STEVEN, ANDREW, négociant et banquier, baptisé le 12 mars 1798 à Girvan, Ayrshire, Écosse, fils de James Steven et de Mary Lees, décédé le 12 décembre 1861 à Hamilton, Haut-Canada ; sa femme, Laura, et ses cinq enfants lui survécurent.

Andrew Steven émigra à York (Toronto) en 1819 et entra à l’emploi de la maison de commerce de D’Arcy Boulton*, le jeune, et de William Proudfoot. En 1822, il alla s’installer à Dundas peut-être à titre d’agent de l’importante compagnie de traite de John Spread Baldwin et de Jules-Maurice Quesnel* ; cinq ans plus tard, il ouvrit sa propre épicerie à Dundas. En 1832, Steven s’installa à Hamilton où il fut gérant de la nouvelle succursale de la Bank of Upper Canada ; cependant, le 2 mai 1836, lorsque la Gore Bank ouvrit ses portes, il en devint le caissier (directeur général) au salaire de £400 par année. Dans l’exercice de ses fonctions, il gérait les affaires quotidiennes de la banque, s’occupait de la correspondance et formulait des recommandations concernant les buts et la gestion de l’entreprise à l’intention du président et du conseil d’administration. Les crises économiques de 1837 et de 1857 lui firent croire à l’importance de ne pas disperser exagérément les ressources de la banque, si bien qu’il fut jugé « un peu trop prudent pour l’époque ».

L’instabilité dans la direction constituait un problème pour la banque : sa charte stipulait que quatre des dix administrateurs, à l’exception du président, ne pouvaient être réélus qu’un an après l’expiration de leur mandat. En raison de ces roulements annuels, la responsabilité de la continuité de la gestion incombait en grande partie à Steven. Il obtint finalement en 1860 de l’Assemblée législative une charte modifiée, grâce à Thomas Clark Street* et à Isaac Buchanan*, tous deux administrateurs de la banque et députés. Le nombre des administrateurs fut abaissé à sept, tous immédiatement rééligibles.

La fondation de la Gore Bank avait été encouragée par Allan Napier MacNab et Absalom Shade, éminents tories de la partie ouest de la province. En 1839, le bruit courut que MacNab devait £25 000 à la banque et que ses partisans au sein du conseil d’administration, son frère David Archibald, son associé dans la pratique du droit John Ogilvy Hatt et le président James Matthew Whyte* étaient eux aussi endettés. Leur refus de révéler leurs dettes invitait à penser que la Gore Bank était, comme l’en avait accusé William Lyon Mackenzie en 1835, « une machine montée par M. Allan Napier MacNab et quelques-uns de ses compères » pour en détourner les ressources à leur profit. Les actionnaires bouleversés, menés par les administrateurs Edmund Ritchie et Colin Campbell Ferrie, appuyés et conseillés par Steven, contestèrent le leadership de Whyte et du groupe MacNab. Steven tenta également de faire échouer les transactions financières de MacNab qui, par voie de conséquence, trouva Steven « personnellement antipathique » et essaya de le faire congédier en 1839. Steven fut maintenu en poste cependant au cours de l’assemblée annuelle de la même année, et un nouveau président, Ferrie, fut élu.

La Gore Bank servait de maison de compensation pour les transactions commerciales en prorogeant les notes de crédit et en escomptant les effets. Pour la plupart des gens, à l’époque, l’association à une banque permettait tout simplement aux clients d’y puiser pour payer leurs dettes et se lancer dans des spéculations, quels que fussent leurs biens meubles ou même les fonds dont la banque pouvait disposer. Le manque de sûreté des valeurs et la rareté de l’argent posèrent souvent des problèmes. Au cours des périodes d’inflation et de dépression aiguës, les banques du Haut-Canada suspendirent leurs paiements en espèces pour éviter la faillite.

Steven établit avec la Grande-Bretagne les relations dont la Gore Bank avait absolument besoin à cette époque où les liens financiers entre le Canada et la métropole étaient particulièrement étroits. En 1847, la faillite de Reid, Irving, and Company, mandataire londonien de la banque, ébranla la confiance qu’avaient les clients et le milieu des finances en général en la Gore Bank. Steven fut immédiatement envoyé en Angleterre avec des fonds, pour faire face aux obligations prises au nom de la banque et pour lui redonner son crédit outre-Atlantique. Il prit à la même époque des dispositions pour que Glyn, Mills, and Company devienne le nouveau mandataire de la banque. C’est en 1847 également que les négociations en vue du fusionnement de la Gore Bank et de la Bank of Upper Canada, banque plus importante, furent interrompues ; ces négociations, qui avaient été favorisées par l’amitié de Steven et du caissier (directeur) de cette dernière, Thomas Gibbs Ridout, ainsi que par les diverses associations des deux banques, cessèrent parce que la faillite de la firme Reid, Irving, and Company, et la ruée qu’elle provoqua sur la Gore Bank avaient refroidi l’enthousiasme de la banque dont le siège était à Toronto.

On ne connaît guère la vie privée de Steven ; il fut cependant membre du comité qui fonda le Hamilton Mechanics’ Institute en 1839. Il fut membre fondateur de l’église presbytérienne St Andrew et conseiller presbytéral de 1833 à 1843. En 1851 cependant, il était devenu anglican, probablement à la suite de la séparation de l’Église libre de l’Église d’Écosse en 1844. Vers la fin de sa carrière, il devint, en novembre 1856, président de la Gore Bank et continua de gérer ses affaires avec sa mesure et sa modération habituelles.

David G. Burley

APC, MG 24, D16, 57 ; D18.— HPL, Ferrie papers ; Hamilton biography, Andrew Steven.— PAO, Street (Samuel) papers.— M. F. Campbell, A mountain and a city, the story of Hamilton (Toronto, 1966), 93, 122, 134s.— Johnston, Head of the lake (1958), 216.— Ross et Trigge, History of the Canadian Bank of Commerce, I :163–248.

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David G. Burley, « STEVEN, ANDREW », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 12 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/steven_andrew_9F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
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