MOWAT, THOMAS, homme d’affaires, fonctionnaire, juge de paix et officier de milice, né le 15 mai 1859 à Dee Side, comté de Bonaventure, Bas-Canada, troisième fils de John Mowat et d’Elizabeth Moores ; le 16 octobre 1888, il épousa à Petitcodiac, Nouveau-Brunswick, Bertha C. Herrett, et ils eurent une fille, Blanche ; décédé le 4 mars 1891 à New Westminster, Colombie-Britannique.

Après avoir suivi des cours particuliers, Thomas Mowat fréquenta l’école publique de Campbellton, au Nouveau-Brunswick, où il « reçut une solide formation dans les affaires ». Il commença ensuite à travailler dans le commerce du bois, comme son père, et en vint à s’intéresser au transport maritime. Il acquit aussi de l’expérience dans la pisciculture à l’établissement piscicole de la rivière Restigouche. Dans les années 1870 et 1880, cette rivière, à l’instar d’autres réseaux fluviaux de l’est du Canada, faisait l’objet d’importantes mesures de conservation. Le gouvernement fédéral, alarmé par la décroissance des remontes du saumon de l’Atlantique, cherchait à préserver et à grossir les réserves de poisson en construisant des établissements piscicoles.

Alexander Caulfield Anderson*, inspecteur fédéral des pêches pour la Colombie-Britannique, engagea Mowat en septembre 1883 à titre de responsable de la première piscifacture de saumon de cette province. Comme le saumon du Pacifique se faisait plus rare dans le fleuve Fraser au début des années 1880, en même temps que diminuaient les remontes du saumon chinook dans le fleuve Columbia, on commençait à craindre que l’industrie des conserves de la côte du Pacifique ne fasse une exploitation exagérée des ressources. Les exploitants de conserveries du fleuve Fraser [V. Alexander Ewen*] avaient persuadé les autorités fédérales de construire un établissement piscicole plutôt que de renforcer les règlements sur les pêcheries. Celui que l’on construisit sur le fleuve Fraser, en face de New Westminster, fut mis en service pour la saison de pêche de 1884. Deux ans plus tard, Mowat, dont la compétence était désormais largement reconnue, devint inspecteur des pêches et chef de la minuscule administration fédérale des pêcheries en Colombie-Britannique lorsque George Pittendrigh, successeur d’Anderson, fut destitué.

La période pendant laquelle Mowat exerça ses fonctions fut marquée par des tensions entre les autorités fédérales et les établissements de conserves de la Colombie-Britannique. La réglementation qu’Ottawa imposait aux pêcheries irritait les exploitants de conserveries. En 1888, sur la recommandation de Mowat, le département de la Marine et des Pêcheries proposa de limiter le nombre de permis pour la pêche sur le fleuve Fraser. Cette nouvelle politique contestée, mise en application au cours de la saison de pêche de 1889, favorisait les petits pêcheurs au détriment des conserveries. Une tempête de protestations s’ensuivit, au cours de laquelle on accusa Mowat et le surintendant fédéral de la pisciculture, Samuel Wilmot, également spécialiste des établissements piscicoles, d’ignorer les conditions locales : tous deux croyaient à tort que le saumon du Pacifique (genre Oncorhynchus) frayait plus d’une fois, comme le saumon de l’Atlantique (Salmo salar). Après la mort de Mowat, on devait renoncer à limiter le nombre de permis individuels, sur la recommandation d’une commission royale que le gouvernement fédéral avait créée en 1891 sous la présidence de Wilmot, sans toutefois abandonner la restriction des permis accordés aux conserveries. Cette décision allait modifier la situation des pêcheurs : la plupart d’entre eux, au lieu de rester à l’emploi des conserveries moyennant un salaire quotidien, allaient obtenir leur propre permis et chaque poisson leur serait payé. À partir de ce moment, les conditions étaient réunies pour que s’engage un conflit permanent entre pêcheurs et conserveries au sujet du prix du poisson.

Bien que de courte durée, la carrière professionnel- le de Thomas Mowat marqua une intégration plus étroite de la côte du Pacifique à l’administration fédérale des pêcheries après l’achèvement du chemin de fer transcontinental. Il fut le premier titulaire du poste à venir de l’extérieur de la province : on l’avait choisi surtout pour ses connaissances spécialisées. Comme bien d’autres habitants des Maritimes à l’époque, Mowat était parti pour la Colombie-Britannique afin d’y trouver de meilleures chances d’avancement mais, dans son cas, ce déplacement fut favorisé par sa formation et son milieu social. Une fois installé à New Westminster, il s’intégra rapidement à l’élite de l’endroit. De religion presbytérienne, il occupa des charges au sein de la St Andrew’s and Caledonian Society et de la loge maçonnique locale. Il devint également juge de paix et lieutenant dans la milice. Il s’était marié avec la fille d’un juge de paix de Petitcodiac, et le couple se fit construire une maison dans l’élégante rue Park Row. Peu de temps avant sa mort subite et prématurée causée par l’influenza, on le considérait, selon John Blaine Kerr, comme « l’un des hommes d’avenir de la province ».

H. Keith Ralston

En plus des sources citées ci-dessous, l’auteur a consulté, en 1972, la bible de la famille Herrett, qui se trouvait alors en possession de la fille du sujet, Mme Blanche Mowat Simpson, décédée en 1981. D’autres informations généalogiques nous ont été fournies en 1989 par Graham Mowat de Portland, Ontario, et Glen Mowat de Fredericton.  [h. k. r.]

Canada, Dép. de la Marine et des Pêcheries, Annual report (Ottawa), 1880–1885 ; Dép. des pêcheries, Annual report (Ottawa), 1886–1890 ; Parl., Doc. de la session, 1893, n° 10c.— Daily Columbian (New Westminster, C.-B.), 1885–1891.— Mainland Guardian (New Westminster), 1885–1889.— Kerr, Biog. dict. of British Columbians.

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H. Keith Ralston, « MOWAT, THOMAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 4 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mowat_thomas_12F.html.

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Auteur de l'article:    H. Keith Ralston
Titre de l'article:    MOWAT, THOMAS
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
Année de la révision:    1990
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