur son passé dont il agrémentait ses exposés hésitants, le Colonel (nom dont il ne décourageait pas l’emploi) conquit ses étudiants, qui le nommèrent président honoraire de leur Medical Club et Osler Society. Parmi ses activités professionnelles, il faut ajouter la fonction de deuxième vice-président de l’American College of Surgeons en 1927–1928. En janvier 1929, à l’âge de 70 ans, il contracta une pneumonie après avoir fait à pied, par très grand froid, le trajet de l’hôpital universitaire à son domicile. Il mourut trois jours plus tard et fut inhumé avec tous les honneurs militaires. La médaille Mewburn de chirurgie à la University of Alberta et le cairn érigé en 1937 sur le terrain du Galt Hospital à Lethbridge perpétuent sa mémoire.

Frank Hamilton Mewburn n’était pas d’une stature imposante (il mesurait cinq pieds six pouces et pesait 140 livres). On remarquait avant tout sa moustache à la gauloise ; elle lui donnait un air assez féroce, tempéré par ses yeux bleus pétillants. Bon nombre de ceux qui le connaissaient personnellement ne purent s’empêcher de noter pourquoi ils le respectaient et l’aimaient. Sa personnalité était riche en contrastes. Impatient, irascible et caustique devant ce qu’il considérait comme de la négligence ou de la stupidité, il pouvait aussi être charmant. Jamais on ne douta de son humanité ni de son dévouement envers ses malades, sa profession et la collectivité. Il est entré dans la légende de l’Ouest.

Robert A. Macbeth

Frank Hamilton Mewburn a écrit un article biographique sur son collègue et ami médecin de l’Ouest George Allan Kennedy*, qui a été publié sous le titre « The life and work of Dr. George A. Kennedy » dans Canadian Medical Assoc., Journal (Toronto), nouv. sér., 21 (juill.–déc. 1929) : 327–330. Son article intitulé « Observations on lesions of peripheral nerves ; with special reference to pre-operative and post-operative treatment » a paru dans Canada, Services médicaux du ministère du Rétablissement civil des soldats et du Bureau des commissaires des pensions pour le Canada, Medical Quarterly (Ottawa), 1 (1919) : 279–294.

AM, MG 10, B11, boîte 15.— Arch. privées, R. A. Macbeth (Toronto), copies de lettres de recommandation écrites en 1883 pour une demande d’emploi de Mewburn à Winnipeg ; Charity Mewburn (Qualicum Beach, C. B.), Papers and memorabilia ; R. M. Mewburn (Qualicum Beach), Papers and memorabilia.— BAC, RG 150, Acc. 1992–93/166, boîte 6145–70.— McMaster Univ., William Ready Div. of Arch. and Research Coll. (Hamilton, Ontario), EAC, Diocese of Niagara Arch., All Saints’ Anglican Church (Niagara Falls, Ontario), RBMS, 4 juin 1858.— Univ. of Alta Arch. (Edmonton), Board of governors, annual reports, 1921–1922 ; John James Ower, diaries, 1929.— Examiner (Charlottetown), 6 janv. 1888.— P. M. Campbell, « Frank Hamilton Mewburn », Calgary Associate Clinic, Hist. Bull., 15 (1950–1951) : 61–69.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1912).— William Canniff, The medical profession in Upper Canada, 1783–1850 [...] (Toronto, 1894 ; réimpr., 1980), 511–518.— F. S. Coulson, « The first surgeon in the west : Frank Hamilton Mewburn (1858–1929) », Calgary Associate Clinic, Hist. Bull., 10 (1945) : 120–125.— R. B. Deane, « Frank Hamilton Mewburn », Canadian Medical Assoc., Journal, nouv. sér., 20 (janv.–juin 1929) : 306–308.— Evergreen and Gold (Edmonton ?), [1921–1929] (exemplaires aux Univ. of Alta Arch.).— Joseph Hanaway et Richard Cruess, McGill medicine (1 vol. paru, Montréal et Kingston, Ontario, 1996– ), 129.— H. E. MacDermot, Sir Thomas Roddick : his work in medicine and public life (Toronto, 1938), 55.— N. T. McPhedran, Canadian medical schools : two centuries of medical history, 1822 to 1992 (Montréal, 1993), 141s.— H. E. Rawlinson, « Frank Hamilton Mewburn, o.b.e., m.d., c.m., ll.d., lt.-col., c.a.m.c., professor of surgery, University of Alberta, pioneer surgeon », Canadian Journal of Surgery (Toronto), 2 (1958–1959) : 1–5.— Standard dict. of Canadian biog. (Roberts et Tunnell), 1.— G. D. Stanley, « Medical pioneering in Alberta : unforgettable incidents in private practice », Calgary Associate Clinic, Hist. Bull., 10 : 147s.

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Robert A. Macbeth, « MEWBURN, FRANK HAMILTON », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 4 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mewburn_frank_hamilton_15F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
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