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ROBERTSON, LAWRENCE BRUCE, chirurgien et officier, né le 6 septembre 1885 à Toronto, troisième fils d’Alexander James Robertson, représentant d’un manufacturier, et de Julia Dalmage Carry ; le 17 avril 1920, il épousa à Montréal Enid Gordon Finley, et ils eurent un fils et une fille ; décédé le 24 février 1923 à Toronto.
D’ascendance écossaise, Lawrence Bruce Robertson étudia à la Toronto Model School, à l’Upper Canada College, au University College, où il obtint une licence ès arts en 1907, puis à la faculté de médecine de la University of Toronto, où il reçut une licence de médecine en 1909. Après un internat en chirurgie à l’Hospital for Sick Children de Toronto – dont son oncle John Ross Robertson* était le fondateur –, il fit un stage de un an et demi en chirurgie pédiatrique et orthopédique au Bellevue Hospital de New York, puis passa six mois au Children’s Hospital de Boston à titre d’interne en chirurgie. En 1913, il retourna à Toronto, où il fut assistant en chirurgie clinique et en pathologie à l’Hospital for Sick Children ainsi que démonstrateur en chirurgie clinique à l’université. La même année, en s’appuyant sur l’expérience clinique acquise aux États-Unis, il publia sa première communication, dans le Journal de l’American Medical Association, qui paraissait à Chicago. D’autres textes suivirent dans des publications canadiennes et américaines, dont un article important en 1915 sur les transfusions sanguines chez les enfants, écrit avec un collègue de l’hôpital, le docteur Alan Brown*. Les deux auteurs y décrivaient les bienfaits de la nouvelle méthode indirecte de transfusion, par seringues et canules, pratiquée par Robertson à l’Hospital for Sick Children. (Ce dernier connaissait aussi la méthode qui consistait à transfuser du sang entreposé dans un cylindre contenant un anticoagulant.)
Après l’éclatement de la Première Guerre mondiale, plus précisément en novembre 1914, Robertson s’enrôla dans le Corps expéditionnaire canadien. Il reçut le grade de lieutenant et fut affecté à l’hôpital du camp d’entraînement installé sur le terrain de l’exposition de Toronto. Aménagé dans des étables, cet hôpital recevait plusieurs dizaines de patients par jour, la plupart pour des maladies ou blessures mineures, mais dès février 1915, on y traitait des cas plus graves, notamment des pneumonies et des méningites. Le Corps de santé de l’armée canadienne était alors en train d’organiser la No. 2 Casualty Clearing Station en regroupant des officiers de la région et des étudiants en médecine de l’université. Robertson se porta volontaire pour le service outre-mer et s’embarqua à Halifax le 18 avril avec cette unité ambulante de soins.
La transfusion sanguine indirecte, que Robertson avait apprise à New York et employée à Toronto, contribua à sauver des milliers de patients dans les hôpitaux militaires du front. C’est Robertson qui fit connaître cette technique au personnel médical de l’armée britannique et, par l’entremise d’ex-collègues qui servaient aussi sous les drapeaux, à d’autres hôpitaux canadiens outre-mer. Il l’utilisa pour la première fois à l’automne de 1915, pendant son affectation à l’Hôpital général canadien no 14, sur des soldats grièvement blessés par des éclats d’obus. Les résultats parurent dans le British Medical Journal de Londres quelques mois plus tard. Le travail qu’il accomplit en 1916 et 1917, surtout au sein de son unité d’origine, la No. 2 Casualty Clearing Station, fit l’objet de comptes rendus dans d’autres publications. L’un d’eux, en 1917, contenait une note élogieuse du médecin consultant auprès du Corps expéditionnaire britannique, le colonel Charles Gordon Watson qui, confiant que les méthodes de transfusion s’amélioreraient encore « sous l’impulsion de la guerre », pressait « d’autres médecins de recourir davantage à cette technique de sauvetage ». La communication la plus importante de Robertson, « A contribution on blood transfusion in war surgery », parut dans le Lancet de Londres en juin 1918.
Pour Robertson, les transfusions de sang avaient deux buts : réduire l’impact du choc subi par des soldats horriblement blessés, de manière à lui permettre de procéder aux interventions qui avaient des chances de leur sauver la vie, et favoriser leur guérison. Il s’intéressait vivement à ses patients et les incitait à lui écrire pour lui rendre compte de leurs progrès post-opératoires. Des dizaines d’entre eux le firent. Par exemple, le lieutenant B. W. A. Massey, de la Royal Field Artillery, lui dit en août 1917 : « Ce qui m’a sauvé, c’est la manière dont vous avez procédé à mes amputations et à la transfusion à l’unité d’ambulances. »
En octobre, à cause d’une pénurie de chirurgiens à l’Hospital for Sick Children, le recteur de la University of Toronto, Robert Alexander Falconer*, demanda que Lawrence Bruce Robertson, alors major au sein du Corps de santé de l’armée canadienne, soit renvoyé au pays. De retour en février 1918, Robertson reprit son travail à l’hôpital pour enfants et à l’université. De plus, il accepta une affectation au Dominion Orthopaedic Hospital du Corps de santé à Toronto. À l’hôpital pour enfants, où il faisait partie d’une équipe de jeunes et brillants chirurgiens comprenant entre autres William Edward Gallie et David Edwin Robertson, il poursuivit ses recherches cliniques en se servant de la transfusion sanguine pour traiter des toxémies. Dans bien des cas, il s’agissait d’enfants gravement brûlés. En outre, il continua de suivre deux victimes d’une grave intoxication à l’oxyde de carbone – des soldats qu’il avait traités en 1916 au front. En 1920, il épousa Enid Gordon Finley, qui avait fait partie du Volunteer Aid Detachment à Hart House, à l’université. Au début de février 1923, il fut hospitalisé pour une attaque d’influenza. Apparemment rétabli, il retourna chez lui, sur Foxbar Road, mais le 17, il attrapa une pneumonie. Il mourut une semaine plus tard à l’âge de 37 ans.
Les nombreuses publications de Lawrence Bruce Robertson comprennent les articles suivants : « Gas bacillus infection – a report of six cases », American Medical Assoc., Journal (Chicago), 61 (juill.–déc. 1913) : 1624–1626 ; « Exsanguination–transfusion : a new therapeutic measure in the treatment of severe toxemias », Arch. of Surgery (Chicago), 9 (1924) : 1–15 ; « The significance of the Von Pirquet reaction in surgical tuberculosis in children », Boston Medical and Surgical Journal, 170 (janv.–[juin] 1914) : 550–553 ; « The transfusion of whole blood : a suggestion for its more frequent employment in war surgery » et « Further observations on the results of blood transfusion in war surgery, with special reference to the results in primary haemorrhage [...] with a note by C. G. Watson [...] », British Medical Journal (Londres), juill.–déc. 1916 : 38–40 et juill.–déc. 1917 : 679–683 respectivement ; « Traumatic asphyxia with a report of six cases », « Blood transfusion in infants and young children » (rédigé avec Alan Brown) et « Blood transfusion in severe burns in infants and young children : a preliminary report of the treatment of the toxic shock by blood transfusion – with or without preceding exsanguination », Canadian Medical Assoc., Journal (Toronto), 4 (1914) : 501–507, 5 (1915) : 298–305, et 11 (1921) : 744–750 respectivement ; un article écrit avec Gladys Lillian Boyd* dans le Journal of Laboratory and Clinical Medicine (St Louis, Mo.), « The toxemia of severe superficial burns », 9 (1923–1924) : 1–14 ; un autre dans le Lancet (Londres), « A contribution on blood surgery in war surgery », janv.–juin 1918 : 759–762 ; et un article en collaboration dans le Northwest Medicine ([Seattle, Wash.]), « Blood transfusion in children : its indications and limitations ; from an analysis of 600 cases », 20 (1921) : 233–244.
AO, F 1374 ; RG 22-305, nº 46984.— BAC, RG 9, III, B2, 3751 ; 3752 : C-3-3 ; RG 150, Acc. 1992–93/166, boîte 8363-21.— UTA, A1973-0026/382(11).— Gazette (Montréal), 17, 19 avril 1920.— H. F. Brewer et al., Blood transfusion, Geoffrey Keynes, édit. (Bristol, Angleterre, 1949), 1–40.— « Dr. Bruce Robertson », Canadian Journal of Medicine and Surgery (Toronto), 53 (janv.–juin 1923) : 195–198.— N. M. Guiou, Transfusion : a Canadian surgeon’s story in war and in peace (Yarmouth, N.-É., 1985).— History of the Great War based on official documents : medical services ; surgery of the war, sir W. G. Macpherson et al., édit. (Londres, 1922), 1 : chap. 5.— Geoffrey Keynes, Blood transfusion (Londres, [1922]), chap. 7.— Sir Andrew Macphail, Official history of the Canadian forces in the Great War, 1914–19 : the medical services (Ottawa, 1925).— Nicholson, CEC.— A. Primrose et E. S. Ryerson, « The direct transfusion of blood : its value in haemorrhage and shock in the treatment of the wounded in war », British Medical Journal, juill.–déc. 1916 : 384–386.— [William] Rawling, « Providing the gift of life : Canadian medical practitioners and the treatment of shock on the battlefield », Canadian Military History (Waterloo, Ontario), 10 (2001), nº 1 : 7–20.— C. L. Starr, « Lawrence Bruce Robertson, b.a., m.b. », Canadian Medical Assoc., Journal, 13 (1923) : 216s.— « The transfusion of whole blood », British Medical Journal, juill.–déc. 1917 : 695s.— University of Toronto roll of service, 1914–1918 (Toronto, 1921).— The war book of Upper Canada College, Toronto, A. H. Young, édit. (Toronto, 1923).
Robert Craig Brown, « ROBERTSON, LAWRENCE BRUCE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 9 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/robertson_lawrence_bruce_15F.html.
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Auteur de l'article: | Robert Craig Brown |
Titre de l'article: | ROBERTSON, LAWRENCE BRUCE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
Année de la révision: | 2005 |
Date de consultation: | 9 déc. 2024 |