MOWAT, JOHN, soldat, marchand, fonctionnaire, juge de paix, homme politique et administrateur d’université, né le 12 mai 1791 à Mey, Écosse, fils d’Oliver Mowat, fermier à bail, et de Janet Bower ; le 16 juin 1819, il épousa à Montréal Helen Levack, et ils eurent trois fils, dont sir Oliver Mowat*, et deux filles ; décédé le 4 février 1860 à Kingston, Haut-Canada, et inhumé tout près, à Waterloo (Cataraqui).
Selon ce qu’on racontait dans la famille, John Mowat était destiné à devenir ministre, mais, à l’âge de 16 ans, il s’enrôla dans l’armée britannique. Bien que ses parents aient à deux reprises payé pour obtenir son licenciement, il s’engagea de nouveau en 1809 et participa avec son régiment, le 3e d’infanterie, à la guerre d’Espagne. En 1814, ce régiment fut envoyé au Canada, où il demeura jusqu’à la fin de la guerre de 1812 ; il prit part à la bataille de Plattsburgh, dans l’état de New York, le 11 septembre 1814. Lorsque le régiment quitta le Canada en juin 1815, Mowat, qui avait atteint le grade de sergent, obtint son congé de l’armée. Il s’essaya d’abord à la culture de la terre pris de Kingston, mais, en 1816, il alla se fixer dans la ville et devint marchand. Au milieu de l’année 1818, Mowat était en affaires avec Joseph Bruce ; il vendait des marchandises sèches, des articles d’épicerie, de la vaisselle et de la verrerie.
Après que l’association avec Bruce fut dissoute, le 21 mai 1822, Mowat acheta l’entreprise et agrandit le magasin. En 1841, il construisit un magasin plus grand, avec deux logements au-dessus, lequel faisait partie des édifices imposants à coins arrondis conçus par George Browne*. Trois ans plus tard, George, le deuxième de ses fils, devint son associé. Cependant, en 1849, ils vendirent le commerce et louèrent le magasin à John Carruthers. Âgé de 58 ans, Mowat allait pouvoir consacrer son temps à un grand nombre de nouvelles activités dans le domaine des affaires ; il fut, entre autres, membre des conseils d’administration de la Commercial Bank of the Midland District, de la Kingston Building Society, de la Mutual Fire Insurance Company of the Midland District, de la Kingston Waterworks, de la Kingston Gas Light Company, ainsi que du bureau de commerce et de l’institut des artisans. Il joua aussi un rôle de second plan dans les affaires municipales de Kingston. Élu commissaire de canton en 1836, il fut également juge de paix, membre d’un jury d’accusation et membre du bureau de santé de la ville. En 1846, il devint échevin et succéda à son ami de toujours, John Alexander Macdonald*, dont la participation à la politique provinciale devenait de plus en plus importante ; l’année suivante, cependant, Mowat allait être défait par une voix.
Nommé un des premiers conseillers presbytéraux de l’église presbytérienne St Andrew en 1822, Mowat fut un ardent défenseur des droits de l’Église d’Écosse. Durant les années 1825 et 1826, il appuya le ministre presbytérien John Barclay* dans le violent conflit qui opposa ce dernier à l’archidiacre anglican George Okill Stuart* au sujet des droits des presbytériens à être ensevelis dans le cimetière de Kingston selon les rites de leur Église. Même si ses opinions politiques rangeaient Mowat du côté des tories, il était opposé aux anglicans de tendance high church de ce parti, notamment sur les questions suivantes : le problème d’une Église établie dans le Haut-Canada, les réserves du clergé, la dotation des presbytères anglicans et la direction de l’université.
C’est cependant dans le domaine de l’éducation que la contribution de Mowat fut surtout remarquable. En 1829, peu satisfait de la Midland District Grammar School et de ses gestionnaires anglicans, il avait, avec d’autres Écossais de la région de Kingston, persuadé le révérend John Cruikshank d’ouvrir une école destinée à « l’enseignement classique et général ». (John Alexander Macdonald et Oliver Mowat y furent d’ailleurs étudiants.) L’intérêt manifesté par John Mowat pour l’enseignement supérieur portait en particulier sur les possibilités offertes aux presbytériens au Canada. Membre du groupe qui se réunit en 1837 et 1839 pour établir un collège à Kingston, il fit également partie de son premier conseil d’administration, qui tint une réunion à l’église St Andrew en mai 1840. Sous l’influence de Mowat, de William Morris et d’autres, le collège passa du stade de séminaire presbytérien, tel qu’on l’avait d’abord suggéré, à celui de véritable université sur le modèle des universités écossaises. Le nom de Mowat est inscrit dans la charte royale du Queen’s College et, parmi les premiers étudiants, en 1842, se trouvait son fils John Bower. Intimement lié aux affaires du collège pendant de nombreuses années, Mowat faisait partie d’un petit groupe de Kingston (dont le révérend John Machar*, Alexander Pringle et le révérend James Williamson*, professeur), sur qui reposait en grande partie la gestion des affaires courantes de l’établissement. En 1846, il fut nommé membre d’un comité chargé de la surveillance générale de l’hébergement des étudiants, et il s’occupa à maintes reprises de la location de propriétés au nom du collège. En compagnie d’Andrew Drummond, il négocia en 1853 l’achat de Summerhill, l’immense manoir de George Okill Stuart qui se trouve encore aujourd’hui sur le campus de la Queen’s University.
John Mowat entretenait avec ses fils des relations singulièrement intimes et familières. Les lettres qu’il leur envoyait lorsqu’ils étaient au loin pour leurs études sont pleines de chaleur et d’humour. Il laissa également à ses fils une latitude remarquable dans le choix de leur carrière. Peut-être se rappelait-il la sévérité de ses propres parents. Sa notice nécrologique fait état de son « honnêteté à toute épreuve », de sa générosité, de son dévouement envers les autres, et souligne que « son esprit ardent le poussait à se dépenser et à se donner entièrement à tout ce qu’il entreprenait ».
AO, RG 1, C-IV, Richmond Township, concession 11, lots 18–19 ; RG 22, sér. 159, John Mowat.— APC, RG 1, L3, 339a : M11/439 ; RG 8, I (C sér.), 55 : 6–7 ; 274 : 37–40 ; RG 9, I, B5, 5 : 18 ; 6 : 24 ; RG 68, General index, 1651–1841 : 497, 505.— GRO (Édimbourg), Canisbay, reg. of births and baptisms, 1791.— QUA, Angus Mowat papers, « Genealogy and story of the Mowat family », R. McG. Mowat, compil., 1928 ; John Mowat, letters ; Queen’s Univ., Board of Trustees, letters.— Chronicle and News, 27 mars 1849.— Daily British Whig, 6 févr. 1860.— Daily News (Kingston, Ontario), 7, 9 févr. 1860.— Kingston Herald, 23 avril 1844.— C. R. W. Biggar, Sir Oliver Mowat [...] a biographical sketch (2 vol., Toronto, 1905), 1 : 4–7, 98–102.— J. K. Johnson, « John A. Macdonald and the Kingston business community », To preserve & defend : essays on Kingston in the nineteenth century, G. [J. J.] Tulchinsky, édit. (Montréal et Londres, 1976), 141–155.— H.[M.] Neatby, Queen’s University : to strive, to seek, to find, and not to yield, F. W. Gibson et Roger Graham, édit. (1 vol. paru, Montréal, 1978- ), 1 : 5, 21, 28–29, 56, 67–70.— Margaret [Sharp] Angus, « The Mowats of Kingston », Historic Kingston, no 13 (1965) : 41–49, 90.
Margaret Sharp Angus, « MOWAT, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 9 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mowat_john_8F.html.
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Auteur de l'article: | Margaret Sharp Angus |
Titre de l'article: | MOWAT, JOHN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
Année de la révision: | 1985 |
Date de consultation: | 9 nov. 2024 |