PORTER, CHARLES HENRY, musicien, éducateur, compositeur et agent d’assurances, né le 1er février 1856 à Naugatuck, Connecticut, fils de Charles Henry Porter et d’Isabelle Carter ; le 20 juillet 1887, il épousa à Halifax Louisa Maria Wylde, puis en secondes noces, Elizabeth Chamberlain ; décédé le 27 septembre 1929 à New Haven, Connecticut.

Charles Henry Porter participa à la vie musicale de Halifax dès 1877. En janvier de cette année-là, les trois premiers concerts donnés à la nouvelle Academy of Music présentèrent la Halifax Musical Union, chorale de 150 voix que Porter dirigeait. Dans l’ensemble, ces concerts furent bien accueillis, mais certains critiques furent étonnés de l’habitude de Porter de marquer le tempo avec ses pieds. « S’il voulait seulement garder les pieds immobiles [...], écrivit le critique du Citizen. Il ne sait peut-être pas combien c’est désagréable pour l’auditoire d’entendre [ce] tapement de pied inutile. »

De 1881 à 1883 et de 1888 à 1906, Porter fut organiste et chef de chœur à l’église presbytérienne St Matthew à Halifax. Dans l’intervalle, il alla étudier la musique à Leipzig (Allemagne) avec Carl Reinecke et Salomon Jadassohn. Son travail à l’église St Matthew satisfit grandement le conseil presbytéral et le conseil d’administration, qui firent l’éloge, dans les années 1890, de sa conduite compétente de « la psalmodie religieuse » et soulignèrent que, « sous sa direction efficace », le chœur avait pris une grande expansion et les services musicaux s’étaient beaucoup améliorés. En 1882, Porter avait fondé l’Orpheus Club, chorale d’hommes sous sa direction, et vers 1890, comme pianiste, il forma le Leipzig Trio avec le violoniste Heinrich Klingenfeld et le violoncelliste Ernst Doering. Son frère Samuel l’avait précédé à Halifax, et ils firent des carrières semblables. Samuel était altiste dans le Haydn Quintette Club et organiste et chef de chœur à l’église anglicane St Paul. Les deux enseignaient aussi la musique.

C’est surtout en tant qu’éducateur que Porter apporta ce que beaucoup considèrent comme sa contribution la plus marquante à la vie musicale de Halifax, soit son travail comme premier directeur du Halifax Conservatory of Music. Fondé en 1887 conjointement avec le Halifax Ladies’ College, le conservatoire comptait 240 étudiants en 1890. En plus de son poste de directeur, Porter y enseignait le piano et la théorie, et y donnerait des cours de composition. En 1898, le conservatoire s’affilia à la Dalhousie University, par l’entremise de laquelle il accorda des licences en musique. Porter fut parmi ceux que Dalhousie nomma cette année-là au jury d’examen pour ce diplôme (lui et Frederick Herbert Torrington*, de Toronto, furent chargés des examens de théorie). Dès l’année suivante, le jury fut apparemment considéré comme inutile ; la réussite d’une série de cours au conservatoire suffisait pour que les étudiants reçoivent le diplôme. Le travail de Porter était tenu en haute estime par ses contemporains, dont l’un dit de lui qu’il remplissait les fonctions de directeur « avec un succès absolu [...] combinant son talent musical avec une aptitude pour les affaires, [chose] rarement vue chez un musicien. Il pouvait à juste titre être appelé l’un des Pères de la musique à Halifax, poursuivait-il, car c’[était] grâce à son enseignement patient et compétent si Halifax [pouvait] se vanter de compter autant d’artistes locaux dans les domaines du piano et de l’orgue. »

Les compositions musicales de Porter aussi lui valurent du respect. Selon l’historien de la musique Helmut Kallmann, il était un « compositeur de [haut] rang », dont les pièces pour piano étaient « réputées suggérer Chopin et être d’une grande difficulté ». Ses œuvres, dont certaines peuvent avoir été composées à Leipzig, comprennent une sonate pour violon, op.1, (Kistner, 1886), Serenade (G. Schirmer, 1887 ; paroles de Charles George Douglas Roberts*), Te Deum en do (G. Schirmer, 1891), une symphonie, des motets dont Sing unto the Lord, qui fut présenté souvent à l’église St Matthew, et des arrangements de chansons comme Milkmaid’s song (paroles de lord Tennyson). Certaines de ses compositions furent présentées à des récitals donnés par le conservatoire.

En 1900, Porter donna sa démission comme directeur du conservatoire pour devenir directeur pour les Maritimes de l’Equitable Life Assurance Society of the United States. Il continua toutefois à faire de la musique à l’église St Matthew, ainsi qu’avec le Leipzig Trio et l’Orpheus Club. En 1903, il fut chef d’orchestre adjoint pour la participation de Halifax au Cycle of Musical Festivals of the Dominion of Canada, organisé par Charles Albert Edwin Harriss et présenté sous la baguette de sir Alexander Campbell Mackenzie. Trois ans plus tard, Porter quitta Halifax et s’installa à New Haven, où il fut directeur de la succursale de l’Equitable Life au Connecticut.

On ne sait pas si Charles Henry Porter s’intéressa à la vie musicale de New Haven. Il y mourut d’une crise cardiaque en 1929 et fut enterré au cimetière de Stratford, au Connecticut. Sa première femme, Louisa Maria Wylde, était morte en 1888 après avoir accouché d’un fils mort-né. Comme Porter, elle était pianiste – « une des plus brillantes [...] de la ville », selon le Morning Herald de Halifax – et elle avait étudié un certain temps en Allemagne. La seconde femme de Porter, Elizabeth Chamberlain, lui survécut.

Nancy F. Vogan

Conn. State Dept. of Health, Bureau of vital statistics (New Haven), Medical certificate of death, 28 sept. 1929.— Evening Mail (Halifax), 30 sept. 1929.— Halifax Herald, 30 sept. 1929.— Morning Herald (Halifax), 2 juin 1888.— New Haven Evening Register, 28 sept., 4 oct. 1929.— Annuaire, New Haven, 1908–1929.— R. C. Buley, The Equitable Life Assurance Society of the United States, 1859–1964 (2 vol., New York, 1967).— Conservatory Journal (Halifax), 1 (1937), nº 2.— Dalhousie Univ. and College, Calendar (Halifax), 1898/1899, 1899/1900.— Encyclopédie de la musique au Canada (Kallmann et al.).— J. P. Green et N. F. Vogan, Music education in Canada : a historical account (Toronto, 1991).— Halifax Ladies’ College and Conservatory of Music, Calendar 1888/1889–1900/1901.— Helmut Kallmann, A history of music in Canada, 1534–1914 (Toronto et Londres, 1960).— Looking backward over two centuries : a short history of St. Matthew’s United Church, Halifax, N.S., from the founding of the city to the bicentenary year (Halifax, 1949).— Musical Halifax (Halifax), 1903/1904.— John Rousmaniere, The life and times of the Equitable (New York, 1995).— St. Matthew’s Church, Halifax, Nova Scotia : 225th anniversary celebration, November 17–24, 1974 [...], M. L. Perry et J. W. Reid, compil. (Halifax, 1974).— Elizabeth Townsend et al., A sentinel on the street : St. Matthew’s United Church, Halifax, 1749–1999 (Halifax, 1999).

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Nancy F. Vogan, « PORTER, CHARLES HENRY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 13 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/porter_charles_henry_15F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
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