OUNANGUISSÉ (Onanguisset, Onanguicé), Potéouatami profrançais de la rivière Saint-Joseph, vraisemblablement d’origine sauk, et chef important chez les tribus des Grands Lacs ; circa 1695–1716.

Ounanguissé était un des porte-parole les plus influents et les plus indépendants des alliés indiens du Nord-Ouest. Charlevoix* le décrit comme un « homme d’esprit, et qui parloit bien ». Les autorités de la colonie le considéraient comme un lien essentiel au maintien de leur influence sur les tribus des Grands Lacs. En 1695, il se présenta lui-même au gouverneur Buade* de Frontenac comme un allié de toujours et l’avertit, en privé, du caractère perfide des Renards et des Mascoutens, dont les porte-parole assistaient également à la réunion. Quelques jours plus tard, on apprit que les Iroquois se trouvaient près de Montréal. Ounanguissé et les autres Indiens de la région de la baie des Puants (Green Bay) rejoignirent alors Nicolas Daneau de Muy, et le détachement de 700 à 800 hommes ainsi formé se dirigea vers l’île Perrot. Après une semaine pendant laquelle l’ennemi ne donna aucun signe de vie, Ounanguissé et ses compagnons se lassèrent de cette campagne et retournèrent à Montréal. Frontenac lui reprocha d’avoir laissé l’armée alors qu’il était en service commandé, mais il remit des cadeaux aux Indiens et leur souhaita aimablement un bon voyage. En 1697, Ounanguissé eut la hardiesse de prévenir le gouverneur que, si les Français continuaient d’empêcher les traiteurs de venir dans les villages de son peuple, les Indiens ne viendraient plus jamais à Montréal pour parlementer ou apporter des fourrures. On ne pouvait prendre cette menace à la légère car, ainsi que le fit remarquer Le Roy de La Potherie, en raison des liens du sang et de son grand prestige, Ounanguissé aurait pu convaincre plusieurs tribus d’abandonner l’alliance contractée avec les Français.

En 1701, à la conférence de paix de Montréal, qui réunissait les Français, leurs alliés et les Iroquois, Ounanguissé représentait les Sauks et les Illinois ainsi que les Potéouatamis et, sur certaines questions majeures, il parla au nom de presque toutes les tribus des Grands Lacs. Comme il avait flairé avec juste raison que les Français comptaient énormément sur son influence, il appuya le chef renard Noro qui demandait au gouverneur de Callière de renvoyer Nicolas Perrot à la rivière Saint-Joseph, pour y assurer l’application des conditions du traité de paix. Il déconcerta une fois de plus les autorités françaises en décrivant avec véhémence aux autres chefs les graves difficultés qui pourraient se produire, advenant que les Iroquois, qui n’avaient pas amené leurs prisonniers, manquent à leur parole. À la signature officielle de la paix, il fut particulièrement impressionnant, car il s’était coiffé d’une tête de bison dont les cornes lui pendaient sur les oreilles.

En 1716, le gouverneur Rigaud de Vaudreuil reconnut qu’Ounanguissé avait commandé un détachement allié qui avait infligé plusieurs défaites à deux fortes bandes de Mascoutens et de Renards. Son fils, qui portait le même nom, fut aussi chef chez les Potéouatamis au moins jusqu’en 1747.

Donald J. Horton

AN, Col., C11A, 19, ff.42–42v.— Charlevoix, History (Shea), V : 69, 143s., 151s.— Indian tribes (Blair), II : 255.— La Potherie, Histoire (1722), III : 301s. ; IV : 53–57, 206–211, 212s., 224–226, 234, 245s., 249.— Michigan Pioneer Coll., XXXIII : 576.— NYCD (O’Callaghan et Fernow), IX : 620–623, 673, 723.— Wis. State Hist. Soc. Coll., XVI : 160–165, 168, XVII : 490–492.— Eccles, Frontenac, 328–333.

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Donald J. Horton, « OUNANGUISSÉ (Onanguisset, Onanguicé) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 9 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/ounanguisse_2F.html.

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Titre de l'article:    OUNANGUISSÉ (Onanguisset, Onanguicé)
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
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