Titre original :  Photograph George Richard Renfrew, Montreal, QC, 1862 William Notman (1826-1891) 1862, 19th century Silver salts on paper mounted on paper - Albumen process 8.5 x 5.6 cm Purchase from Associated Screen News Ltd. I-3434.1 © McCord Museum Keywords:  male (26812) , Photograph (77678) , portrait (53878)

Provenance : Lien

RENFREW, GEORGE RICHARD, homme d’affaires, né le 9 février 1831 à Québec, fils de Thomas Renfrew, épicier, et de Mary Ann Jane Henderson ; le 27 mars 1855, il épousa au même endroit Eliza Jane Tweddle, et ils eurent trois garçons et trois filles ; décédé le 4 septembre 1897 à Shipley, Angleterre.

George Richard Renfrew devient en 1852 l’associé de John Henderson, homme d’affaires de Montréal qui avait entrepris ses activités de chapelier et de fourreur à Québec vers 1843 ; il s’était alors joint à son frère William Simpson, sous la raison sociale de W. S. Henderson and Company, pour exploiter un commerce rue Buade. Lorsque William Simpson se retire des affaires en 1852, John, alors le seul bailleur de fonds de l’entreprise, s’associe à Renfrew et à V. H. Marcou. Dix ans plus tard, en mars, la firme devient la Henderson, Renfrew and Company. En prévision de sa retraite, Henderson cède progressivement ses intérêts à Renfrew et à Marcou. Entre 1864 et 1867, ses associés deviennent les principaux actionnaires sous une nouvelle raison sociale, la Renfrew and Marcou. En 1871, avec un capital fixe évalué à 100 000 $ et une production de 300 000 $, l’entreprise emploie 65 personnes ; elle déclasse ainsi ses plus proches concurrents, tel Jean-Baptiste Laliberté. Entre 1875 et 1878, Marcou se retire des affaires et l’entreprise prend le nom de George Richard Renfrew and Company. Le principal associé de Renfrew est alors son cousin, John Henderson Holt, que l’on avait engagé à titre de commis en 1867.

En juillet 1876, la fortune personnelle de Renfrew est estimée à 184 000 $ et il a investi 80 000 $ dans son commerce. Son portefeuille financier est très diversifié. Il possède 22 000 $ en actions de la Banque de Montréal et 11 500 $ de la Banque de Stadacona. Il détient également 5 000 $ d’actions dans la fabrique de meubles de William Drum. Il a aussi investi dans le secteur des transports, notamment dans la Compagnie des steamers de Québec et des ports du golfe et dans la Québec and Levis Ferry Company, puis dans le secteur des services publics par le biais, entre autres, de la Compagnie de télégraphe de Montréal, et enfin dans l’industrie, comme en témoignent ses 18 000 $ d’actions de la Pullman Palace Car Company.

Durant les années 1880 et la décennie qui suit, Renfrew effectue de nouveaux placements. Il s’intéresse particulièrement au secteur du textile et en 1881 il participe à la formation de la Canada Worsted Company, filature de coton et de laine. En 1883, il contribue au capital souscrit d’une filature de laine, la Riverside Worsted Company, et devient membre du conseil d’administration en 1886, année où la manufacture prend le nom de Québec Worsted Company ; elle sera détruite par le feu en 1891. Enfin, il détient à son décès 15 actions de la Compagnie des filatures de coton de Montmorency, usine de textile construite sur l’emplacement de l’ancien moulin à scier de George Benson Hall* à Beauport.

Les placements de Renfrew dans le secteur des services publics constituent une partie importante de son portefeuille d’actions. En effet, à son décès il possède 400 actions de la Compagnie de gaz de Montréal, 155 de la Sherbrooke Gas and Water Company, 131 de la Compagnie de pouvoir électrique de Montmorency, 82 de la Québec and Levis Ferry Company, 44 de la Compagnie des steamers de Québec (l’ancienne Compagnie des steamers de Québec et des ports du golfe) et 21 de la Compagnie de gaz de Québec. D’autres valeurs acquises dans le secteur bancaire et celui des assurances complètent son portefeuille : 346 actions de la Banque de Québec, 25 de la Caisse d’économie de Notre-Dame de Québec et 150 de la Compagnie d’assurance de Québec contre les accidents du feu.

Renfrew spécule également sur les prêts personnels. Par exemple, entre 1879 et 1888, il prête 11 900 $ à des particuliers. Cette activité s’accroît au cours des dernières années de sa vie : de 1890 à 1897, il avance 62 300 $ à différentes personnes dont Ernest Pacaud* et Charles-Antoine-Ernest Gagnon*.

Quant à la George Richard Renfrew and Company, elle amorce une croissance fulgurante au début des années 1880. Évaluées entre 75 000 $ et 100 000 $ en 1878, les ressources financières de la compagnie atteignent 400 000 $ à 500 000 $ en 1893. Plusieurs éléments expliquent cette croissance. L’entreprise a intégré ses activités de production et de distribution, et elle a la maîtrise tant des sources d’approvisionnement en peaux que de la vente en gros et au détail de ses produits. Ainsi Renfrew se procure des fourrures dans plusieurs pays, dont la Russie, mais il en achète aussi directement des trappeurs et des chasseurs du Labrador et de la Côte-Nord. La réussite de Renfrew tient surtout aux supports promotionnels qu’il a mis au point ainsi qu’aux débouchés dont il s’est assuré. Il a présenté ses collections de fourrures à différentes expositions, en particulier celle de 1886 à Londres, et il est devenu cette année-là le fournisseur attitré de la famille royale. En même temps, il a trouvé un marché beaucoup plus vaste pour ses produits qu’il peut écouler non seulement dans la métropole et au Canada mais aux États-Unis. Cette croissance entraîne l’agrandissement de sa boutique et l’ouverture, en 1889, d’un magasin à Toronto, sans doute pour consolider la position de l’entreprise sur les marchés canadien et américain. Bien que la conjoncture des années 1890 soit difficile, l’entreprise demeure en excellente santé financière ; en 1896, ses ressources financières sont évaluées entre 400 000 $ et 500 000 $. Ce n’est qu’après le décès de Renfrew que la firme enregistrera une diminution de son actif qui, en 1899, ne se situera plus qu’entre 250 000 $ et 300 000 $.

À sa mort, Renfrew laisse une véritable fortune, si l’on en croit un entrefilet de la Semaine commerciale qui l’évalue à 1,25 million de dollars. Cependant, tous les journaux ne souscrivent pas à cette estimation : selon l’Événement, la valeur de la succession se situe à près de 600 000 $, tandis que le Monetary Times l’établit à seulement 300 000 $. Outre les valeurs mobilières déjà décrites, Renfrew laisse à sa famille quelque 30 700 $ dans des comptes à la Banque de Québec et à la Caisse d’économie de Notre-Dame de Québec. Il cède également différentes propriétés dont sa boutique, une résidence rue Sainte-Anne acquise en 1895, une ferme dans le canton de Markham, en Ontario, et quelques terrains au Manitoba. Il lègue aussi 30 000 $ à chacun de ses six enfants ainsi que des sommes importantes à des œuvres et des établissements de bienfaisance anglo-québécois.

Le fils de George Richard Renfrew, Allan Edmund, et John Henderson Holt prennent la direction de la George Richard Renfrew and Company peu après le décès du fondateur. Ils investissent 300 000 $. Holt est directeur général et Allan Edmund Renfrew, directeur de la succursale torontoise. En 1900, la firme devient la Holt, Renfrew and Company. Durant les années 1900, elle compte quatre ateliers de confection situés à Québec, Montréal, Toronto et Winnipeg. À lui seul, le siège social occupe une surface de 65 000 pieds carrés et emploie 200 personnes. La main-d’œuvre totale est estimée à plus de 500 travailleurs. L’entreprise continue d’importer directement de Russie et d’Allemagne une certaine quantité de fourrures, mais elle privilégie l’approvisionnement local que lui assurent sa ferme d’élevage de renards argentés aux environs de Québec ainsi que les trappeurs et les chasseurs de la Côte-Nord. Son marché est international : de prestigieuses boutiques représentent la compagnie à Londres. Elle est également très populaire à Québec où elle a aménagé, pour le bénéfice du public, un zoo au parc de la chute Montmorency. En 1908, au moment de sa reconnaissance juridique par le gouvernement fédéral, son capital autorisé est porté à un million de dollars. À cette occasion, John Henderson Holt devient président et Allan Edmund Renfrew, vice-président.

Jean Benoit

AC, Québec, Minutiers, William Bignell, 27 sept. 1843, 23 sept. 1868, 10 janv. 1876, 14 févr. 1878, 21 mai 1879, 27 oct. 1880, 31 janv., 27 déc. 1884, 12 févr. 1886 ; E. G. Meredith, 26 janv. 1888, 17 févr. 1892, 7 févr. 1895, 24, 29 sept. 1897, 28 févr. 1898, 21 mars 1899 ; L.-P. Sirois, 7 oct. 1890, 2 oct. 1891, 9 mars, 18 août 1892, 5 janv., 17 août 1893, 10 janv., 6 mars, 17 déc. 1894, 24 janv., 8–9 mai, 1er août 1895, 5 juin, 3 juill. 1896, 11 févr. 1897.— AN, RG 31, C1, 1871, Québec.— ANQ-Q, CE1-68, 27 mars 1831, 27 mars 1855.— Baker Library, R. G. Dun & Co. credit ledger, Canada, 8 : 3, 262.— Holt, Renfrew and Co. Arch. (Québec), « Holt Renfrew milestones ».— Holt, Renfrew and Co. Arch. (Toronto), « Register of events (1886–1901) ».— Bradstreet Commercial Report, John Bradstreet, édit. (New York), 1864 ; 1867 ; 1875 ; 1878 ; 1883 ; 1885 ; 1887 ; 1889 ; 1891 ; 1893 ; 1896 ; 1899.— L’Électeur, 13–14 févr. 1891.— L’Événement, 21 oct. 1897.— Monetary Times, 10 sept. 1897, 26 août 1898, 9 mars 1900.— La Semaine commerciale (Québec), 10 sept., 22 oct. 1897.— Jean Benoit, « le Développement des mécanismes de crédit et la Croissance économique d’une communauté d’affaires ; les marchands et les industriels de la ville de Québec au xixe siècle » (thèse de ph.d., univ. Laval, 1986).— The book of Montreal, a souvenir of Canada’s commercial metropolis (Montréal, 1903).— Québec, Canada (Québec, [1911]).— The storied province of Quebec ; past and present, William Wood et al., édit. (5 vol., Toronto, 1931–1932), 3 : 6.— A1 Palmer, « Holt Renfrew encompasses old and new with Place Ville Marie branch », Gazette (Montréal), 26 oct. 1962 : 22.

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Jean Benoit, « RENFREW, GEORGE RICHARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 7 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/renfrew_george_richard_12F.html.

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Auteur de l'article:    Jean Benoit
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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
Année de la révision:    1990
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