SILVER, WILLIAM CHAMBERLAIN, marchand et philanthrope, né le 3 décembre 1814 à Preston, Nouvelle-Écosse, fils aîné de William Nyren Silver et de sa première femme, Elizabeth Ann Chamberlain, elle-même fille de Theophilus Chamberlain* ; le 2 septembre 1840, il épousa à Halifax Margaret Ann Etter, fille de Benjamin Etter*, et ils eurent 13 enfants ; décédé le 23 février 1903 à Halifax.

Dans sa jeunesse, le père de William Chamberlain Silver, qui était fils de ministre anglican, quitta son foyer du Hampshire, en Angleterre, pour faire son apprentissage auprès d’un marchand de soieries londonien. L’agitation due à la guerre l’incita à s’établir à Halifax en 1805, et il se fit par la suite détaillant de marchandises sèches. Apparemment, son commerce s’effondra au cours de la dislocation de l’économie qui suivit les guerres napoléoniennes, mais il s’entêta et, au début des années 1830, il refit surface en tant que boutiquier. Le jeune William fut commis pour son père, qui le prit comme associé en 1840. Réorganisée sous le nom de W. and C. Silver dans les années 1840, soit au moment où le frère de William, Charles, s’y associa, l’entreprise devint une importante maison de gros de Halifax. En 1868, on en estimait la valeur à 200 000 $, et le correspondant de la R. G. Dun and Company à Halifax disait des associés principaux qu’ils étaient des « personnes respectées et dignes de confiance dont la solvabilité n’[était] jamais mise en doute ». Cependant, il ajoutait que l’entreprise n’était « pas administrée avec beaucoup de compétence ou d’énergie ».

Cette remarque avait probablement quelque chose à voir avec le fait que William Chamberlain Silver déployait beaucoup de zèle dans les affaires communautaires. Dès le début des années 1830, il avait participé à la fondation de la Halifax Temperance Society, première organisation antialcoolique de la ville. Son engagement en faveur de cette cause ne fléchit jamais : un demi-siècle plus tard, il allait être élu à la dignité de grand worthy patriarch chez les Fils de la tempérance. Il se dévouait aussi pour l’Église d’Angleterre. Dans les années 1860, une fois que la Society for the Propagation of the Gospel in Foreign Parts eut cessé de verser des subventions en Nouvelle-Écosse, il offrit de parcourir toute la province pour recueillir des fonds. Ayant réussi à mettre sur pied le Church Endowment Fund, il en fut longtemps président. De plus, il fit partie du comité de direction du Church of England Institute, de la British American Book and Tract Society et de la Nova Scotia Bible Society. Dans le mime ordre d’idées, il contribua à la transformation de l’église St Luke en cathédrale, promut les écoles du dimanches et joua un rôle important dans la formation du synode anglican de Nouvelle-Écosse [V. Hibbert Binney*].

Silver se consacra aussi à l’éducation. À titre d’exemple, en 1878, en qualité de président de la Halifax School Association, il joua un rôle majeur dans la fondation de la première école secondaire publique de la ville. Même s’il n’était guère instruit, il possédait une grande curiosité intellectuelle, ce dont témoigne le fait qu’il participa à la fondation du Nova Scotian Institute of Natural Science et appartint par la suite à son comité de direction. Il envoya trois de ses fils au King’s College, dont il fut administrateur et où il occupa longtemps la vice-présidence de l’association des anciens. Bon nombre d’autres institutions bénéficièrent de son dévouement de gestionnaire. Ainsi, pendant le dernier quart du xixe siècle, il fut président de la Western Halifax Agricultural Association, de la School for the Blind, du Halifax Visiting Dispensary et de la St George’s Society, vice-président de la Halifax Library et de la Young Men’s Christian Association, et administrateur du Halifax Infants’ Home. Bref, il était, et de loin, le philanthrope le plus actif de Halifax.

Silver se préoccupait aussi des aspects matériels du « progrès ». Président de la Chamber of Commerce de Halifax durant 11 ans, il préconisa avec une « éloquence bourrue » des mesures comme l’abaissement des frais de transport de marchandises par train et le réaménagement des docks de Halifax. En politique, son cheminement paraît incohérent. D’abord, il fut conservateur et douta de la sagesse d’établir un gouvernement responsable, puis il soutint le populiste Joseph Howe* lorsque celui-ci s’éleva contre la Confédération. En 1869 cependant, il se désaffilia des irréductibles anti-confédérateurs tel George Murray* pour prôner l’acceptation des « meilleures conditions » offertes à la province au sein de la Confédération. Lorsque, quatre ans plus tard, le gouvernement de sir John Alexander Macdonald* fut impliqué dans le scandale du Pacifique, il répudia le Parti conservateur. Bien qu’il ait été un fervent libre-échangiste pour qui la Politique nationale de Macdonald menaçait de ruiner la Nouvelle-Écosse, il se fit dans les années 1880 le champion d’une fédération impériale, cause que bien des libéraux considéraient avec méfiance. Aussi diverses qu’elles aient été, ces positions avaient cependant un point commun : Silver manifestait toujours un sentiment anglophile.

À la fin du xixe siècle, on considérait William Chamberlain Silver comme un modèle de respectabilité et de générosité. Cette image était justifiée dans une large mesure, mais son esprit philanthropique avait tout de même des limites. Dans son testament, c’est aux membres de sa famille qu’il légua le gros de sa succession, évaluée à plus de 130 000 $.

David A. Sutherland

Baker Library, R. G. Dun & Co. credit ledger, Canada, 11 : 245 ; 12 : 648, 796 (mfm aux AN).— Halifax County Court of Probate (Halifax), Estate papers, nos 1066, 1743, 5728.— Acadian Recorder, 24 févr. 1903.— Daily Echo (Halifax), 24 févr. 1903.— Evening Mail (Halifax), 24 févr. 1903.— Halifax Herald, 24 juin 1897.— Morning Chronicle (Halifax), 30 août 1878, 4 déc. 1880, 5 juin 1888.— David Allison et C. E. Tuck, History of Nova Scotia (3 vol., Halifax, 1916), 3 : 39–43.— Almanach, Belcher’s, 1850–1900.— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose et Charlesworth), 2.— Halifax and its business : containing historical sketch, and description of the city and its institutions [...] (Halifax, 1876), 133s.

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David A. Sutherland, « SILVER, WILLIAM CHAMBERLAIN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/silver_william_chamberlain_13F.html.

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Auteur de l'article:    David A. Sutherland
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
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