SANDOM, WILLIAMS, officier de marine, né vers 1785 en Angleterre ; le 12 mars 1844, il épousa Jane Gabrielle Constables ; décédé le 15 août 1858 près de Lowestoft, Angleterre.

En avril 1798, « à un âge tendre », Williams Sandom entra dans la marine royale comme midshipman, sous la protection du capitaine Charles Elphinstone Fleeming. Sandom servit dans diverses stations navales et participa au combat livré par sir Robert Calder au large du cap Finisterre, en Espagne, le 22 juillet 1805. Il passa beaucoup de temps en Méditerranée et prit part à l’attaque de Constantinople (Istanboul) en 1807. Sa conduite durant l’assaut de Copenhague en 1808 lui valut d’être promu lieutenant de vaisseau le 30 mai de la même année. Il se distingua l’année suivante lors de la capture de la frégate française Furieuse par la Bonne Citoyenne, et, durant un remorquage épique de 25 jours jusqu’à Halifax, il commanda le bâtiment capturé qui transportait, à fond de cale, des prisonniers français. Au cours de la guerre de 1812, Sandom participa à un engagement mineur contre les Américains sur la rivière Penobscot, dans le Maine.

En temps de paix, il servit outre-mer dans plusieurs stations navales, surtout à bord de petits bâtiments de 50 canons ou moins. Promu commander le 26 décembre 1822, il était considéré comme un expert dans l’art d’armer des navires dans des situations critiques. On reconnut sa compétence en lui accordant le grade de capitaine le 23 mars 1828. Mis à la demi-solde en 1829, il passa son temps à terre, surtout aux chantiers de construction navale de Liverpool et de Glasgow, où il acquit une connaissance approfondie des machines à vapeur. Au cours de ses 30 ans de service, cet officier d’un professionnalisme accompli essuya le feu de l’ennemi 60 fois et participa à la capture ou à la destruction de 26 vaisseaux de ligne, de 17 corvettes ou bricks et d’un bon nombre de corsaires ou de canonnières.

La carrière de Sandom dans le Haut-Canada commença au printemps de 1838, à son arrivée à Kingston en qualité de capitaine commandant sur les lacs. L’effervescence causée par la rébellion de 1837–1838 ainsi que l’attitude belliqueuse des nombreuses loges de frères-chasseurs, qui étaient actives dans le nord des États-Unis et préconisaient la libération du Canada de la domination britannique, avaient fait naître le désir de disposer d’une protection navale, en dépit de l’accord Rush-Bagot de 1817 qui restreignait la présence de bateaux armés sur les lacs.

Du simple point de vue de la marine militaire, la nomination de Sandom fut justifiée par sa conduite au cours de l’invasion qui se déroula du 11 au 16 novembre 1838 au moulin à vent en pierre situé près de Prescott. La force d’invasion, commandée à la fin par Nils Gustaf von Schoultz*, officier qualifié venant d’Europe, se composait de deux schooners (avec l’appui sporadique du vapeur United States), de quelque 180 frères-chasseurs et de 3 pièces d’artillerie de campagne. Prévenu par un espion, Sandom connaissait les plans d’invasion de l’ennemi qu’il tenta d’abord de déjouer en collaborant avec l’armée des États-Unis. De son quartier général installé sur le Niagara à Kingston, Sandom avait acheté ou affrété divers bateaux à vapeur, si bien que lorsque l’ennemi attaqua par eau il avait déjà posté à Brockville le petit vapeur à aubes Experiment. Sous les ordres du lieutenant de vaisseau William Newton Fowell*, ce bâtiment empêcha toute tentative de débarquement à cet endroit et à Prescott, et harcela l’envahisseur qui s’efforçait d’amener des renforts au moulin à vent. Le 13 novembre, Sandom arriva sur les lieux avec les petits vapeurs Queen Victoria et Cobourg. Un détachement du 83e, utilisé comme infanterie de marine, et 30 hommes des Royal Marines furent débarqués pour prendre la tête de deux colonnes de miliciens commandées par le colonel Plomer Young*, pendant que Sandom disposait ses bateaux en face du moulin afin de le canonner et de créer une diversion. Toutefois, les envahisseurs étant fortement retranchés, l’attaque échoua. La force navale fut alors convertie en force de blocus, tandis que d’autres bâtiments, partis de Kingston, arrivèrent avec des renforts et des canons plus gros. La jonction à terre des forces régulières et de celles de la milice, qui avaient alors à leur tête le lieutenant-colonel Henry Dundas, de Kingston, ainsi que le blocus effectué sur le Saint-Laurent contraignirent von Schoultz à capituler le 16 novembre. Au moment où Sandom débarquait pour accepter la reddition de l’ennemi, il fut atteint à la poitrine par une balle morte, sans toutefois perdre une goutte de sang. Puisque, pour les Américains, la réussite de cette bizarre aventure présupposait un appui général des Canadiens, appui qui ne se manifesta pas, l’opération militaire des Britanniques ne fut, à vrai dire, qu’un banal exercice de nettoyage. Néanmoins, Sandom avait prévu les événements et isolé de façon décisive la force ennemie. En outre, ce sont les canons transportés par ses bateaux qui mirent fin à cette affaire. Dundas fut créé compagnon de l’ordre du Bain, tandis que Sandom, aigri, tenta en vain pendant des années d’obtenir la même reconnaissance.

Après avoir étouffé cette menace d’invasion, Sandom s’occupa de coordonner le travail des patrouilles le long de la frontière, ce qui l’amena en 1839 à faire campagne contre le pirate William Johnston* aux Mille-Îles et à s’intéresser au problème de la défense à long terme des lacs Ontario, Érié et Huron. En 1843, il avait commencé ou terminé la construction des vapeurs Minos (406 tonneaux), Cherokee (750 tonneaux) et Mohawk (174 tonneaux), destinés respectivement aux lacs Érié, Ontario et Huron. Ces bâtiments venaient s’ajouter aux bateaux affrétés ou achetés afin de pourvoir aux besoins en matière de défense navale sur les lacs après 1838. La décision de Sandom de placer des navires armés sur les lacs fut prise avec l’approbation de l’Amirauté, mais elle fut, semble-t-il, exécutée sans consultation préalable auprès des autorités politiques en Angleterre et constitua vraisemblablement une quasi-violation de l’accord Rush-Bagot.

Les aptitudes de Sandom en diplomatie et en relations humaines n’allaient pas de pair avec ses qualités de marin et de combattant. En 1838, lors de son premier contact avec le colonel William Jenkins Worth, commandant de l’armée américaine dans le nord de l’état de New York, Sandom ajouta foi à la parole de ce militaire, la considérant comme celle d’un gentleman, dans le cadre d’un effort commun en vue de régler le problème créé par des patriotes enthousiastes qui passaient la frontière, problème qui touchait aux droits internationaux d’asile et de recherche. Les deux officiers se mirent d’accord pour ne pas tenir compte de la ligne de démarcation entre les deux pays lorsqu’ils auraient à poursuivre des pirates, tel Johnston. Worth se vit bientôt contraint de désavouer cette entente, et Sandom, aux prises avec la difficulté d’agir sur-le-champ en diplomate, se trouva très embarrassé, ne sachant pas si les instructions relatives à cette affaire devaient venir de l’Amirauté ou du lieutenant-gouverneur sir George Arthur, à Toronto. Ce dernier le laissa décider de la conduite à suivre, et c’est ainsi que lorsque le gouverneur en chef Charles Edward Poulett Thomson*, le futur lord Sydenham, entra en fonction en 1839, Sandom avait pris l’habitude de dire une chose aux autorités coloniales et une autre à ses supérieurs de la marine. Indépendamment de l’inexpérience de Sandom dans une telle situation, il existait un conflit en matière de responsabilité du commandement qui aurait piégé même un diplomate averti. Cette lutte de juridiction apparut clairement quand Sandom voulut, en 1839, punir le commander Andrew Drew*, officier de la marine royale qui était aussi officier dans la marine provinciale. Devant l’insistance de Drew, les autorités coloniales obligèrent l’Amirauté à tenir un conseil de guerre l’année suivante pour juger cette affaire. La sentence prononcée par Sandom contre Drew fut révoquée par ce conseil, et toutes les accusations formelles, sauf une, firent l’objet d’un non-lieu. À la suite de ce verdict, Sandom fut largement blâmé pour son geste et Sydenham demanda carrément son renvoi.

Bien que Williams Sandom ait participé à la vie sociale de Kingston, son tempérament emporté gâta ses rapports avec ses officiers et ses hommes. Après l’affaire Drew, son image subit un autre dur coup lorsqu’un des sous-officiers du Niagara le poursuivit en 1843 pour avoir été emprisonné injustement et qu’il obtint gain de cause. Sandom quitta Kingston en juillet de la même année et fut remplacé par Fowell. De retour en Angleterre, il fut mis à la demi-solde. Il se maria en 1844 et élut domicile à Londres. Sandom fut promu contre-amiral le 27 octobre 1854 et mourut le 15 août 1858 à Blundestone House, près de Lowestoft, dans le Suffolk.

John W. Spurr et Donald M. Schurman

APC, MG 11, [CO 42] Q, 273, part. iii : 428–431 ; RG 5, A1 : 115705, 116625–116635, 117881–117908, 122073–122079, 134707–134709.— PRO, ADM 1/2565–2566 (copies aux APC) ; PROB 11, testament de Williams Sandom.— Arthur papers (Sanderson).— Coll. Elgin–Grey (Doughty), 1 : 266 ; 4 : 1604–1605.— Gentleman’s Magazine, juill.–déc. 1858 : 318.— [C. E. P. Thomson, 1er baron] Sydenham, Letters from Lord Sydenham, governor general of Canada, 1839–1841, to Lord John Russell, Paul Knaplund, édit. (Londres, 1931) : 148–149.— Daily British Whig, 21 juin 1852.— Times (Londres), 18 août 1858.— « Calendar of series Q [...] », APC Report, 1941 : 224, 252–253, 259, 268–273.— « The Durham papers », APC Report, 1923 : 130, 136.— G.-B., ADM, Navy list, 1855–1858.— John Marshall, Royal naval biography [...] (4 vol. en 6 et 2 vol. suppl., Londres, 1822–1835), 3, part. ii : 24–27.— O’Byrne, Naval biog. dict. (1849), 1026.— « State papers – U.C. », APC Report, 1944 : 29–31, 33, 73, 75–78, 118 ; 1945 : 34–35, 41, 45–46, 72–74, 97–98, 130, 156–157.— Kenneth Bourne, Britain and the balance of power in North America, 1815–1908 (Berkeley, Calif., 1967), particulièrement 75–90, 102–115.— W. A. B. Douglas, « The blessings of the land : naval officers in Upper Canada, 1815–1841 », Swords and covenants, Adrian Preston et Peter Dennis, édit. (Londres, 1976), 60–66.— David Lee, « The battle of the windmill : November 1838 », Hist. and Archaeology (Ottawa), 8 (1976) : 102–180.— J. W. Spurr, « The Royal Navy’s presence in Kingston, part ii : 1837–1853 », Historic Kingston, no 26 (1978) : 81–94.— G. F. G. Stanley, « Invasion : 1838 », OH, 54 (1962) : 237–252.

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John W. Spurr et Donald M. Schurman, « SANDOM, WILLIAMS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/sandom_williams_8F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    1985
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