RENAUD, dit Cannard, PIERRE, maître maçon et entrepreneur, baptisé à Saint-Charles-de-Charlesbourg (Charlesbourg, Québec) le 3 octobre 1699, fils de Michel Renaud, dit Cannard, et de Marie-Renée Réaume, inhumé le 15 juin 1774 dans la même paroisse.
Pierre Renaud, dit Cannard, appartient à la seconde génération de maçons formés en Nouvelle-France qui se distinguèrent de leurs prédécesseurs par leur faculté d’adapter leur technique aux ressources et au climat du pays. Au xviiie siècle, l’industrie de la construction n’était pas des plus florissantes à Québec et les grands entrepreneurs ne pouvaient pas y être très nombreux. C’est à cette époque, où l’érection des bâtiments civils et conventuels d’importance était terminée, qu’œuvrèrent Renaud, dit Cannard, Jean-Baptiste Boucher, dit Belleville, Jacques Deguise, dit Flamand, et Girard-Guillaume Deguise*, dit Flamand.
Renaud commença sa carrière d’entrepreneur de bâtiments après son mariage avec Marie Gariépy, le 21 février 1729, à L’Ange-Gardien. Son œuvre la plus connue et la plus intéressante est la seconde église de Cap-Santé, un des temples les plus imposants de la Nouvelle-France. Immense structure de pierre flanquée de deux tours, elle fut commencée en 1754. Il semble que les plans de l’église aient été dessinés par Jean-Baptiste Maillou*, dit Desmoulins, le maître supposé de Renaud, dit Cannard. Les dimensions et le faste de cette église proviennent d’une certaine rivalité qui existait, à cette époque, entre les paroisses. Au début de 1763, la construction de l’église n’était pas encore tout à fait terminée et, le 17 mai, Renaud, dit Cannard, acceptait que le curé de la paroisse, Joseph Fillion, fasse achever son église par qui bon lui semblerait. En effet, les ouvriers de la construction avaient été distraits de leur chantier par la guerre de la Conquête qui avait nécessité, entre autres choses, la construction du fort Jacques-Cartier, à l’embouchure de la rivière du même nom. Au moment où ils reprirent le travail, il semble que le prix de la toise de maçonnerie avait grimpé et que Renaud, dit Cannard, n’ait pas été intéressé à poursuivre la construction aux conditions stipulées lors de la signature du contrat.
Dans le domaine de l’architecture domestique, l’œuvre majeure de Renaud, dit Cannard, est certainement la maison bâtie, en 1752, pour le marchand Jean-Baptiste Chevalier près des chantiers navals de la ville de Québec. Construite en pierre, elle comportait deux étages et s’ouvrait, à l’origine, sur la rue du Cul-de-Sac. Elle est aujourd’hui réunie aux deux maisons voisines, et l’ensemble est connu sous le nom de maison Chevalier. Le maçonnage de ce bâtiment fut fait à raison de « Vingt cinq Livres La Toise courante, et en outre deux chapeaux, pardessus Le marché ».
Les activités de Renaud, dit Cannard, après la Conquête restent inconnues. Aucun contrat de maçonnerie n’a encore été relevé, ce qui ne signifie pas cependant qu’il n’en existe pas sous seing privé. À sa mort, en 1774, l’entrepreneur laissait à ses héritiers trois terrains dans la ville de Québec, où il avait habité quelques années, en plus de ses terres au Gros-Pin (Charlesbourg, Québec) sur lesquelles n’était érigée qu’une maison de bois de 25 pieds sur 18 allongée d’un deuxième corps de bâtiment de 20 pieds sur 12. Sous le Régime français, les maîtres maçons ne pouvaient pas tous s’offrir le luxe de maisons de maçonnerie.
ANQ-Q, État civil, Catholiques, Saint-Charles-Borromée (Charlesbourg), 15 juin 1774 ; Greffe de Gilbert Boucault de Godefus, 20 mars 1752 ; Greffe d’André Genest, 18 juill. 1774 ; Greffe de Joseph Jacob, 15 févr. 1729.— Archives paroissiales, Saint-Charles-Borromée (Charlesbourg), Registre des baptêmes, mariages et sépultures, 3 oct. 1699.— IBC, Centre de documentation, Fonds Morisset, Dossier Pierre Renaud, dit Cannard.— Tanguay, Dictionnaire, VI : 515, 542.— F.-X. Gatien et al., Histoire du Cap-Santé (Québec, 1955), 64s.— Gowans, Church architecture in New France, 87s., 154 ; Looking at architecture in Canada (Toronto, 1958), 51s.— Raymonde Landry Gauthier, L’architecture civile et conventuelle à Québec, 1680–1726 (thèse de m.a., université Laval, 1976).— Gérard Morisset, Le Cap-Santé, ses églises et son trésor (Québec, 1944), 22s.— Jean Bruchési, De la maison Soulard à l’hôtel Chevalier, Cahiers des Dix, 20 (1955) : 91 s.
Raymonde Gauthier, « RENAUD, dit Cannard, PIERRE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 3 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/renaud_pierre_4F.html.
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Auteur de l'article: | Raymonde Gauthier |
Titre de l'article: | RENAUD, dit Cannard, PIERRE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1980 |
Année de la révision: | 1980 |
Date de consultation: | 3 déc. 2024 |