PORTER, CHARLES, ministre de l’Église d’Angleterre et éducateur, né en 1779 ou 1780 à Manchester, Angleterre, fils aîné de Thomas Porter, calandreur de futaine ; il épousa, en 1808, Eleanor Wallace, fille de Michael Wallace*, trésorier de la Nouvelle-Écosse, et ils eurent quatre fils et quatre filles ; décédé le 25 novembre 1864, à Exeter, Angleterre.
Charles Porter fit ses études classiques à la Manchester Grammar School et, à partir de 1799, étudia au Brasenose College d’Oxford où il obtint un baccalauréat ès arts en 1803, une maîtrise ès arts en 1805, un baccalauréat en théologie en juin 1815 et, finalement, un doctorat en théologie en juin 1816. Il fut répétiteur à l’université et, en novembre 1805, il fut nommé vice-principal de St Alban Hall, vieille résidence universitaire d’Oxford. Il fut ordonné diacre à Lincoln, en juin 1806.
En 1789, la législature de la Nouvelle-Écosse avait adopté une loi pour la fondation à Windsor, Nouvelle-Écosse, d’un collège qui devait porter le nom de King’s College et dont le président devrait être un ministre de l’Église établie, c’est-à-dire de l’Église d’Angleterre. N’ayant trouvé personne en Angleterre pour occuper ce posté, le conseil d’administration choisit comme président, en 1790, William Cochran*, diplômé du Trinity College de Dublin et depuis peu principal de la Halifax Grammar School. En 1802, une charte royale institua un conseil d’administration chargé de l’élaboration des statuts du collège, autorisa le collège à délivrer des diplômes et le plaça sous la protection de l’archevêque de Cantorbéry, l’évêque de la Nouvelle-Écosse agissant comme visiteur. Les statuts adoptés en 1803 stipulaient que le président devait être un diplômé d’Oxford, de Cambridge ou de King’s College même. Cochran fut donc destitué du poste de président. Le premier président, après la mise en vigueur de la charte, fut le révérend Thomas Cox, docteur en théologie de Worcester College, Oxford, dont la candidature avait été proposée par l’archevêque John Moore, alors protecteur du collège. Cox arriva en Nouvelle-Écosse en 1804 mais il mourut l’année suivante, en octobre.
En septembre 1806, le nouvel archevêque, Charles Manners-Sutton, choisit Porter pour succéder à Cox, sur les recommandations du principal du Brasenose College. Malgré les conseils de ses amis, Porter accepta le poste, fut ordonné prêtre par l’archevêque en mars 1807 et arriva en Nouvelle-Écosse au mois de juillet suivant. Cochran, qui avait occupé le poste de président de manière presque ininterrompue depuis 1790, se retrouvait sous les ordres d’un homme sans expérience, deux fois plus jeune que lui. Porter devint professeur de théologie, d’hébreu et de mathématiques, tandis que Cochran continua à enseigner la grammaire, la rhétorique et la logique. On peut penser qu’ils se partageaient aussi les cours de grec et de latin. Dans une lettre à l’archevêque, écrite en janvier 1808, l’évêque de la Nouvelle-Écosse, Charles Inglis*, qui avait, dans le passé, soutenu la candidature de Cochran au poste de président, disait, en parlant de Porter, qu’ « il sembl[ait] un jeune homme modeste, sensé et digne d’estime ».
En novembre 1814, Porter prit un congé de six mois en Angleterre, muni d’une lettre de recommandation du conseil. En juillet 1815, avant son retour, il écrivit à lord Bathurst, ministre des Colonies, pour lui parler du sacrifice qu’il avait fait en allant en Nouvelle-Écosse et des privations dont il avait souffert, et lui suggérer l’octroi d’une « prime » aux personnes occupant d’importants postes de responsabilité à l’étranger.
Les relations entre Porter et Cochran, qui n’avaient probablement pas été des plus faciles jusque-là, s’envenimèrent encore plus lorsque Porter revint en Nouvelle-Écosse sans avoir obtenu satisfaction. Après avoir présidé la réunion annuelle des administrateurs à Windsor en septembre 1817, le lieutenant-gouverneur, lord Dalhousie [Ramsay*], nota dans son journal qu’à cause « de la guerre ouverte et violente entre les deux hommes [...] les débats n’étaient généralement qu’une suite de plaintes et de récriminations extrêmement déplacées et déplaisantes ». Il décrit Porter comme « un homme sévère, très strict sur la discipline et ayant plutôt mauvais caractère », tandis que Cochran apparaît comme une personne douce, affable, très appréciée des étudiants. Mais Dalhousie oubliait peut-être que Porter était tenu d’habiter les bâtiments délabrés du collège et était donc plus directement touché par le respect de la discipline, alors que, de son côté, Cochran disposait d’une maison en ville.
En 1818, Porter devint rector de Newport, paroisse de mission de la Society for the Propagation of the Gospel, située à 14 milles de Windsor ; il conserva ces fonctions jusqu’en 1836, au détriment de sa santé. En novembre 1825, Porter se rendit en Angleterre pour cause de maladie, cette fois encore avec une lettre de recommandation. Il demanda au sous-ministre des Colonies, Robert John Wilmot-Horton, une pension, alléguant sa mauvaise santé, conséquence de 18 années de durs services, ainsi qu’un bénéfice en Angleterre. Ces deux demandes furent refusées et il dut, une fois de plus, se résigner à regagner la Nouvelle-Écosse.
Après son retour, le relâchement de la discipline, qui alla jusqu’à provoquer l’intervention sévère du visiteur, l’évêque John Inglis*, constitua une rude épreuve pour Porter et Cochran. Puis, en juillet 1831, les problèmes financiers de l’établissement s’aggravèrent sérieusement. Cherchant à réduire le fardeau financier que les colonies représentaient pour la métropole, le gouvernement britannique fit part de son intention de réduire de moitié la subvention annuelle de £1 000 accordée jusque-là au collège et, en mars 1832, il décida que cette subvention disparaîtrait complètement après l’année scolaire de 1833–1834. De plus, afin de réaliser d’autres économies, ce même gouvernement exerçait des pressions en vue d’une fusion du collège et de Dalhousie College, établissement non confessionnel dont on prévoyait la création à Halifax. Les administrateurs de King’s College autorisèrent Porter à se rendre en Angleterre défendre lui-même les intérêts du collège. Se rendant compte sur place que toute demande au nom du collège resterait sans réponse, il estima qu’ « il ne lui restait plus qu’à s’occuper de ses propres intérêts ». En juin 1834, il revint en Nouvelle-Écosse où il apprit par la suite qu’il recevrait, à partir du 1er avril 1835, une pension du gouvernement britannique. À la fin de mars 1836, il démissionna de son poste de président, cette démission devant prendre effet le 1er octobre ; les administrateurs choisirent pour lui succéder le révérend George McCawley*, qui avait étudié au collège du temps de Porter.
En juin 1837, Porter envoya en Angleterre un certificat médical déclarant qu’il souffrait d’une maladie chronique du larynx et de la trachée-artère le frappant d’incapacité ; ce certificat était accompagné d’une recommandation de l’évêque Inglis demandant qu’une pension lui soit versée pour les services rendus à la paroisse de Newport. Cette pension supplémentaire fut accordée par la Trésorerie en septembre 1837.
Au début de ce mois, Porter et une partie de sa famille quittèrent le port de Halifax pour Liverpool ; il allait passer en Angleterre une retraite apparemment inactive. Peut-être pour des raisons de santé, il s’établit d’abord dans le village d’Alphington, aux environs d’Exeter, puis par la suite à Exeter même où il mourut.
PANS, MG 1, 479–480 (copie des registres de lettres et des journaux de l’évêque Charles Inglis).— PRO, CO 217/97 ; 217/145, pp.547s. ; 217/146, pp.857–859 ; 217/155, pp.915, 953, 957, 961–965 ; 217/164, pp.249–254.— University of King’s College (Halifax), Board of Governors, minute books.— The admission register of the Manchester School with some notices of the more distinguished scholars, J. F. Smith, édit. (4 vol., Manchester, Angl., 1866–1874), II.— Brasenose College register, 1509–1909 (Oxford, 1909).— T. B. Akins, A brief account of the origin, endowment, and progress of the University of King’s College, Windsor, Nova Scotia (Halifax, 1865).— H. Y. Hind, The University of King’s College, Windsor, Nova Scotia, 1790–1890 (New York, 1890).— F. W. Vroom, King’s College : a chronicle, 1789–1939, collections and recollections (Halifax, 1941).
C. P. Wright, « PORTER, CHARLES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 5 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/porter_charles_9F.html.
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Auteur de l'article: | C. P. Wright |
Titre de l'article: | PORTER, CHARLES |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1977 |
Année de la révision: | 1977 |
Date de consultation: | 5 déc. 2024 |