MIRISTOU (Mahigan Aticq Ouche, c’est-à-dire « loup », « cerf », « canot »), chef montagnais, mort en 1628.
Fils d’Anadabijou, avec qui Champlain s’était d’abord allié en 1603, Miristou reçut la dignité de chef en 1622 grâce au crédit de Champlain. Il avait protesté de sa grande amitié pour les Français et, après quelque temps, Champlain avait consenti à exercer son influence en sa faveur auprès de sa tribu si Miristou et ses 30 compagnons voulaient bien s’établir et cultiver la terre près de Québec. Miristou s’acquitta de sa promesse à la lettre et, bien qu’il y eût d’autres prétendants, Champlain le fit nommer chef. Champlain voulait ainsi établir près de Québec des groupes d’indigènes bien disposés sur lesquels il pourrait compter pour les entreprises d’exploration et le commerce des fourrures. Il désirait en outre amener les autres tribus à rechercher son aide pour l’élection de leurs chefs et à passer ainsi graduellement sous la domination des Français. Miristou changea alors son nom pour celui de Mahigan Aticq, ou de Mahigan Aticq Ouche, c’est-à-dire « cerf » et « loup », signifiant par là qu’il pouvait être également doux et cruel.
Afin de donner un cachet particulier à l’installation de Mahigan Aticq comme chef, Champlain lui présenta deux épées en lui expliquant qu’un chef qui les acceptait « s’engageait » à prendre les armes contre ceux qui voudraient nuire aux Français. Bien que Mahigan Aticq eût aidé à chasser les Iroquois lors d’une attaque lancée par ceux-ci sur la rivière Saint-Charles cette année-là, il ne fut jamais appelé à manifester sa loyauté. Mahigan Aticq se consacra plutôt à maintenir la paix avec les Iroquois. Il était le chef d’indigènes qui étaient vraiment las des guerres qui duraient depuis plus de 50 ans et qui ne demandaient qu’à chasser en paix dans des régions où ils n’avaient pu s’aventurer à cause de ces conflits. Au mois de juin 1622, on tint un conseil de paix avec des représentants iroquois dans la cabane de Mahigan. Les négociations avec l’ennemi se poursuivirent jusqu’en 1623. Pendant ces pourparlers, Mahigan consultait Champlain et s’en remettait à lui. En 1624, un conseil réunissant plus de nations que jamais, y compris les Iroquois, s’assembla à Trois-Rivières. Mahigan Aticq s’y rendit avec Champlain. La paix alors conclue dura trois ans.
Au début de 1627, cependant, la paix fut menacée par une requête des Hollandais et des Indiens de leur région, qui invitaient les Montagnais à se joindre à eux pour faire la guerre aux Loups (Mohicans). Une fois de plus Mahigan Aticq, désireux d’éviter la guerre, demanda conseil à Champlain qui s’entretint avec lui de cette affaire. Champlain dépêcha son propre beau-frère, Eustache Boullé, et Mahigan Aticq auprès des Indiens pour les dissuader de faire la guerre. Mais la paix ayant été rompue par l’intervention de « neuf ou dix jeunes impétueux », Mahigan Aticq et Champlain se rendirent encore une fois ensemble à un conseil où ils continuèrent de travailler à la réconciliation. Sur les conseils de Champlain, on dépêcha auprès des Iroquois des ambassadeurs, dont un Français, Pierre Magnan, mais ils furent massacrés dans un village iroquois, ce qui mit fin à tout espoir de rétablir la paix. Il semble bien que durant toute cette période Mahigan Aticq et Champlain aient compté l’un sur l’autre pour l’exercice de leur prestige et de leur influence tant sur les tribus amies que sur les ennemis.
Selon Sagard, Mahigan Aticq assassina deux Français, Dumoulin et Henri, le serviteur de Mme Hébert [V. Rollet], à Québec, au mois d’octobre 1627. C’est aussi la version que donne Le Clercq de ce crime. Toutefois, Champlain soupçonnait un autre Montagnais, qu’il fit mettre en état d’arrestation. Rien n’indique qu’il ait cru Mahigan Aticq coupable du crime, quoique, selon Sagard, Chomina lui ait déclaré que Mahigan Aticq était coupable. Sagard s’est peut-être mépris, car sa version du sort que connut subséquemment Mahigan Aticq est essentiellement la même que celle de Champlain au sujet de « son présumé assassin ». Champlain déclara qu’on lui fit part de la mort de Mahigan Aticq vers la fin d’avril 1628 et que le procès de l’Indien accusé du meurtre se continua jusqu’en mai. Ce n’est qu’au printemps de 1629, alors que la disette sévissait à Québec, que Champlain confia le prisonnier à la garde de Chomina et d’Erouachy.
Champlain, Œuvres (Biggar), passim.— Sagard, Histoire du Canada (Tross), II : 443, 515 ; III : 813–822, 855s.— Desrosiers, Iroquoisie, 76, 95s., 98.
Elsie McLeod Jury, « MIRISTOU (Mahigan Aticq Ouche) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 6 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/miristou_1F.html.
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Auteur de l'article: | Elsie McLeod Jury |
Titre de l'article: | MIRISTOU (Mahigan Aticq Ouche) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1966 |
Année de la révision: | 1986 |
Date de consultation: | 6 nov. 2024 |