Titre original :  Tasaka Family Collection, NNM 2011.83.1.5

Provenance : Lien

O’Melia, Kathleen FANNY, dite sœur Mary of the Angels (1914) et sœur Mary Stella (1926), missionnaire laïque de l’Église d’Angleterre, enseignante, missionnaire laïque catholique et membre des Franciscaines de l’expiation, née le 28 décembre 1869 à Walpole St Andrew, Angleterre, cadette des filles de Frederick O’Melia, ministre de l’Église d’Angleterre, et d’Elizabeth Lowthian ; décédée le 5 septembre 1939 à Vancouver.

Kathleen Fanny O’Melia était toute jeune quand son père devint pasteur à North Stoke, dans le Somerset, où elle vécut la plus grande partie de son enfance. Elle reçut son éducation à la maison avec ses deux sœurs. À la fin des années 1880 et au début des années 1890, elle assista à des conférences hors faculté, passa des examens aux universités d’Oxford et de Cambridge, et obtint des certificats dans de nombreuses matières. Elle enseigna durant quelques années dans diverses régions de l’Angleterre, puis rentra chez elle pour s’occuper de ses parents âgés. La lecture de la vie des saints stimula son intérêt pour le catholicisme.

Mlle O’Melia perdit sa mère en 1899 et son père en 1901. Elle se sentit ensuite appelée à œuvrer dans les missions de Colombie-Britannique. En mars 1902, elle partit travailler à Vancouver dans la paroisse anglicane St James, où le St Luke’s Home, hôpital établi 14 ans plus tôt par Frances Dalrymple Redmond [Byron] et le révérend Henry Glynne Fiennes-Clinton, était devenu un centre d’activisme social. Elle se mit rapidement à enseigner l’anglais et à effectuer du travail social auprès des immigrants d’origine japonaise dans le quartier Little Tokyo, situé principalement autour de la rue Powell. Elle étudia le japonais et put bientôt le parler couramment. Avec l’aide de Fiennes-Clinton, pasteur de St James, et les dames auxiliaires de la paroisse, elle fonda une mission pour les Japonais. Quand Fiennes-Clinton célébrait les offices religieux de la Haute Église, Mlle O’Melia agissait à titre de traductrice. L’attitude de son groupe et de la Woman’s Missionary Society de l’Église méthodiste contrastait avec l’hostilité raciste qui sévissait dans la société britanno-colombienne de cette époque. En 1911, Mlle O’Melia et la congrégation de la mission avaient déjà recueilli assez de fonds pour acheter un bâtiment. Elles espéraient qu’on choisirait un Japonais converti comme ministre.

Après la mort de Fiennes-Clinton en janvier 1912, Mlle O’Melia découvrit qu’on avait placé l’hypothèque de l’édifice de la mission japonaise en fiducie au nom de ce dernier pour le synode de l’Église d’Angleterre. Les dirigeants du synode voulaient installer un Anglais à la tête de la mission. Un tel ministre ne partagerait vraisemblablement pas les croyances anglo-catholiques et les pratiques de la Haute Église de Mlle O’Melia. En août 1912, elle demanda donc à l’archevêque catholique Neil McNeil de l’accepter en tant que convertie. Il y consentit et s’arrangea pour qu’elle enseigne dans une école de garçons à New Westminster durant sa période de formation. En décembre, Mlle O’Melia était de retour rue Powell afin de fonder une mission catholique pour les Japonais, avec l’appui de l’archevêque. Secondée par quelques femmes bénévoles, elle donna des cours d’anglais et de catéchisme, et effectua du travail social pour aider les immigrants japonais à s’établir à Vancouver et accéder aux programmes de garde d’enfants et de soins de santé. Elle devint, en compagnie de deux de ses adjointes, membre du Tiers-Ordre de Saint-François, association de laïcs qui vivaient selon l’esprit des franciscains et portaient souvent le même habit. Mlle O’Melia prit le nom de sœur Mary of the Angels en 1914. L’archevêque McNeil trouva peu de prêtres à assigner à la mission, et son successeur, Timothy Casey, n’eut pas davantage de succès. Les oblats de Marie-Immaculée, notamment Julien-Augustin Bédard, y assurèrent les services religieux jusqu’à l’arrivée, en 1922, de franciscains de Montréal. Des prêtres qui parlaient japonais, en route vers l’Asie, y passèrent aussi du temps.

Pour garantir la pérennité de la mission, sœur Mary of the Angels demanda l’aide d’une congrégation religieuse. Les Franciscaines de l’expiation de Garrison, dans l’État de New York, elles-mêmes converties au catholicisme, acceptèrent en 1926 de l’accueillir dans leur communauté et d’envoyer des membres en Colombie-Britannique ; à Graymoor, noviciat sis à Garrison, sœur Mary of the Angels devint sœur Mary Stella. Elle retourna à Vancouver en 1928 pour enseigner l’anglais et aider la nouvelle supérieure de la mission à élargir les services en ajoutant un jardin d’enfants et une clinique médicale. En 1931, on fonda une nouvelle mission, cette fois à Steveston. L’année suivante, les deux missions accueillirent des frères envoyés des États-Unis par les Franciscains de l’expiation.

À la mort de sœur Mary Stella, en 1939, un de ses anciens élèves, Peter Baptist Katsuno, se préparait pour son ordination et pour son affectation à la mission. Depuis 1912, l’apostolat de la mission n’avait amené que quelques centaines de personnes à se convertir. L’endroit constituait néanmoins un centre d’éducation et de services primordial pour la communauté canado-japonaise, où sœur Mary Stella, connue sous le nom d’O’Melia San, jouissait d’une réputation légendaire.

L’Église catholique en Colombie-Britannique ne fit jamais « de tentatives significatives » pour « évangéliser les Asiatiques », selon l’historien Vincent Joseph McNally. Ce dernier affirma que, puisqu’on l’avait « confiée aux seuls soins de religieuses », la mission japonaise (tout comme la mission chinoise inaugurée en 1921 par les Sœurs missionnaires de l’Immaculée-Conception de Montréal) revêtait « peu d’importance ». Les efforts de Mlle O’Melia méritent une attention particulière. Malgré maints obstacles – société raciste, dirigeants religieux patriarcaux, concurrence de bouddhistes, de méthodistes et de membres d’autres religions, et manque de personnel et de fonds –, cette femme compta parmi les figures pionnières des missions anglicanes et catholiques au sein de la communauté japonaise à Vancouver. Les autorités catholiques lui apportèrent peu de soutien : l’archidiocèse de Vancouver se trouvait aux prises avec le partage difficile de sa hiérarchie avec celle des oblats, connaissait de sérieux problèmes financiers et avait besoin d’effectif ; les congrégations de femmes de la province, en majorité d’origine canadienne-française, avaient quant à elles leurs propres priorités. La réussite remarquable de Mlle O’Melia – fondation d’une mission grâce à laquelle des franciscains canadiens et américains vinrent aider l’archidiocèse – est à l’image de l’estime que portent toujours les Canado-Japonais à sœur Mary Stella, leur O’Melia San.

Jacqueline Gresko

Sous le nom de Sister Mary Stella, Kathleen Fanny O’Melia a écrit « The life and work of Sister Mary Stella O’Melia, (died September 5, 1939) (as written by herself under obedience in 1934) », Candle (Garrison, N.Y.), 17 (1940) ; 18 (1941) ; 19 (1942) ; 20 (1943).

Arch. of the Roman Catholic Archdiocese of Toronto, MN (McNeil papers), AH02.12., O’Melia to McNeil, 12 févr. 1913.— Roman Catholic Archdiocese of Vancouver Arch., « 1926–1976 : 50 years in British Columbia, Franciscan Sisters of the Atonement » ; Franciscan Sisters of Atonement (), corr. and reports ; St Paul’s Parish, corr., 1926.— Univ. of B.C. Library, Rare Books and Special Coll. (Vancouver), Japanese Canadian Hist. Preservation Committee fonds, Tape recordings – SP ser., SP 23 :13 (enregistrement d’une entrevue avec sœur Antoinette McDonough, 20 juin 1983).— Ken Adachi, The enemy that never was : a history of the Japanese Canadians (Toronto, 1976).— Father Boniface [H. J. Heidmeier], Pioneering in the west : memories of his life and experiences in the west with the Franciscans ([Vancouver], 1957).— Église anglicane du Canada, Diocese of New Westminster, Synod, Journal (Vancouver), 1909–1911 (rapport sur la mission japonaise ; exemplaires conservés aux Anglican Diocese of New Westminster Arch.).— Jacqueline Gresko, « O’Melia San and the Catholic Japanese mission, Vancouver, B.C. », SCHEC, Hist. Studies, 75 (2009) : 83–99 ; Traditions of faith and service : archdiocese of Vancouver, 1908–2008 (Vancouver, 2008).— Lyndon Grove, Pacific pilgrims (Vancouver, 1979).— Alphonsus Hoban, « The Society of the Atonement as a missionary society : the western Canadian experience », STA Heritage (s.l.), 1 (mai 1984), no 6 : 5.— C. L. James, « An opportunity for service : women of the Anglican mission to the Japanese in Canada, 1903–1957 » (mémoire de m.a., Univ. of B.C., Vancouver, 1990).— Norman Knowles, « A selective dependence : Vancouver’s Japanese community and Church of England missions, 1903–1942 », Canadian Church Hist. Soc., Journal (Toronto), 38 (1996) : 53–76.— J.-B. Lissarrague, « Avec les Japonais dans le far-west », Soc. des Missions étrangères, Annales (Paris), no 131 (janvier–février 1920) : 360–377 (accessible à gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9738311n).— V. J. McNally, The Lord’s distant vineyard : a history of the Oblates and the Catholic community in British Columbia (Edmonton, 2000).— F. A. Peake, The Anglican Church in British Columbia (Vancouver, 1959).— Deborah Rink, Spirited women : a history of Catholic sisters in British Columbia (Vancouver, 2000).— Roman Catholic Archdiocese of Vancouver, Monthly Bull. (Vancouver), juin, août 1920 ; septembre, novembre 1921.— P. E. Roy, « An ambiguous relationship : Anglicans and the Japanese in British Columbia, 1902–1949 », BC Studies (Vancouver), no 192 (hiver 2016–2017) : 105–124 ; The oriental question : consolidating a white man’s province, 1914–41 (Vancouver, 2003).— Toyo Takata, Nikkei legacy : the story of Japanese Canadians from settlement to today (Toronto, 1983).— Huguette Turcotte, « Hospitals for Chinese in Canada : Montreal (1918) and Vancouver (1921) », SCHEC, Hist. Studies, 70 (2004) : 131–142.— Mitsuo Yesaki, Sutebusuton : a Japanese village on the British Columbia coast (Vancouver, 2003).

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Jacqueline Gresko, « O’MELIA, KATHLEEN FANNY, dite sœur Mary of the Angels et sœur Mary Stella », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 6 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/o_melia_kathleen_fanny_16F.html.

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Auteur de l'article:    Jacqueline Gresko
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2022
Année de la révision:    2022
Date de consultation:    6 nov. 2024