RIEUTORD, JEAN-BAPTISTE, médecin, né vers 1733 à Gramont, France, fils de Jacques Rieutord et de Françoise Deray ; le 11 novembre 1760, il épousa à Baie-Saint-Paul (Québec) Pélagie-Victoire Perron, puis le 7 juillet 1788, à Trois-Rivières (Québec), Marie-Josette Audette, dit Lapointe, veuve de Samuel Jacobs* ; décédé le 27 mars 1818 à Trois-Rivières.

Jean-Baptiste Rieutord quitte Bordeaux sur la Charmante Nancy et arrive en Nouvelle-France en 1758 en qualité, semble-t-il, de chirurgien militaire. Certains prétendent, sans citer leurs sources, que son navire aurait été capturé par les Britanniques. Dès janvier 1760, Rieutord exerce comme chirurgien à Baie-Saint-Paul. En 1762, ou au début de 1763, il s’établit à Sainte-Anne-de-Beaupré, mais, quelques mois plus tard, il préfère s’installer à Château-Richer. En 20 ans, il parvient à s’assurer une situation financière qui se compare avantageusement à celle de la plupart de ses confrères qui vivent à la campagne. Ses biens immobiliers valent 8 750# et il ne doit, du moins par obligation devant notaire, que 600#.

Fort de son expérience et de sa réussite à la campagne, Rieutord déménage, au printemps de 1783, pour aller habiter Trois-Rivières. Il vit à l’aise et peut se permettre – ce qui n’est pas accessible à la majorité des gens – de s’abonner à la Gazette de Québec et de posséder une esclave noire. Sur le plan professionnel, sa compétence est reconnue officiellement le 15 décembre 1788 au moment où il reçoit une licence de chirurgien. En 1790, il dénonce l’état déplorable de la prison de Trois-Rivières qu’il avait visitée à la demande du marchand Malcolm Fraser dont le fils y était prisonnier. Enfin, les ursulines jugent à propos, du moins à partir de 1792, d’en faire leur médecin attitré.

Rieutord dépense des sommes considérables pour certains de ses enfants. Le 19 septembre 1781, Thompson and Shaw, négociants de Québec, s’engagent à fournir des marchandises au fils du chirurgien, Jean-Baptiste, à peine âgé de 17 ans, afin qu’il puisse se lancer dans le commerce à Québec. Rieutord se porte alors garant de son fils, mais l’affaire tourne rapidement au désastre. Dès le 5 octobre 1782, Rieutord fils est condamné à payer 3 360# au marchand John Jones. Le 24 février 1784, Simon Fraser père et John Young, syndics de la masse de Thompson and Shaw, obtiennent un jugement contre les Rieutord, père et fils, les obligeant à payer 7 728# pour solde de marchandises vendues. De cette somme, le père fournit au moins 5 374#. Le fils préfère, par la suite, s’établir à Saint-Ours et exercer la chirurgie. Son frère Louis, qui se fixe à Contrecœur à la fin du xviiie siècle, pratique également la médecine, mais c’est plutôt François qui prend la relève du père.

En 1790, François Rieutord se serait rendu en Europe. Puis il va étudier, probablement avant 1793, au Queen’s Collège, à New Brunswick, dans le New Jersey. Il choisit d’exercer à Trois-Rivières où, en 1797, il s’associe avec son père afin de pratiquer comme médecin, chirurgien et apothicaire. Le 21 octobre 1799, Jean-Baptiste Rieutord, sentant le poids des ans et désirant « se libérer des affaires temporelles pour s’occuper uniquement de celles de son salut », renonce à toutes prétentions qu’il pourrait avoir dans la pratique de la chirurgie au profit de François qui, en contrepartie, s’oblige à le soutenir jusqu’à son décès. La réussite de ce dernier dépasse celle de son père. En 1815, ses biens mobiliers valent 12 270# dont 4 800# pour ses instruments de chirurgie et des remèdes. Il possède trois terres, quatre maisons à Trois-Rivières et la moitié d’un autre emplacement. Ses débiteurs lui doivent 40 456#. Ses dettes passives ne se montent qu’à 816# si on exclut les honoraires de 2 400# dues à un notaire. François Rieutord meurt, moins d’un an après son père, le 1er février 1819.

Marcel Cadotte et Renald Lessard

AAQ, 940 CD, II : 99.— ANQ-MBF, CE1-48, 7 juill. 1788, 22 févr. 1802, 30 mars 1818, 3 févr. 1819 ; CN1-4, 21 oct. 1799 ; CN1-5, 12 juin, 17, 21 juill., 23 sept. 1783, 21 avril 1784, 15 oct. 1790, 16 déc. 1793 ; CN1-6, 22 févr. 1802, 9 avril 1818 ; CN1-32, 11 déc. 1816, 8 févr. 1819 ; CN1-79, 21 juin 1815.— ANQ-Q, CE1-6, 24 août 1768 ; CE4-1, 11 nov. 1760 ; CN1-76, 28 avril 1762, 10 avril, 11 juin 1763, 26, 29 mars 1764, 31 mars, 25 août 1766, 20 oct. 1769, 27 déc. 1779, 14 janv., 11 févr. 1780 ; CN1-77, 9 avril, 7, 11, 13, 16 août 1783 ; CN1-148, 22 mars 1764 ; CN1-205, 24 août 1781, 14 juill. 1784 ; CN1-224, 26 avril 1780 ; CN1-245, 19 sept. 1781 ; CN1-284, 25 sept. 1788, 13 juill. 1793 ; CN4-14, 8 nov. 1760 ; T13-1, mai 1776 mai 1785.— APC, MG 19, A2, sér. 3, 5 ; MG 24, B1, 46 ; RG 4, B28, 47 : 69.— La Gazette de Québec, 7 févr. 1771, 7 oct. 1790, 17 juill. 1794, 24 nov. 1803.— Le Journal des Trois-Rivières (Trois-Rivières, Québec), 29 juill. 1886.— M.-J. et G. Ahern, Notes pour l’hist. de la médecine, 451–453.— « Les docteurs Rieutord père et fils », BRH, 18 (1912) : 3–7.

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Marcel Cadotte et Renald Lessard, « RIEUTORD, JEAN-BAPTISTE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 13 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/rieutord_jean_baptiste_5F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
Date de consultation:    13 nov. 2024