MOULTON, EBENEZER, ministre baptiste, né le 25 décembre 1709 à Windham, Connecticut, fils de Robert Moulton et de Hannah Grove ; il épousa la veuve de John Bound ; décédé en mars 1783 à South Brimfield (Wales, Massachusetts).

Après avoir été l’un des principaux responsables de la formation de la première congrégation baptiste de South Brimfield en 1736, Ebenezer Moulton fut ordonné ministre et nommé pasteur de cette congrégation le 4 novembre 1741. Comme il recevait peu d’aide financière de ses fidèles, il se lança dans des activités commerciales tout en exerçant son ministère. Afin d’échapper à ses créanciers, semble-t-il, il s’embarqua en 1761 pour la Nouvelle-Écosse où, s’étant fait prédicateur itinérant, il parcourait les villages de pêcheurs disséminés sur la côte sud de la colonie. Moulton œuvra principalement dans la région d’Yarmouth et il fut le premier pasteur qui prêcha aux colons préloyalistes de cet endroit. Ayant obtenu une concession de terre, il élut domicile au cap Fourchu. En 1761, il fut membre d’un comité chargé du lotissement des terres et de l’admission des colons dans le canton d’Yarmouth ; cette année-là, il reçut le mandat de faire prêter le serment d’office aux juges de paix. La conjoncture économique était si défavorable que Moulton ne pouvait s’attendre à une rémunération régulière pour ses fonctions de ministre ; il demeura dix ans prédicateur itinérant et il se rendit parfois aussi loin que Horton (dans l’actuelle région de Wolfville) et Cornwallis. Dans les années qui suivirent son arrivée, il était le plus éminent prédicateur de la région d’Yarmouth, et, même parmi les gens qui n’adhéraient pas à la foi baptiste, nombreux étaient ceux qui venaient entendre ses sermons et recouraient à lui pour la célébration d’un baptême ou d’un mariage.

Vers la fin des années 1760, toutefois, Moulton fut impliqué dans des disputes religieuses locales qui tournèrent à son désavantage. Il se trouvait dans une situation ambiguë. Presque tous les gens qui prenaient part aux activités religieuses, à Yarmouth, étaient des congrégationalistes New Light, et c’est par le caractère évangélique de sa prédication que Moulton s’attirait des sympathisants. En tant que baptiste, cependant, il était dans une position précaire, car les congrégationalistes, tout en subissant l’influence du Grand Réveil, ne voulaient pas se montrer infidèles envers leur Église. Cette situation dégénéra en un conflit qui l’opposa aux deux autres prédicateurs de la communauté, John Frost et Jonathan Scott*, lesquels devinrent tous deux ministres congrégationalistes. En 1769, lorsque Frost fut ordonné ministre par l’assemblée des fidèles de Chebogue, on ne sollicita ni l’aide ni les conseils de Moulton, bien qu’il fût le seul autre prédicateur de marque de la région. L’année suivante, Scott, qui avait remplacé Frost comme prédicateur congrégationaliste, refusa d’utiliser le même temple que Moulton. Un dimanche, avant l’ouverture de l’office, il critiqua publiquement Moulton et entraîna une grande partie des fidèles hors du temple, ne laissant au ministre baptiste qu’une poignée de gens à édifier par sa prédication. Si l’on songe que, au milieu des années 1760, Scott avait assisté de plein gré aux prêches de Moulton et qu’en 1768 il lui avait même demandé d’officier à son mariage, on peut constater le caractère âpre et personnel des querelles religieuses qui agitaient la communauté.

Au printemps de 1771, Moulton avait perdu la plupart de ses sympathisants et il cessa de prêcher. Après avoir exercé son ministère pendant une décennie dans la région d’Yarmouth, il n’avait plus de fidèles et plus de fonction. S’étant fait accorder, semble-t-il, un atermoiement par ses créanciers, il retourna à South Brimfield où il mourut 12 ans plus tard.

Gordon Stewart

PANS, MG 4, no 12 (registres de l’église de Jebogue à Yarmouth).— Isaac Backus, A history of New England with particular reference to the denomination of Christians called Baptists, David Weston, édit. (2e éd., 2 vol., Newton, Mass., 1871 ; réimpr., 2 vol. en 1, New York, 1969).— [Jonathan Scott], The life of Jonathan Scott, C. B. Fergusson, édit. (Halifax, 1960).— M. W. Armstrong, The Great Awakening in Nova Scotia, 1776–1809 (Hartford, Conn., 1948).— I. F. Mackinnon, Settlements and churches in Nova Scotia, 1749–1776 ([Montréal, 1930]).— Gordon Stewart et G. [A.] Rawlyk, A people highly favoured of God : the Nova Scotia Yankees and the American revolution (Toronto, 1972).— M. W. Armstrong, « Elder Moulton » and the Nova Scotia Baptists, Dal. Rev., XXIV (1944–1945) : 320–323.

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Gordon Stewart, « MOULTON, EBENEZER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 3 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/moulton_ebenezer_4F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
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