SMITH, HENRY WILLIAM, avocat, juge et homme politique, né en 1826 à Saint Kitts, Antilles britanniques, fils aîné de James Royer Smith et de Cordelia Wigley ; en 1853, il épousa Mary E. A. Poyntz, et ils eurent plusieurs enfants ; décédé le 1er février 1890 à Halifax.

Bien qu’il soit né à Saint Kitts, Henry William Smith passa son enfance au pays de Galles et, après 1833, à Halifax, où son père pratiquait le droit dans la firme Smith and Hartshorn. En 1840, la famille Smith déménagea à Bridgetown, dans le comté d’Annapolis. Après avoir été formé dans l’étude d’avocat de son père, Smith fut reçu attorney le 24 juillet 1848 et, un an plus tard, barrister au Barreau de la Nouvelle-Écosse. Il pratiqua d’abord le droit à Bridgetown, en association avec son père, mais, en 1852, le père et le fils vivaient et travaillaient tous deux à Halifax.

Deux ans plus tard, Smith avait quitté Halifax et exerçait sa profession d’avocat à Shelburne. À l’automne de 1857, il déménagea de Shelburne à Liverpool, dans le comté de Queens, et, en décembre, il présenta une requête au lieutenant-gouverneur, sir John Gaspard Le Marchant*, pour obtenir un poste de « notaire et [de] tabellion publics ». Rien n’indique qu’on accéda à sa requête mais, le 8 mai 1858, on nomma Smith greffier aux homologations de testaments du comté de Queens, fonction qu’il occupa jusqu’en 1867. À Liverpool, il consacra apparemment tout son temps à sa profession d’avocat, à sa famille, aux activités sociales et aux fonctions d’ordre public, notamment à ses postes de major du 1er régiment de la milice du comté de Queens et, de 1872 à 1876, de membre du conseil d’administration du King’s College, à Windsor.

Le mouvement en faveur de l’union politique de l’Amérique du Nord britannique s’avéra sans contredit l’événement le plus important de la carrière de Smith et celui qui le fit sortir de la médiocrité d’un avocat de petite ville. Le projet d’union que présenta la province du Canada en septembre 1864, lors d’une conférence à Charlottetown convoquée pour débattre l’union des Maritimes, et qui fut discuté un mois plus tard à Québec, fut adopté par bon nombre de chefs politiques de la Nouvelle-Écosse, notamment les membres du gouvernement de Charles Tupper*, mais il y eut des manifestations d’opposition dès novembre. Lors de la session législative de 1865, on présenta à la chambre d’Assemblée de la Nouvelle-Écosse 183 pétitions contre la confédération, comportant plus de 15 000 signatures. Cette opposition brisa les alliances politiques dans la province et le « parti de la Nouvelle-Écosse » ou « Peoples’ Party », sous la direction de Joseph Howe*, déclencha une offensive en vue de défaire le « Botheration Scheme » (projet tracassier), en l’occurrence la confédération. Smith y participa activement et, le 18 septembre 1867, il fut l’un des trois candidats opposés à la Confédération élus députés du comté de Queens à la chambre d’Assemblée. Les habitants de la Nouvelle-Écosse élirent en tout 36 députés adversaires de la Confédération aux 38 sièges de l’Assemblée provinciale. Des 19 députés néo-écossais élus cette année-là à la chambre des Communes, 18 étaient opposés à la Confédération.

À la suite des élections de 1867, le gouvernement de la Nouvelle-Écosse, dirigé par William Annand, porta son attention sur la possibilité d’abroger l’Acte de l’Amérique du Nord britannique dans la mesure où il s’appliquait à la Nouvelle-Écosse. Pour mettre ce projet à exécution, Joseph Howe se rendit à Londres en février 1868 pour présenter la cause de la Nouvelle-Écosse aux autorités impériales. Quelques jours plus tard, le Conseil exécutif demanda à Annand, à Jared Chipman Troop et à Smith d’aller à Londres pour appuyer les efforts de Howe ; ils y arrivèrent le 12 mars 1868. Bien que des sources laissent entendre que Howe accomplit la plus grande partie du travail véritable de la délégation, Smith l’accompagna du moins aux entrevues avec le ministre des Colonies et les autres fonctionnaires, entrevues pendant lesquelles on discuta des politiques de taxation, de commerce et de pêche. Malgré le fait que les autorités britanniques aient consenti à demander au gouvernement fédéral d’examiner l’impact de la Confédération sur la Nouvelle-Écosse dans ces domaines, la tentative de la délégation d’obtenir l’abrogation de l’Acte de l’Amérique du Nord britannique fut infructueuse. Le groupe revint en Nouvelle-Écosse où il reçut les remerciements publics de la chambre d’Assemblée, mais il ne pouvait plus être question de revenir en arrière touchant l’abrogation de la constitution.

Smith poursuivit sa carrière politique en Nouvelle-Écosse ; réélu en 1871, il devint membre du Conseil exécutif et procureur général de la Nouvelle-Écosse le 19 avril de cette année-là. Il conserva ce dernier poste jusqu’au 4 janvier 1875. Pendant ces années, il s’occupa des travaux ordinaires du gouvernement provincial et des négociations avec le gouvernement fédéral, notamment celles de 1874 au sujet du retrait des provinces du domaine de l’immigration dans lequel les deux niveaux de gouvernement avaient juridiction auparavant. Le 15 janvier 1875, on nomma Smith juge puîné de la Cour suprême de la Nouvelle-Écosse, « position élevée qu’il [...] occupa dignement » jusqu’à sa mort en 1890.

John N. Grant

PANS, MG 1, 828 ; RG 1, 200, 8 mai 1858 ; 203 ; 204, 19 avril 1871 ; RG 3, 3 ; RG 5, GP, 11 ; R, 98.— Univ. Of King’s College Arch. (Halifax), Bylaws, calendars, reports, and other records for 1868–1880.— N.-É., House of Assembly, Journal and proc., 1868, 1871–1875.— Acadian Recorder, 3 févr. 1890.— Liverpool Transcript (Liverpool, N.-É.), 1857–1860.— Morning Chronicle (Halifax), 3 févr. 1890.— Belcher’s farmer’s almanack, 1848–1875.— Catalogue of portraits of the judges of the Supreme Court of Nova Scotia and other portraits, law courts, Halifax, N.S., [R. V. Haros, compil.] ([Halifax, 1929]).— Dalhousie Univ., Directory of graduates and former students of the university, corrected to September, 1937 ([Halifax, 1937]).— John Doull, Sketches of attorney generals of Nova Scotia, 1750–1926 (Halifax, 1964).— E. R. Coward, Bridgetown, Nova Scotia ; its history to 1900 ([Bridgetown, 1955]).— K. G. Pryke, Nova Scotia and confederation, 1864–74 (Toronto, 1979).— R. H. Campbell, « The repeal agitation in Nova Scotia, 1867–69 », N. S. Hist. Soc., Coll., 25 (1942) : 95–129.

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John N. Grant, « SMITH, HENRY WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/smith_henry_william_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
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