TOOSEY, PHILIP, ministre de l’Église d’Angleterre et agriculteur, baptisé le 18 mars 1744/1745, fils du révérend John Toosey, rector de Hessett (Hetheringsett), Suffolk, Angleterre ; il épousa Sarah Denton en 1770, et ils eurent trois enfants ; décédé le 14 septembre 1797 à Québec.

Philip Toosey fréquenta Winchester School et St Paul’s School à Londres, et s’inscrivit à Cambridge (Trinity Hall) en 1762. Ordonné diacre en 1765 et ministre en 1769, il devint cette même année rector de Stonham, Suffolk, et il conserva toute sa vie ce revenu auquel s’en ajoutera un autre plus tard. En 1784, le révérend Lewis Guerry résigna en tant que titulaire de la paroisse de Sorel, province de Québec, d’où il était absent depuis 1775. Les prébendes de £200 versées annuellement par le gouvernement britannique à Guerry furent alors transférées à Toosey qui immigra à Québec avec sa famille en 1785. Comme il arrivait sans aucune nomination ecclésiastique précise et que le rector de Québec, le révérend David-François De Montmollin*, n’avait pas besoin de son aide, il put, en 1786, voyager jusqu’à Détroit où il baptisa des enfants indiens. Très attiré par la terre et le climat de Détroit, il demanda à la Society for the Propagation of the Gospel de l’y affecter comme missionnaire, mais sa requête fut refusée.

Ses manières et ses talents le firent valoir à lord Dorchester [Carleton*] et à l’évêque de la Nouvelle-Écosse, Charles Inglis*, qui, en 1789, autorisa Toosey à seconder Montmollin pour les offices célébrés en anglais à Québec et le nomma vicaire général du district de l’est du Canada. Lorsqu’on proposa un évêque de l’Église d’Angleterre pour Québec, Toosey retourna en Angleterre au printemps de 1792 afin de faire valoir ses prétentions au poste. Déçu dans cette tentative, il revint à Québec en 1794, reprit ses fonctions ecclésiastiques et fut nommé vicaire général du Bas-Canada par l’évêque Jacob Mountain*. De juillet 1796 au mois d’août 1797, il fut vicaire à la Christ Church de Montréal. Après sa mort, sa famille retourna en Angleterre. L’on sait qu’un de ses fils, James, qu’il avait éduqué, s’inscrivit à Cambridge en 1794.

Cependant, Toosey retient l’intérêt de l’historien davantage comme agriculteur qu’en tant que ministre du culte. Sa ferme de 70 acres située dans sa paroisse du Suffolk fut décrite par l’éminent agronome Arthur Young qui trouva en Toosey « un cultivateur très minutieux et très ingénieux ». Après son arrivée à Québec, il obtint, de concert avec Kenelm Chandler*, un titre pour une vaste étendue de terre à 18 milles de la capitale. Dans ce nouveau canton que Toosey appela Stoneham, du nom de sa paroisse anglaise, il se mit à créer un domaine dans la forêt. L’accès à sa propriété devait se faire par voie d’eau car il n’existait aucune route. En septembre 1791, il écrivit à Young, disant qu’il avait « érigé une étable très complète, suffisamment élevée pour donner tout autour de l’ombre à cinquante vaches ou bœufs, une écurie pour douze chevaux, et flanquée de bergeries et de porcheries ». Peu avant sa mort, il avait, selon Isaac Weld*, « une petite résidence planchéiée bien tenue », une cour de ferme « exactement dans le style anglais », une étable, « la plus grande de tout le Canada », et il avait bâti plusieurs maisons en rondins pour les gens qu’il avait amenés d’Angleterre afin d’aider à défricher la terre et à s’y établir. Il fut l’un des fondateurs, et directeur, de la Société d’agriculture du district de Québec en 1789.

Il semble que Toosey ait été un squire ecclésiastique éminent, du type du xviiie siècle. Il avait apparemment des ressources personnelles pour augmenter ses revenus professionnels modiques et lui permettre ainsi de prendre des risques financiers. Ses quelques lettres que l’on trouve dans les Annals of agriculture and other useful arts, éditées par Arthur Young, indiquent qu’il écrivait bien, tout en donnant dans le romantique, mais que c’était également un agriculteur pratique et intelligent ainsi qu’un fondateur d’établissements enthousiaste.

T. R. Millman

APC, MG 11, [CO 42] Q, 2, p.678 ; 28, p.161 ; 49, p.343 ; 59/1, p.598 ; 61/1, p.203 ; 66, pp.271–276, 281, 304–306 ; 69/2, pp.236s., 402s., 485 ; 72/2, pp.403–413 ; 77, pp.307s. ; 79/2, p.343.— BL, Add. mss 21 735/2, 82, 114.— QDA, 72 (C-1), 9, 14, 19, 23–26, 30–33, 129, 130 ; 84 (D-3), 20 mars, 19 avril, 25 juin, 26 nov. 1792.— USPG, Journal of SPG, 24, p.377.— Agricultural Soc. in Canada, Papers and letters on agriculture recommended to the attention of the Canadian farmers (Québec, 1790).— Annals of Agriculture and Other Useful Arts (Londres), 1784–1815 (cette revue était éditée par Arthur Young).— Gentleman’s Magazine, 1791, 895, 979.— [E. P. Gwillim (Simcoe)], The diary of Mrs. John Graves Simcoe [...], J. R. Robertson, édit. (Toronto, 1911 ; réimpr., 1973).— Isaac Weld, Travels through the states of North America, and the provinces of Upper and Lower Canada, during the years 1795, 1796, and 1797 (Londres, 1799).— La Gazette de Québec, 28 juill. 1785, 2 nov. 1797, 21 févr. 1799, 4 déc. 1833.— Alumni Cantabrigienses [...], John et J. A. Venn, compil. (10 vol. en 2 parties, Cambridge, Angl., 1922–1954), 2e partie, VI.— T. R. Millman, Jacob Mountain, first lord bishop of Quebec, a study in church and state, 1793–1825 (Toronto, 1947).— H. C. Stuart, The Church of England in Canada, 1759–1793 ; from the conquest to the establishment of the see of Quebec (Montréal, 1893).— F.-J. Audet, Le clergé protestant du Bas-Canada de 1760 à 1800, SRC Mémoires, 2e sér., VI (1900), sect. : 140s.

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T. R. Millman, « TOOSEY, PHILIP », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/toosey_philip_4F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
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