Titre original :  Marc-Aurèle Plamondon 
[Vers 1890] 
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PLAMONDON, MARC-AURÈLE, avocat, journaliste, éditeur et juge, né le 16 octobre 1823 dans le quartier Saint-Roch, à Québec, fils de François-Pierre Plamondon et de Scholastique-Aimée Mondion ; le 27 novembre 1849, il épousa à Québec Mathilde L’Écuyer, et ils eurent six enfants ; décédé le 4 août 1900 à Arthabaskaville (Arthabaska, Québec).

L’ancêtre de la famille Plamondon, Philippe Plamondon, est originaire de l’évêché de Clermont, en Auvergne. Né en 1641, il épouse à Laprairie (La Prairie, Québec), le 23 avril 1680, Marguerite Clément, et il fait souche dans la région de Québec.

Marc-Aurèle Plamondon étudie au petit séminaire de Québec de 1833 à 1842. Il devient avocat le 21 octobre 1846, après avoir partagé son temps d’études entre le droit, la littérature et le journalisme. Dans les périodiques du temps, il publie des odes et des chansons, qui sont des chants patriotiques et romantiques. D’une valeur littéraire relative, ils véhiculent cependant les préoccupations de la génération qui vit les événements de 1837 et la répression qui les suit, avec l’union des deux Canadas. Ils témoignent aussi de la présence persistante de la France dans la vie intellectuelle du Canada français, par l’influence évidente de ses poètes romantiques.

Plamondon touche aussi au journalisme pendant ses études. En 1843, il est au Canadien de Québec, d’abord à titre de correcteur d’épreuves, puis de rédacteur de la page religieuse. Propriétaire, à Montréal, d’un journal politique radical l’Artisan, qui disparaît à la suite d’une condamnation de l’Église, il devient en 1844 rédacteur du Ménestrel, périodique littéraire, qui comporte aussi une partie musicale, et du quotidien Courier and Quebec Shipping Gazette. Rebaptisé le Courrier commercial/Commercial Courier en janvier 1845, ce journal s’adresse aux encanteurs et aux commerçants [V. Stanislas Drapeau]. Dans ses écrits, le jeune homme montre ses intérêts pour la littérature et la musique en plus de manifester des tendances libérales et démocratiques, qui s’affermiront avec le temps. Plamondon figure au nombre des fondateurs de l’Institut canadien de Montréal, en 1844, dont il devient le correspondant à Québec. Il est de plus le premier président de l’Institut canadien de Québec, qu’il fonde avec quelques amis quatre ans plus tard. Comme les Joseph Papin*, les deux frères Antoine-Aimé et Jean-Baptiste-Éric* Dorion, Joseph Doutre* et autres, avec qui il entretient une correspondance assidue, il dénonce certaines servitudes qui pèsent sur la société canadienne-française. Bref, Plamondon est de l’école de Louis-Joseph Papineau* et il a déjà gagné les rangs des « rouges » au moment de s’engager dans sa vie publique.

D’après les témoignages de ses contemporains, Plamondon excellera au prétoire. En fait, il a l’éloquence naturelle, la passion et l’éclat spirituel qui en feront un grand criminaliste. Son nom sera associé à plusieurs causes célèbres. « En a-t-il rendu des chenapans à la société ! », écrira le journaliste Louis-Honoré Fréchette*. Jugement lapidaire vite nuancé : « En revanche, il a sauvé bien des innocents [...] J’en sais qu’il a arraché au bourreau pour ainsi dire par les cheveux, malgré la preuve, malgré les juges et j’oserais dire – dans une circonstance au moins – malgré le jury. » Mais les débuts de Plamondon dans la profession sont lents. Comme la plupart des jeunes avocats, il doit penser à la politique, d’autant plus qu’il a des principes libéraux à défendre et à diffuser.

Entre 1855 et 1859, Plamondon est copropriétaire et corédacteur du National de Québec, avec Télesphore Fournier et Pierre-Gabriel Huot. Ce journal d’éducation politique se veut l’organe des idées libérales et le porte-voix des intérêts démocratiques. C’était « l’arsenal où l’on fournissait les armes pour la lutte », écrira le libéral Charles Langelier*. Le célèbre trio prend un malin plaisir à affronter tout ce qui est de droite. « C’est le « National » qui a fait libéral St-Roch et tout le district de Québec », écrira encore Langelier.

À deux reprises, en 1857, Plamondon tente de se faire une place en politique active, pour le siège de la cité de Québec. Ses batailles sont virulentes, mais il est défait. Il doit donc renoncer à la ligne de feu, mais non à la lutte politique. Il se glorifiera toujours d’être resté fidèle au drapeau en dépit de ses revers, déplorant que l’infidélité soit si fréquente dans les rangs libéraux.

Cette allégeance ferme au parti libéral vaut à Plamondon une fin de carrière honorable. En 1874, le premier ministre Alexander Mackenzie le nomme juge de la Cour supérieure, pour le district d’Arthabaska. La correspondance de Plamondon laisse croire que l’homme ne change guère en « montant sur le banc », même si sa position officielle le condamne à plus de discrétion. Dans sa « Cabane », nom pittoresque de son imposante maison d’Arthabaskaville, il est le voisin immédiat de Wilfrid Laurier*. La politique le rejoint avec le chef libéral et les Joseph Lavergne, Lawrence John Cannon, Jules-Adolphe Poisson, Médéric Poisson et autres qu’il convoque « aux causeries sans souci, dans la paix joyeuse ». La société d’Arthabaskaville est réputée pour sa passion politique autant que pour son goût des lettres et des arts. Plamondon s’y trouve donc à l’aise.

En 1897, Plamondon cède aux pressions de Laurier et résigne ses fonctions de juge en faveur de son gendre François-Xavier Lemieux*, qui vient d’être évincé du cabinet provincial. Plamondon règle ainsi les problèmes des deux premiers ministres libéraux nouvellement élus, Wilfrid Laurier à Ottawa et Félix-Gabriel Marchand à Québec. La présence au cabinet d’anciens libéraux radicaux comme Lemieux pourrait compromettre la paix politique que le parti libéral a mis à son programme et qui est à l’origine de ses récentes victoires électorales.

Marc-Aurèle Plamondon meurt trois ans plus tard, le 4 août 1900, à Arthabaskaville. Avec lui s’éteint l’un des tout derniers « Vieux Rouges » qui ont marqué l’histoire politique et sociale du Canada français au xixe siècle et qui ont résisté à l’avance du conservatisme, même en milieu libéral.

Andrée Désilets

AC, Arthabaska, État civil, Catholiques, Saint-Christophe (Arthabaska), 7 août 1900.— ANQ-Q, CE1-1, 27 nov. 1849.— Arch. privées, Andrée Désilets (Sherbrooke, Québec), Fonds M.-A. Plamondon et F.-X. Lemieux, corr., discours et coupures de journaux.— L.-M. Darveau, Nos hommes de lettres (Montréal, 1873).— J. Hamelin et al., la Presse québécoise, 1.— Le Jeune, Dictionnaire.— Le Répertoire national, ou Recueil de littérature canadienne, James Huston, compil. (4 vol., Montréal, 1848–1850).— P.-G. Roy, les Juges de la prov. de Québec.— L.-O. David, Au soir de la vie (Montréal, [1924]).— Andrée Désilets, « Une figure politique du 19e siècle, François-Xavier Lemieux » (thèse de d. e. s., univ. Laval, 1964).— « Feu l’hon. juge M. A. Plamondon », le Soleil, 6 août 1900 : 1, 3.

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Andrée Désilets, « PLAMONDON, MARC-AURÈLE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 9 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/plamondon_marc_aurele_12F.html.

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Auteur de l'article:    Andrée Désilets
Titre de l'article:    PLAMONDON, MARC-AURÈLE
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
Année de la révision:    1990
Date de consultation:    9 oct. 2024