MONTGOMERY, JOHN, tavernier, né probablement le 29 février 1788 à Gagetown, N.-B., fils d’Alexander Montgomery, décédé à Barrie, Ont., le 31 octobre 1879.

Les parents de John Montgomery quittèrent Stamford, dans le Connecticut, pour le Nouveau-Brunswick, après la guerre d’Indépendance et s’installèrent à York (Toronto), dans le Haut-Canada, aux environs de 1798. John fit partie d’un régiment de volontaires de York pendant la guerre de 1812, servit à la frontière, le long du Niagara, et prit part à la bataille de Queenstown.

Alexander Montgomery avait ouvert une taverne à York, peu après son arrivée dans cette ville et, en 1828, John tenait à York un établissement semblable, à l’enseigne du Bird in Hand. À la même époque, il géra une taverne rue Yonge près de Newton Brook (qui fait maintenant partie de la municipalité de North York). Vers 1830, il fit construire la taverne Montgomery, rue Yonge toujours, à quelques milles au nord de York.

Montgomery avait sympathisé avec les réformistes du Haut-Canada, peut-être dès 1824. En 1832, il fournit de l’aide à William Lyon Mackenzie* pour qu’il se rende en Angleterre présenter des pétitions au ministère des Colonies, et plus tard il fit partie des réformistes qui fondèrent la Bank of the People (il fut aussi commissaire des routes du comté de York et administrateur de la Mutual Insurance Company). En juillet 1837, à la veille de la rébellion dans le Haut-Canada, il signa, à la brasserie de John Doel, une déclaration des réformistes de Toronto et fit partie du comité de surveillance chargé de mettre à exécution les résolutions contenues dans celle-ci et qui visaient « à organiser efficacement les réformistes du Haut-Canada ». Il semble toutefois qu’il se soit querellé avec Mackenzie, dont il désapprouvait le projet de rébellion ouverte.

Le 3 décembre il apprit que sa taverne servirait de quartier général aux rebelles et on lui demanda de s’occuper du service de l’intendance. Or, Montgomery avait déjà, à l’époque, loué sa taverne à John Linfoot. Ce dernier devait en prendre possession le 1er février 1838 mais s’y était installé dès le 1er décembre. Tandis que les forces rebelles se groupaient, Montgomery continua à vivre dans l’une des pièces de la taverne et, selon certains témoignages, il se serait surtout occupé de déménager ses meubles à son nouveau logement. Bien qu’il semble n’avoir pris aucune part réelle aux activités des rebelles et malgré qu’il se soit querellé, semble-t-il, une fois avec Mackenzie à la taverne, sa conduite fut jugée équivoque lors de son procès.

Le 7 décembre 1837, les forces gouvernementales se rendirent à la taverne et y mirent le feu sur les ordres de Francis Bond Head. Montgomery fut arrêté et accusé de haute trahison. Il comparut devant John Beverley Robinson*, fut reconnu coupable et condamné à mort, mais sa peine fut commuée en une condamnation aux travaux forcés à perpétuité. Montgomery fut envoyé à Fort Henry ; il s’évada et put atteindre Rochester, dans l’état de New York, où il tint une épicerie et une pension de famille qui devint le rendez-vous des Patriotes canadiens. De nouveau, il se lia étroitement avec Mackenzie à Rochester et fut président d’une association de réfugiés canadiens.

Montgomery fut amnistié et revint à Toronto en 1843 où il fit construire une grande taverne, sur l’emplacement de l’ancienne rue Yonge et, par la suite, géra d’autres établissements semblables à Toronto même ; en 1858, il était propriétaire d’un « hôtel de tempérance », The Robinson House, où on ne vendait pas de boissons alcooliques. En 1871, il alla s’installer à Headford, dans le canton de Markham, où il fut maître de poste. Peu après son retour au Canada, Montgomery avait présenté la première d’une longue série de requêtes en vue d’obtenir une indemnité pour l’incendie de sa taverne en 1837. Il s’assura l’aide de Mackenzie, mais ce n’est qu’en 1873 que des mesures furent prises ; cette année-là, le gouvernement d’Olivier Mowat* réunit une commission d’enquête de l’Assemblée législative qui reconnut que les pertes de Montgomery s’élevaient à plus de $15 000 ; Montgomery se vit accorder $3 000.

Montgomery se maria trois fois, mais on connaît seulement le nom de Mary Wilmot, qu’il épousa en 1835. Il mourut en 1879 et sa troisième femme et six enfants lui survécurent. Il prétendait qu’au cours de son procès, lorsque Robinson lui avait demandé s’il avait quelque chose à ajouter, il avait affirmé avoir été condamné sur de faux témoignages, et qu’il avait ajouté : « Ces traîtres ne mourront pas de mort naturelle ; lorsque vous, monsieur, et vous messieurs les jurés, serez morts et en train de brûler dans les flammes de l’enfer, John Montgomery sera toujours bien vivant, rue Yonge. » Si cette prophétie fut réellement faite, elle se réalisa en partie, car deux hommes impliqués dans le procès se suicidèrent et Montgomery survécut au juge, aux jurés, aux témoins et aux plaignants.

Edwin C. Guillet

PAO, Mackenzie-Lindsey collection, coupures, no 305 ; Misc. 1959, E. A. Lacey, John Montgomery, a miscarriage of justice.— Globe (Toronto), 15 janv. 1876.— Picton Times, 29 janv. 1880.— Dent, Upper Canadian rebellion.— E. C. Guillet, The lives and times of the Patriots ; an account of the rebellion in Upper Canada, 1837–1838, and the Patriot agitation in the United States, 1837–1842 (Toronto, 1938) ; Pioneer inns and taverns (5 vol., Toronto, 1954–1962), I.— E. A. Lacey, The trials of John Montgomery, Ont. Hist., LII (1960) : 141–158.— Mrs O. B. Sheppard, Incidents in the life of John Montgomery during the rebellion of 183738, Annual Report of the York Pioneer and Hist. Soc., for 1926 (Toronto), 11–15.

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Edwin C. Guillet, « MONTGOMERY, JOHN (mort en 1879) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 7 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/montgomery_john_1879_10F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
Année de la révision:    1972
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