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PLANTAVIT DE LAPAUSE DE MARGON, JEAN-GUILLAUME, officier, né le 14 août 1721 à Pézenas, France, fils d’Henri Plantavit de Lapause de Margon et de Grâce Maudon ; décédé célibataire le 9 mars 1804 dans sa ville natale.
Jean-Guillaume Plantavit de Lapause de Margon commence sa carrière militaire comme enseigne dans le régiment de Guyenne le 16 mai 1745. Il accède au rang de lieutenant le 14 août 1746. L’année suivante, il est nommé aide-major, puis promu en 1751 au grade de capitaine. Il arrive à Québec le 23 juin 1755 avec les troupes régulières commandées par Jean-Armand Dieskau*.
À l’été de 1756, Lapause prend part à l’expédition menée par Louis-Joseph de Montcalm* contre la base fortifiée de Chouaguen (ou Oswego ; aujourd’hui Oswego, New York). Selon son propre témoignage, Lapause remplit les fonctions de major général et de maréchal général des logis ; il a pour rôle d’aider à la mise en œuvre du siège de Chouaguen en reconnaissant les forts avec François-Charles de Bourlamaque* et les ingénieurs afin de décider de la meilleure stratégie d’attaque. Il est chargé également d’encadrer les Canadiens venus appuyer les troupes régulières, d’armer les barques, d’expédier l’artillerie et les vivres. À la suite de bombardements et d’un court siège de trois jours, les Britanniques capitulent le 14 août. Après la victoire, Lapause reçoit mission de rédiger les articles et conditions de la reddition et de régler le dispositif d’évacuation. Quelques jours après, Montcalm écrit à François de Lévis* : « Je ne saurois trop me louer de mes aides de camp, de Lapause, de Malartic [Anne-Joseph-Hippolyte de Maurès* de Malartic] ; j’eusse succombé à la besogne sans eux, et Lapause est un homme divin qui m’a bien soulagé. » En plus, Montcalm lui confie, par commission, la charge de major général de l’armée, et le trésor royal lui alloue une pension de 300#. Les tâches de Lapause seront essentiellement de deux types : d’une part, il veillera à l’organisation pratique de l’armée, c’est-à-dire qu’il décidera des rations, du ravitaillement, de l’inventaire des hommes, des armes, des munitions et de l’équipement de tout genre ; d’autre part, il accomplira des missions de reconnaissance.
En septembre 1756, Lapause se rend avec le régiment de Guyenne à Carillon (près de Ticonderoga, New York), où, conformément à ses fonctions, il examine avec attention la position du poste et fait plusieurs suggestions pour en améliorer la sécurité, comme celle de dresser des abattis considérables autour du fort pour éviter une attaque surprise des Indiens. Lapause séjourne jusqu’à la fin de l’année dans la région de Québec, où les troupes prennent leurs quartiers d’hiver. En mai de l’année suivante, le régiment de Guyenne est chargé d’aller travailler au fort Chambly. En juillet, ordre lui est donné de partir pour Carillon où Montcalm réunit ses troupes en vue d’assiéger le fort George (appelé aussi fort William Henry ; aujourd’hui Lake George, New York). Lapause fait le détail des troupes et de l’artillerie, puis donne aussi des avis sur les positions stratégiques, dont certains sont retenus par Montcalm et Lévis.
À la fin de juin 1759, Lapause est détaché à l’île aux Noix, sur le Richelieu, pour travailler à sa fortification. Ensuite, sur l’ordre de Montcalm, il se rend auprès de Lévis qui s’occupe de la défense des frontières du gouvernement de Montréal. En juillet, Lapause prend part à une mission de reconnaissance dans la région du lac Champlain. Le 9 août suivant, le gouverneur Vaudreuil [Rigaud*], à la suite de la chute du fort Niagara (près de Youngstown, New York) en juillet, l’envoie avec François-Marc-Antoine Le Mercier* et Lévis achever la construction du fort Lévis (à l’est de Prescott, Ontario), de façon à faire face à la menace d’invasion des Britanniques. En avril 1760, Lapause est envoyé par Lévis en mission de reconnaissance à la rivière Jacques-Cartier, près de Québec. Lorsque Vaudreuil envoie Lévis reprendre Québec, Lapause se voit confier la responsabilité de devancer l’armée, de préparer son arrivée et de prendre connaissance des positions ennemies. Lévis lui ordonne de ranger l’armée en bataille au fur et à mesure qu’elle arrive et de désigner plus particulièrement l’endroit où chaque bataillon sera placé, lourde responsabilité s’il en est.
Après l’échec de la tentative visant à reprendre Québec et la reddition de la Nouvelle-France, Lapause s’embarque sur le même bateau que Lévis, arrive à La Rochelle le 27 novembre 1760 et à Paris le 5 décembre suivant ; il reçoit cette année-là la croix de Saint-Louis. Durant son séjour au Canada, Lapause a écrit des mémoires où il donne son opinion concernant divers sujets, dont les causes de la disette de 1757. Il juge vulnérable la position de Québec et souhaite que la France continue de soutenir la colonie. Lapause a aussi rédigé un journal relatant ses aventures au pays, dans lequel il fait part de ses diverses missions et du déroulement des opérations de la guerre de Sept Ans.
Pour Lapause, il n’avait jamais été question d’un établissement permanent au Canada. Il était d’abord un militaire de carrière. Le 10 février 1761, Lapause obtient le grade de colonel d’infanterie et une gratification de 3 000# pour ses états de service au Canada. Lévis l’avait chaudement recommandé pour cette promotion et, avant lui, Montcalm avait fait de même avec la plus vive insistance. Ces deux hommes, tout comme André Doreil*, commissaire ordonnateur des guerres en Nouvelle-France, ont fait l’éloge de Lapause. Comme beaucoup d’officiers de valeur, bien que de petite noblesse et sans fortune, il dépendait des bonnes grâces de Sa Majesté. Lévis disait de lui : « Je crois qu’il est du bien du service de le mettre dans la route des premiers emplois et de ne pas le laisser inutile, étant propre à tout ce qu’on voudra l’employer. Il a l’expérience, les talents et la naissance pour mériter un régiment, mais non les moyens pour l’acheter. » En avril 1761, il est réformé à la suite de son régiment. Brigadier en 1770, il reçoit une pension de 1 000# de l’ordre de Saint-Louis. Il semble avoir terminé sa carrière dans des fonctions d’organisateur, puisque c’est en tant qu’aide-maréchal général des logis qu’il est affecté en 1780 à Saint-Omer, en France, pour être employé aux travaux du canal.
Quelques années plus tard, Jean-Guillaume Plantavit de Lapause de Margon aurait obtenu le titre de comte et le grade de maréchal de camp. Il se retire alors sur ses terres, partageant son temps entre sa propriété de Beaume et sa maison de Pézenas, où il meurt le 9 mars 1804.
Les ANQ Rapports ont publié les manuscrits de Jean-Guillaume Plantavit de Lapause de Margon : « les « Mémoires » du chevalier de La Pause », 1932–1933 : 305–397 ; « Mémoire et Observations sur mon voyage au Canada », 1931–1932 : 3–46 ; « les « Papiers » La Pause », 1933–1934 : 65–231. Arch. municipales, Pézenas, France, État civil, Pézenas, 14 août 1721.— AD, Hérault (Montpellier), État civil, Pézenas, 9 mars 1804.— [L.-A.] de Bougainville, « Le journal de M. de Bougainville », A.[-E.] Gosselin, édit., ANQ Rapport, 1923–1924.— Coll. des manuscrits de Lévis (Casgrain), 1–7 ; 10–12.— [André] Doreil, « Lettres de Doreil » , Antoine Roy, édit., ANQ Rapport, 1944–1945.— « Mémoire du Canada », ANQ Rapport, 1924–1925.— Thomas Chapais, Le marquis de Montcalm (1712–1759) (Québec, 1911).
Jeannine Pozzo-Laurent, « PLANTAVIT DE LAPAUSE DE MARGON, JEAN-GUILLAUME », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 4 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/plantavit_de_lapause_de_margon_jean_guillaume_5F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/plantavit_de_lapause_de_margon_jean_guillaume_5F.html |
Auteur de l'article: | Jeannine Pozzo-Laurent |
Titre de l'article: | PLANTAVIT DE LAPAUSE DE MARGON, JEAN-GUILLAUME |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1983 |
Année de la révision: | 1983 |
Date de consultation: | 4 déc. 2024 |