PARMENIUS, STEPHANUS (en hongrois, István Paizs(os) ou Budai Parmenius István), érudit, voyageur, probablement le premier Hongrois qui ait visité l’Amérique du Nord, mort en 1583.

Il est né, nous dit-il, de parents chrétiens captifs des Turcs, c’est-à-dire dans le pashalik de Buda, après 1541, et il fut formé par des hommes instruits avant d’être envoyé, vers 1579, dans les diverses universités européennes pour y parfaire ses études. Lorsqu’il atteignit l’Angleterre, vers 1581, il se lia d’amitié avec Henry Unton, gentilhomme anglais qui fut par la suite ambassadeur en France ; Unton, qui avait peut-être visité la Hongrie, devint son protecteur. À Oxford, il logea à Christ Church avec Richard Hakluyt, le jeune, (qui nous dit, dans son « Discourse of western planting », qu’il a été « mon camarade de lit à Oxford »), et se lia d’amitié avec le président puritain de Magdalen College, le docteur Laurence Humfrey.

Parmenius était calviniste et probablement porteur de lettres de recommandation pour des coreligionnaires de Londres ; l’imprimeur et éditeur huguenot Thomas Vautrollier imprima à sa demande un court poème de caractère religieux, Paean [...] ad psalmum Davidis CIV(1582), accomgagné d’une dédicace à Henry Unton, écrite en vers. Il renoua ses relations étroites avec Hakluyt, qui préparait alors la publicité pour diverses expéditions de colonisation en Amérique, et fut présenté par celui-ci à Sir Humphrey Gilbert. Parmenius s’enthousiasma pour le voyage projeté par Gilbert au point de publier, en latin, un hommage à l’entreprise sous le titre : De navigatione illustris et magnanimi aurati Humfredi Gilberti, ad deducendam in novum orbem coloniam (London, 1582). Cet ouvrage encourageait les participants, mais leur fournissait très peu de renseignements concrets ; il montre, cependant, à quel point l’auteur maîtrisait le parallèle classique et avec quel soin Hakluyt l’avait mis au courant des réalisations maritimes de l’Angleterre. Hakluyt réimprima cet hommage en 1600 (Principal navigations, Ill : 137–143 ; la date mentionnée, celle du 31 mars 1583, prête à confusion). Déjà lié d’amitié avec Gilbert, Unton souscrivit peut-être à l’expédition, mais Parmenius décida d’y participer personnellement et de consigner ses observations par écrit.

Il quitta Plymouth à bord du Swallow, vaisseau dont il loua plus tard le capitaine, Maurice Browne ; il fit, selon ses dires, un beau voyage, et tous les membres de l’équipage étaient en bonne santé à leur arrivée à Saint-Jean (Terre-Neuve) le 3 août 1583. Edward Hayes nous dit, par ailleurs, que l’équipage du Swallow se composait surtout de pirates et que, manquant de vivres, ils attaquèrent et pillèrent un vaisseau français à Terre-Neuve, perdant deux de leurs propres hommes par négligence ; sa conduite valut à l’équipage d’être renvoyé de Saint-Jean en Angleterre par Gilbert, à bord de son navire. Parmenius tenta d’explorer un peu la contrée voisine de Saint-Jean et de pousser vers l’intérieur, mais les forêts jonchées de bois mort étaient impénétrables, Gilbert ayant refusé de brûler ce bois pour se frayer un passage.

Ce que Parmenius put apercevoir n’était pas prometteur – de hautes futaies de pins, une herbe riche, certaines terres, peut-être arables ; il ne savait trop quoi écrire. « Qu’est-ce que je puis dire [...] quand tout est à l’état on ne peut plus sauvage ? » écrivait-il à Hakluyt, entre autres (les autres lettres n’existent plus), le 6 août. Il ne manifesta d’enthousiasme que pour la pêche, et il est intéressant de comparer son attitude critique aux propos élogieux de Hayes au sujet de Terre-Neuve. Il aurait voulu parler des aborigènes, mais il n’en voyait pas et on ne lui signalait la présence d’aucun (ce qui montre que les Béothuks avaient complètement abandonné le Sud-Est de Terre-Neuve). Au sujet du climat, il signalait la chaleur bienfaisante – qui obligeait pourtant les pêcheurs à retourner chaque jour le poisson qui séchait sur les chafauds – ajoutant cependant qu’il avait entendu parler des hivers rigoureux et de la menace que constituaient, pour les pêcheurs, les banquises dérivantes du début de l’été. Le 5 août, il vit Gilbert accomplir la cérémonie de l’annexion de Saint-Jean avant de s’occuper d’exiger des provisions de tous les vaisseaux, tant anglais qu’étrangers. Sa lettre, écrite en latin, finit par atteindre Hakluyt ; il y exprimait le désir de partir vers des régions situées plus au sud, où la vie serait meilleure et plus abondante. (Hakluyt publia la lettre et sa traduction dans The principall navigations (1589), 697–699, et dans Principal navigations, III (1600) : 161–163.)

Parmenius s’embarqua sur le Delight — commandé par le capitaine Browne, qui avait changé de navire avec le capitaine William Winter —, lorsque ce vaisseau partit pour l’île de Sable et l’île du Cap-Breton. Le 29 août, le navire, s’étant aventuré sur des hauts fonds, échoua sur la côte par gros temps et se démembra rapidement. Parmenius n’était pas parmi les naufragés que Richard Clarke prit à bord de la pinasse du navire. Il se noya à l’île de Sable (ou, vraisemblablement, près de l’île du Cap-Breton). Edward Hayes rentia en Angleterre et expliqua que Parmenius « a participé à cette entreprise, tenant, en latin, un journal de tous les faits et gestes dignes de mention, à l’honneur de notre nation, et ce, dans le style éloquent de cet orateur et poète extraordinaire de notre époque ». Cette mort prématurée nous a privés d’un embryon de chronique de ce voyage et peut-être aussi d’un début de poème épique.

David B. Quinn

BM, copie des deux écrits de Parmenius.— Hakluyt, Discourse on western planting, dans Original writings (Taylor) ; Principal navigations (1903–05), VIII.— A[biel] H[olmes], Memoir and poem of Stephen Parmenius of Buda, Mass. Hist. Soc. Coll., 1st ser., IX (1804) : 49–74.— Voyages of Gilbert (Quinn).— C. S. Emden, Oriel papers (Oxford, 1948).— István Gál, Magyarország Anglia és Amerika (Budapest, [1945]).— W. G. Gosling, The life of Sir Humphrey Gilbert (London, 1911).— L. L. Kropf, Budai Parmenius, István, Századok, XXIII (1889) : 150–154.— Correspondance de l’auteur avec le Dr. György Pajkoss, bibliothèque nationale Széchényi, Budapest.

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David B. Quinn, « PARMENIUS, STEPHANUS (István Paizs(os), Budai Parmenius István) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/parmenius_stephanus_1F.html.

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Auteur de l'article:    David B. Quinn
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1966
Année de la révision:    1986
Date de consultation:    1 déc. 2024