TAYLOR, WILLIAM, homme d’affaires, fonctionnaire et homme politique, né vers 1789 à Fredericton, fils aîné de James Taylor l’aîné et d’une prénommée Jane ; le 27 novembre 1816, il épousa à Fredericton Ann Cameron, fille de Stephen Cameron, marchand, puis le 25 août 1819, à Saint-Jean, Nouveau-Brunswick, Sally Hatfield, fiIle de David Hatfield, marchand ; décédé le 27 mars 1834 à Fredericton.

Le père de William Taylor, qui naquit en 1756 à Port Glasgow, en Écosse, et mourut à Fredericton en 1834, était considéré comme un homme d’une intégrité indéfectible. Il partit pour New York dès son jeune âge et servit dans les forces britanniques pendant la Révolution américaine. Il figure parmi les premiers colons loyalistes qui vinrent s’établir à la pointe St Anne (Fredericton) en 1783, et sa maison fut la troisième à y être construite. Marchand entreprenant, il bâtit en 1814 le premier marché public de l’endroit. Deux ans plus tard, il loua un navire construit à Saint-Jean, le Favorite, pour faire venir au Nouveau-Brunswick des colons écossais, en vertu d’un contrat avec le gouvernement. Le voyage était si bien organisé qu’on peut supposer que Taylor avait d’excellents contacts en Écosse. Dans l’édifice où se trouvait le marché, il donna à bail des locaux à la Cour des sessions générales, dont il était membre. En 1817, les magistrats achetèrent l’édifice qui, jusqu’au milieu des années 1850, continua d’abriter à la fois un marché et le tribunal du comté d’York. En 1824, on nomma Taylor administrateur et premier trésorier de la Fredericton Savings Bank. Il fit partie également de la Fredericton Emigrant Society, fut membre fondateur et vice-président de la St Andrew’s Society en 1825 et, lors de la mise sur pied d’une congrégation de l’Église d’Écosse en 1828, il donna le terrain sur lequel l’église St Paul allait être érigée. On lui a donné le surnom d’aîné (the elder en anglais, qui peut être traduit par conseiller presbytéral) afin de le distinguer des autres James Taylor de la région (V. James Taylor) et pour souligner son rang au sein de la famille plutôt que le rôle qu’il aurait pu jouer dans cette congrégation.

William Taylor fit des études à la Fredericton Academy puis, encore très jeune, débuta dans l’entreprise paternelle. En 1816, il fit paraître des annonces publicitaires à propos du Jerusalem Coffee-House, dont il était propriétaire ; il le vendit deux ans plus tard, car il avait l’intention de quitter la ville. En 1821, à titre de coroner chargé d’enquêter sur la mort du jeune avocat George Ludlow Wetmore, tué lors d’un duel avec George Frederick Street*, il ordonna qu’on se lance à la poursuite de ce dernier ainsi que des deux hommes qui avaient servi de témoins dans cette affaire.

En 1821, Taylor, ses frères James* et John F. et leur père formèrent officiellement une société sous le nom de James Taylor Senior and Company, dont l’activité principale consistait à approvisionner des camps de bûcherons et à acheminer le bois équarri et le bois de sciage vers Saint-Jean. Elle en vint à s’occuper aussi de nombreuses transactions immobilières et elle acquit des scieries sur les bords de la rivière Tobique. En juillet 1826, avec la firme Cross and Murray, de Saint-Jean, elle obtint le contrat de construction d’un édifice en pierre devant abriter le Collège of New Brunswick à Fredericton. On estimait le coût de cet édifice, qui devait être érigé sur un terrain vendu par George Best et réalisé selon les plans de John Elliott Woolford*, à £10 300. Au cours des étés qui suivirent, on fit venir d’Écosse des tailleurs de pierre qui terminèrent la construction. En 1829, à la fin des travaux, le collège emménagea dans le nouvel édifice ; devenu depuis l’University of New Brunswick, il l’occupe toujours.

En 1822, on décida de construire un réservoir d’eau qui servirait en cas d’incendie, et Taylor fit partie d’un comité de cinq personnes qui devait recueillir des fonds auprès des citoyens susceptibles de bénéficier de ce projet. On fit d’abord creuser un puits et, de peur que l’eau ne gèle, on construisit un édifice qui abrita le réservoir ; cet édifice public fut le prédécesseur de l’hôtel de ville qui fut bâti au moment de l’érection de Fredericton en municipalité en 1848. Plus tard, Taylor occupa les fonctions d’encanteur lors de la plupart des ventes aux enchères d’une certaine importance à se dérouler dans le comté d’York. Avec Alexander Rankin* et d’autres, il compta parmi les membres du comité central chargé d’aider les victimes de l’incendie de Miramichi en 1825 et, à compter de janvier 1829, il fut nommé trésorier du conseil d’administration de la New-Brunswick Agricultural and Emigrant Society, joignant à cette nomination celle de secrétaire en février 1830. Homme plein de dévotion, Taylor devint un fidèle de l’église congrégationaliste de Sheffield en 1825, fit partie d’un comité chargé de la construction de l’église St Paul à Fredericton et devint l’un des membres de son conseil d’administration dès son incorporation en 1832.

Taylor fut élu député de la chambre d’Assemblée en 1822, à l’occasion d’une élection partielle rendue nécessaire par le décès de Stair Agnew. Ses trois adversaires avaient retiré leur candidature après que le shérif eut décidé de limiter les élections à la ville de Fredericton, refusant ainsi le droit de vote à des gens qui habitaient en amont de la rivière, certains à plus de 150 milles de la capitale. Taylor se vit réélire aux élections générales de 1827 et de 1830. Au moins deux des quatre sièges du comté d’York étaient habituellement occupés par des Écossais et, en 1833, son frère James le rejoignit à la chambre d’Assemblée. Cependant, quand William mourut un an plus tard, après une longue maladie, son siège fut occupé par un méthodiste de souche américaine, Lemuel Allan Wilmot*.

Les deux journaux de la capitale publièrent des nécrologies d’une longueur inhabituelle, qui faisaient l’éloge de William Taylor. L’une d’elles disait qu’il avait su se montrer « conciliant » et que « sa bonté était intarissable, sa générosité empreinte de modestie, sa piété faite de ferveur et de discrétion ». Le père de William mourut neuf mois après lui. James, qui avait épousé la sœur de la femme de William (une autre sœur de cette dernière était mariée à Charles Fisher*), poursuivit une triple carrière dans les affaires, la politique et la fonction publique. Le cadet des frères Taylor, John F., eut une vie moins active. Il resta célibataire, et c’est lui qui vit à ce que la veuve de William et ses quatre enfants puissent continuer à vivre dans leur maison et qui dirigea le magasin familial pendant de nombreuses années. Un grand ami de ce dernier fournit l’épitaphe sur la pierre tombale de la famille. Elle se lit ainsi : « Ce monument est érigé par un Écossais qui, dès sa première rencontre avec la famille [Taylor] en 1822, ne cessa jamais d’admirer et d’apprécier son honnêteté, sa bienveillance et son grand cœur ».

D. Murray Young

APC, MG 24, L6, 1, 3.— APNB, RG 2, RS6, B, 24 nov. 1815 ; RG 4, RS24, 1817, « Number, names and descriptions of settlers brought into the province by Mr. James Taylor » ; RG 7, RS75, 1834–1835, James Taylor « the Elder ».— Musée du N.-B., G. J. Dibblee papers, packets 125, 252, 270 ; F85, no 19 ; W. F. Ganong coll., box 8, packet 5.— UNBL, UA, « Minute-book of the governor and trustees of the College of New Brunswick », 17 juill. 1826.— Wilmot United Church (Fredericton), Reg. of baptisms, marriages, and burials, 29 juill. 1797 (mfm aux APNB).— « Documents of the Congregational Church at Maugerville », N.B. Hist. Soc., Coll., 1 (1894–1897), no 1 : 148, 151.— John Mann, Travels in North America [...] (Glasgow, Écosse, 1824 ; réimpr., Fredericton, 1978).— N.-B., House of Assembly, Journal, 1822–1833.— City Gazette (Saint-Jean, N.-B.), 3 avril 1834.— New-Brunswick Courier, 5 avril 1834.— Royal Gazette (Fredericton), 1814–1834.— Hill, Old Burying Ground.— W. T. Baird, Seventy years of New Brunswick life [...] (Saint-Jean, 1890 ; réimpr., Fredericton, 1978).— Beckwith Maxwell, Hist. of central N.B.— Lawrence, Judges of N.B. (Stockton et Raymond).— Official centennial book : the story of Fredericton ; Fredericton’s une hundred years, Frank Baird, édit. ([Fredericton, 1948]).— W. A. Squires, History of Fredericton : the last 200 years, J. K. Chapman, édit. (Fredericton, 1980).

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D. Murray Young, « TAYLOR, WILLIAM (mort en 1834) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 12 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/taylor_william_1834_6F.html.

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Auteur de l'article:    D. Murray Young
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
Année de la révision:    1987
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