SMART, WILLIAM, pasteur presbytérien, né le 14 septembre 1788 à Haddington, East Lothian, Écosse, fils d’Alexander et de Margaret Smart ; le 7 novembre 1816, il épousa Phylina Foote dont il eut un fils, William, juge du comté de Hastings, Canada-Ouest, de 1850 à 1865 ; il épousa en secondes noces (1862) Sarah Mallory ; décédé le 9 septembre 1876 à Gananoque, Ont.
Les parents de Smart s’installèrent à Londres alors que William était encore en bas âge. Ils fréquentaient l’église sécessionniste Wells Street dont le pasteur, le révérend Alexander Waugh, devint le mentor de William. Enfant délicat et d’une piété précoce, William « se consacra à l’Église » à l’âge de 17 ans, enseigna à l’école du dimanche et prêcha dans les dessertes avant d’entrer au séminaire de la London Missionary Society à Gosport, Hampshire (Angleterre). Il reçut les ordres à l’église Scots de la rue Swallow à Londres, en avril 1811.
Smart avait « pensé à Calcutta ou à quelque endroit des Indes orientales » pour exercer son ministère mais lorsque les presbytériens d’Elizabethtown, de Yonge et d’Augusta (trois cantons du Haut-Canada qui bordent le Saint-Laurent) demandèrent un missionnaire, c’est lui que recommanda la London Missionary Society, un organisme interconfessionnel de Londres.
William fut accueilli à Montréal par le révérend Robert Easton et partit pour Elizabethtown (Brockville) en octobre 1811. Une semaine après son arrivée, il mit sur pied la première école du dimanche dans le Haut-Canada. Jusqu’à la venue du révérend Robert Boyd à Prescott en 1820, Smart prêcha à des congrégations dispersées, de Gananoque à l’ouest jusqu’aux environs de Cornwall à l’est et, au nord, jusqu’à la rivière et aux lacs Rideau. Il prêcha dans des postes militaires pendant la guerre de 1812 et ensuite dans le village récemment fondé de Perth jusqu’à l’arrivée du révérend William Bell* en 1817. C’est grâce aux efforts de Smart que l’église First Presbyterian de Brockville fut construite en 1817 ; lorsqu’elle brûla en 1847, Smart réunit des fonds pour la reconstruire.
En 1818, William Smart contribua à la fondation du Presbytery of the Canadas, qui réunissait les Églises dissidentes échappant à l’autorité de l’Église d’Écosse, et qui devint l’United Presbytery of Upper Canada en 1829 dont Smart fut le premier modérateur, et l’United Synod of Upper Canada en 1831. Pour donner plus de force à ses demandes d’aide financière au gouvernement, qui ne subventionnait que l’Église d’Angleterre et l’Église d’Écosse au Canada, Smart prôna en 1840 l’union entre l’United Synod et l’Église presbytérienne du Canada rattachée à l’Église d’Écosse.
Cependant Smart (de même que Boyd) s’en retira en 1844, en déclarant que « cette union n’était qu’une formalité non fondée sur l’affection ». Une telle prise de position déplut à ses paroissiens et il démissionna de son poste à l’église de Brockville en 1849. Pendant de nombreuses années, il fut prédicateur suppléant dans des paroisses des comtés de Leeds et Grenville et de Kingston.
Smart combattit le monopole exercé par l’Église d’Angleterre sur les « réserves » du clergé et le contrôle qu’elle exerçait sur les écoles de district. Il croyait que l’instruction devait être accessible à tous également et c’est dans ce but qu’il travailla au consistoire et au synode. Il promit également l’établissement d’un séminaire pour former les pasteurs presbytériens mais quand ce projet échoua il donna son appui au Queen’s College de Kingston.
Presbytérien sécessionniste, Smart ne put célébrer légalement aucun mariage jusqu’en 1831. Il passa outre et, en 1824, une accusation fut portée contre lui mais le jury déclara qu’elle était sans fondement. Smart devint franc-maçon en 1820, ce qui faillit provoquer une scission chez ses paroissiens. Il occupa le poste de grand aumônier de la grande loge provinciale en 1822, 1823, et 1825. Il fut un des premiers apôtres de la tempérance et contribua à fonder la Brockville Temperance Society en 1832.
William Smart exprima ses idées sur l’Église, l’éducation et sur d’autres sujets dans des articles écrits pour le Brockville Recorder au cours des années 20 et des années 30 sous les pseudonymes de « The Wanderer », « The Traveller, or Pickings by the Wayside », et de « Presbuteros ». Il écrivit également des articles pour le Canadian Watchman, hebdomadaire religieux, et il fonda avec le révérend Robert McDowall* l’Evangelical Herald ; ce dernier périodique, publié à Kingston, connut une existence éphémère. Vers la fin de sa vie, Smart écrivit une autobiographie à la troisième personne mais elle ne fut jamais publiée. C’était un visionnaire indépendant de caractère, courageux et compatissant.
La source la plus importante demeure l’autobiographie de William Smart, conservée aux UCA : Biography of Rev. Wm. Smart, Presbyterian Church, Brockville, 1811–49.— Knox College Archives, William Morris à Smart, 24 juin 1840 ; William Rintoul à Smart, 4 août 1831, 17 nov. 1832.— Methodist Missionary Society (Londres), Correspondance, Amérique, lettres de Smart, 1811–1820.— UCA, William Smart, correspondance du consistoire, 1819–1856.— Acts and proceedings of the Synod of the Presbyterian Church of Canada in connection with the Church of Scotland (Montréal, Toronto), 1831–1844.— Extracts from the Minutes of the United Synod of Upper Canada, 1832–1838.— Meeting of the Presbytery [of Upper Canada], 1829.— Minutes of the United Presbytery of Upper Canada, 1830–1831.— William Bell, Hints to emigrants, in a series of letters from Upper Canada (Édimbourg, 1824), 90–93, 99–101, 117s.— Brockville Recorder, 1821–1855, en particulier 1821–1832.— Canadian Watchman (Kingston), 1831–1832.— Gregg, History of the Presbyterian Church.— Ruth McKenzie, Leeds and Grenville, their first two hundred years (Toronto et Montréal, 1967), 72, 82–84, 89.— J. R. Robertson, The history of Freemasonry in Canada from its introduction in 1749 [...] (2 vol., Toronto, 1899).— Isabel Skelton, A man austere, William Bell, parson and pioneer (Toronto, 1947), 19–21, 104–110, 169, 178–228, 314s.— N. G. Smith et al., A short history of the Presbyterian Church in Canada (Toronto, [1967]).— H. S. Seaman, The Rev. William Smart, Presbyterian minister of Elizabethtown, 1811–1876, Ont. Hist., V (1904) : 178–186.
Ruth McKenzie, « SMART, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 13 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/smart_william_10F.html.
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Auteur de l'article: | Ruth McKenzie |
Titre de l'article: | SMART, WILLIAM |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1972 |
Année de la révision: | 1972 |
Date de consultation: | 13 déc. 2024 |