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MOIR, WILLIAM CHURCH, homme d’affaires, né le 2 mai 1822 à Halifax, fils de Benjamin Moir et de Mary Isabella Church ; le 7 février 1852, il épousa à Sackville (Bedford, Nouvelle-Écosse) Maria Ward, et ils eurent quatre fils et deux filles ; décédé le 5 juillet 1886 dans sa ville natale.
À la mort de son père en 1845, William Church Moir hérita d’une boulangerie prospère située dans le centre de la ville ; il en fit une véritable usine et révolutionna ainsi un métier traditionnel de Halifax. D’importants contrats de vente de pain à la garnison militaire de Halifax et le déplacement de la boulangerie à un endroit plus approprié, rue Argyle, en 1862 contribuèrent à l’expansion de ses affaires. En 1863 et 1864, il adopta la technologie américaine et britannique de cuisson à la vapeur et, selon ses propres termes, « aménagea ses vastes installations en boulangerie à la vapeur, non seulement pour la fabrication du pain dur, des craquelins et autres produits, mais pour le mélange de la pâte de pain de mie à la machine ». En 1865, un représentant de la R. G. Dun and Company disait que Moir « gagnait de l’argent rapidement en agrandissant ses installations et en utilisant la vapeur ». L’année suivante, Moir s’associa à E. C. Twining pour former la Moir and Company, qui fut dissoute en 1871. Il continua cependant d’utiliser cette raison sociale jusqu’en 1891, année où la société devint officiellement la Moir, Son and Company.
L’industrialisation profita à Moir ; au cours des années 1870, il investit dans un audacieux programme de diversification industrielle pour la région de la rivière Nine Mile, à Bedford, qui comprenait des moulins à farine et à bois, une fabrique de boîtes de carton, ainsi que de vastes territoires forestiers et de nombreux biens fonciers. Vers 1873, avec son fils aîné, James William, il se tourna vers la production de bonbons ; vers la fin des années 1870, ce secteur d’activité avait acquis une place importante dans son entreprise. William Church Moir devait plus tard déclarer à une commission gouvernementale que la Politique nationale de 1879 favorisait davantage le secteur de la confiserie que ceux de la meunerie ou de la boulangerie. Comme ils avaient connu une expansion trop rapide, les Moir furent forcés, en 1881, de suspendre le paiement de leurs dettes. On céda l’entreprise à James R. Graham, conseiller municipal de Halifax et ancien directeur de l’installation de Bedford. La société survécut toutefois à ce revers et à de nombreux incendies, dont celui qui détruisit son usine de Halifax dix ans plus tard.
L’industrialisation donna aussi lieu à des conflits entre Moir et les compagnons boulangers de Halifax. En 1868, ces derniers firent la grève pour obtenir des augmentations de salaire et réduire le travail de nuit ; ils ne purent cependant influencer Moir, qui employa des briseurs de grève et tenta de s’assurer les services de soldats britanniques. En 1884, l’Amalgated Trades Union eut recours, en vain, à la manœuvre inusitée du boycottage à l’échelle de la province des produits de Moir, afin de protester contre la longueur des heures de travail dans l’usine de ce dernier. Même si le syndicat des boulangers réussit à obtenir une journée de travail de neuf heures en 1890, ce gain fut réduit à néant l’année suivante lorsque Moir congédia les employés syndiqués et les remplaça par des travailleurs plus dociles. Les conditions de travail dans l’usine furent portées à la connaissance du public grâce aux témoignages d’enfants et d’hommes estropiés ou surmenés devant la Commission royale d’enquête sur les relations du travail avec le capital au Canada, au moment de ses audiences à Halifax en 1888.
À son décès, William Church Moir était largement considéré comme l’un des hommes d’affaires les plus énergiques et entreprenants de Halifax. Les 265 employés de son usine produisaient 11 280 pains par jour et plus de 500 sortes d’articles de confiserie, vendus dans tout le pays. L’entreprise avait survécu à des conflits de travail, à des incendies et avait frôlé la faillite ; elle était devenue l’une des quelques industries des Maritimes capables de résister aux pressions qui amenèrent progressivement l’économie régionale sous la gouverne de capitaux en provenance du centre du Canada. La Moir, Son and Company avait tiré profit de l’incapacité des travailleurs de venir à bout de la surcharge chronique de travail dans l’industrie, de l’avantage naturel que constituaient les marchés locaux et celui de l’armée pour l’écoulement de ses produits périssables, et des généreuses réductions de taxes accordées par la ville de Halifax. Cependant, le dynamisme et la ténacité de son fondateur ne sont pas les moindres des causes de la survie de l’entreprise. Ses efforts obstinés en vue de se constituer un capital et de réaliser des profits évoquent à la fois les réalisations et les coûts du capitalisme industriel au Canada au xixe siècle.
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Ian McKay, « MOIR, WILLIAM CHURCH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 3 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/moir_william_church_12F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/moir_william_church_12F.html |
Auteur de l'article: | Ian McKay |
Titre de l'article: | MOIR, WILLIAM CHURCH |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 3 déc. 2024 |