ROGER, CHARLES, historien et journaliste, né le 14 avril 1819 à Dundee, en Écosse, fils de Charles Roger et d’Ann Cruikshank, sa première femme, décédé peut-être en 1878.
Le père de Charles Roger quitta le Perthshire pour s’établir à Dundee où il fut successivement marchand de tabac et bibliothécaire municipal. Charles passa l’examen d’entrée à St Salvator’s College de St Andrews University en 1832–1833 et fit d’abord des études de théologie puis de médecine. Cependant, en septembre 1835, il abandonna ses études et s’enrôla dans l’artillerie royale à Perth. Il fut d’abord canonnier dans le 7e bataillon, mais, en 1836, fut muté au 4e bataillon où il fut promu brigadier en 1839 et caporal, en 1841. De 1836 à 1839, il fut en station à Halifax, en Nouvelle-Écosse, et de 1839 jusqu’en 1842, dans la ville de Québec. Quand il fut démobilisé, à sa demande, en juillet 1842, sa conduite fut qualifiée d’ « exemplaire », et on lui accorda £25. (Il ne faut pas le confondre avec Charles Rogers du 95e régiment d’infanterie qui fut cassé par la cour martiale en 1842.)
Roger était presbytérien. Il épousa Dorothy MacRobie à Québec, le 29 février 1840 ; ils eurent au moins cinq fils et quatre filles. Apparemment, il resta à Québec après avoir quitté l’armée, et, en 1847, il fut directeur de la bibliothèque pour la Quebec Library Association. En 1849, il abandonna cette fonction pour travailler au Morning Chronicle (1849–1853) puis, pour une brève période, à la Quebec Gazette. Bien qu’on le considère souvent comme le rédacteur de ces journaux, il n’en fut pas le rédacteur en chef. Le 30 mars 1854, grâce à des souscriptions recueillies par des amis, il lança son propre journal, l’observer, qui cessa de paraître en 1855. En 1856, il recommença à travailler pour la Quebec Gazette, et, l’année suivante, il fut à nouveau directeur de la Quebec Library Association, avant de partir pour Port Hope dans le Canada-Ouest.
C’est à Québec que Roger commença à écrire sur l’histoire canadienne. Son premier ouvrage, le plus célèbre d’ailleurs, fut The rise of Canada, from barbarism to wealth and civilisation (1856), dont un seul volume, couvrant la période de 1534 à 1824, fut publié. Le second volume projeté, qui nous aurait conduit jusqu’en 1837, n’a apparemment jamais été écrit, probablement à cause de la parution de l’histoire de John Mercier McMullen en 1855. Travaillant à la hâte et ne s’appuyant que sur quelques sources, particulièrement l’histoire du Bas-Canada de Robert Christie*, Roger a reçu de la part des critiques plus d’éloges pour son énergie que pour la valeur de son œuvre. Néanmoins, l’ouvrage est bien écrit. Il s’attarde tout particulièrement sur l’époque moderne, et, comme l’indique le titre, c’est le récit d’une évolution. L’année suivante, Roger écrivit Stadacona depicta : or Quebec and its environs ; manifestement le choix de ce titre fut influencé par l’étude du révérend Newton Bosworth sur Montréal. Cet ouvrage décrit la ville telle qu’elle était en 1842 et fait l’histoire de Québec en se fondant sur le livre d’Alfred Hawkins*, Hawkins’s picture of Quebec ; with historical reminiscences (Québec, 1834) ; il contient aussi des renseignements sur les conditions de vie en 1857. Ce fut probablement Roger qui prépara le guide historique Quebec : as it was and as it is, dont il y eut cinq éditions de 1857 à 1867 ; les quatre premières parurent sous le nom de Willis Russell.
Une fois installé à Port Hope, Roger fonda un autre journal, l’Atlas, dont l’existence fut décrite succintement comme « une aventure de C. Roger & Co., entreprise en 1858 et qui fut de courte durée ». Il alla ensuite s’installer dans le petit village de Millbrook, à quelque 15 milles au nord, où apparemment il édita, pendant quelques années, un journal de nouveau appelé l’Observer.
Puis Roger fit son apparition à Ottawa, où il fut commis à la poste de 1866 environ jusqu’à 1874. Il poursuivit ses tentatives littéraires et, en 1871, écrivit un autre guide historique, Ottawa past and present. Il envoya aussi une série de lettres au Times d’Ottawa, décrivant son séjour en Angleterre, en 1872–1873 ; ces lettres furent ensuite réimprimées sous la forme d’une brochure intitulée : Glimpses of London, and Atlantic experiences. C’est à l’occasion de son séjour en Angleterre, en 1873, qu’il fut élu membre de la Royal Historical Society, probablement sous l’égide du secrétaire de cette société, son cousin, l’historien Charles Rogers, le plus connu des membres de sa famille qui s’intéressaient aux lettres.
On ignore ce qu’il advint de Roger à son retour d’Angleterre : il disparaît des annuaires de la ville d’Ottawa après 1874. William Stewart Wallace* donne 1878 comme la date de sa mort, mais Roger continue de se manifester comme correspondant de la Royal Historical Society jusqu’en 1880. Nous perdons sa trace après cette date.
Personnage d’importance secondaire, Charles Roger est intéressant néanmoins parce qu’il est l’un des premiers historiens canadiens et le type même du directeur de journal qui se’ déplace constamment et connaît des insuccès, type qui fut si fréquent au Canada au cours du xixe siècle.
Charles Roger est l’auteur de Glimpses of London, and Atlantic experiences ; or, an account of a voyage to England [...] in the winter of 1872–73 (Ottawa, 1873) ; Ottawa past and present, or a brief account of the first opening up of the Ottawa country, and incidents in connection with the rise and progress of Ottawa city, and parts adjacent thereto [...] (Ottawa, 1871) ; The rise of Canada, from barbarism to wealth and civilisation (Québec, 1856) ; Stadacona depicta : or Quebec and its environs historically, panoramically, and locally exhibited (Québec, [1857]) ; et fut vraisemblablement l’auteur de Quebec : as it was, and as it is, or, a brief history of the oldest city in Canada, from its foundation to the present time, with a guide for strangers to the different places of interest within the city and adjacent thereto, préparé pour Willis Russell (1re éd., Québec, 1857 ; 3e éd., 1860 ; 4e éd., 1864 ; 5e éd., 1867). Morning Chronicle (Québec), 1849–1853.— Quebec Gazette, 1853, 1856. Il n’existe pas, semble-t-il, d’exemplaires des journaux dont Roger était le rédacteur en chef.
APC, FO 31, A1, 1871, ville d’Ottawa, quartier Wellington.— PRO, WO 69/107 ; WO 71/314.— Beaulieu et Hamelin, Journaux du Québec, 204.— Boase, Modern English biography, III : 254 ; VI : 493.— Canada, an encyclopædia, V : 161.— Illustrated historical atlas of the counties of Northumberland and Durham, Ont. (Toronto, 1878), x.— Morgan, Bibliotheca Canadensis, 324.— Norah Story, The Oxford companion to Canadian history and literature (Toronto, Londres, New York, 1967)., 723.— Wallace, Macmillan dictionary, 642.— Lareau, Hist. de la littérature canadienne, 181–183.— Lit. hist. of Can. (Klinck), 215s.— Horace Têtu, Historique des journaux de Québec (2e éd., Québec, 1889), 41.— Charles Rogers, Notes on the history of the Scottish branch of the Norman house of Roger, Historical Society Trans. (Londres), I (1872) : 357–388.— F. C. Wurtele, Our library, Trans. of the Lit. and Hist. Soc. of Quebec, nouv. sér., XIX (1889) : 31–73.
Frederick H. Armstrong, « ROGER, CHARLES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 13 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/roger_charles_10F.html.
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Auteur de l'article: | Frederick H. Armstrong |
Titre de l'article: | ROGER, CHARLES |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1972 |
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Date de consultation: | 13 déc. 2024 |