TREMAYNE, WILLIAM ANDREW (jusqu’en 1897 environ, il écrivit son nom de famille Tremaine), comédien, dramaturge et metteur en scène, né le 26 novembre 1864 à Portland, Maine, deuxième fils et troisième enfant de James Tremaine, probablement marchand, et d’Isabella Andrew ; décédé célibataire le 2 décembre 1939 à Montréal.

William Andrew Tremayne, que ses amis appelleraient Billy tout au long de sa vie, naquit aux États-Unis. Ses parents, anciens résidents de Québec, retournèrent au Bas-Canada avec leurs enfants en 1866 et s’établirent à Montréal. Tremayne fit des études à la St John’s School de Montréal [V. Edmund Wood*], et écrivit des poèmes et des nouvelles dès son jeune âge. Il travailla comme commis, notamment dans les magasins du chemin de fer du Grand Tronc à Montréal de 1892 à 1897 environ.

Dans les années 1890, et peut-être avant, Tremayne faisait du théâtre avec des troupes de répertoire locales et des troupes américaines qui se produisaient au Canada et aux États-Unis. Il acquit une certaine célébrité dans les tournées de la troupe de la vedette américaine James O’Neill. Sa première pièce en un acte, The notary, fut vendue en 1893 à Felix Morris, comédien-directeur américain (aucun exemplaire n’a été retrouvé). En collaboration avec Logan Fuller, il écrivit une comédie sur le thème de l’infidélité, Lost - 24 hours, produite en 1895 par le comédien-directeur Robert Hilliard au Hoyt’s Theatre de New York. Revue et annoncée sous le titre A New Yorker, elle fut présentée au même théâtre le 17 janvier 1898.

À partir de la fin des années 1890, Tremayne semble avoir vécu de sa plume et de son activité théâtrale ; ce fut probablement au cours de cette période qu’il travailla comme correspondant à Montréal du New York Dramatic Mirror. Il fit la connaissance du comédien Robert Bruce Mantell et écrivit au moins deux pièces expressément pour lui. La première, The secret warrant, récit romantique situé dans le Paris de 1720, fut produite à Montréal en 1898. La deuxième, The dagger and the cross, adaptation d’un roman du même titre de Joseph Hatton, fut publiée en 1899 et jouée à Toronto l’année suivante. Parmi les autres pièces datant de cette période figurent The rogue’s daughter, histoire joyeuse d’un père sans scrupules et de sa fille pleine d’esprit, mise en scène à Montréal en 1898, et A free lance, qui connut un succès considérable en Angleterre en 1901. The light of other days, drame se déroulant en Irlande et en France pendant la Révolution française, fut écrit en collaboration avec Irving Lincoln Hall ; la première eut lieu le 30 novembre 1903 au Haverley’s 14th Street Theatre de New York. En 1906, The triumph of Betty, comédie mélodramatique sur une jeune et saine Américaine à l’étranger, fut à l’affiche du New Russell Opera House à Ottawa, avec Adelaide Thurston dans le premier rôle. Avant 1912, Tremayne écrivit le livret d’une opérette intitulée The cavaliers, dont la musique fut composée par le chef d’orchestre montréalais Herbert Spencer* et qui fut présentée par la Lyric Operatic Society de Montréal. La pièce The black feather, jouée pour la première fois en 1916 au Grand Opera House de Toronto par le comédien-directeur Albert O. Brown, fut montée plus tard à Montréal, avec Basil Donn, ami de Tremayne, dans le rôle d’un officier de renseignements britannique pendant la Première Guerre mondiale. Elle fut publiée à Boston en 1918, sous le titre The man who went. La pièce The alien, mise en scène au New Russell Opera House les 13 et 14 septembre 1918, mettait en vedette Paul Cazeneuve [Georges Alba*] et sa femme, Orpha L. Alba, dans les rôles principaux. Cazeneuve traduirait en français au moins une des pièces de Tremayne.

Les années de gloire de Tremayne s’étendirent de la fin des années 1890 jusqu’en 1916 environ. Sa compréhension du théâtre commercial lui assura le succès comme dramaturge professionnel. Le grand public voulait des histoires romantiques, sentimentales et d’aventures, avec des tirades emphatiques et des exploits chevaleresques. Les comédiens populaires, tels que Mantell, attiraient les spectateurs et requéraient des pièces mettant en valeur leur style d’interprétation. Tremayne répondait à ce besoin en créant des œuvres au goût du jour. Il ne voulait pas être identifié comme un auteur strictement canadien ; il s’intéressait à un plus grand marché et ses pièces furent acclamées tant aux États-Unis et en Angleterre qu’au Canada. En 1912, Canadian men and women of the time [V. Henry James Morgan*] cita George Murray, rédacteur littéraire au Montreal Daily Star, pour dire que Tremayne était « le dramaturge le plus prolifique que le Canada ait produit jusqu’à maintenant ». Quatre ans plus tard, un chroniqueur anonyme du Saturday Night le désigna comme « le plus brillant de tous les dramaturges canadiens ».

Tout en poursuivant sa carrière de dramaturge, Tremayne avait également commencé à rédiger des scénarios de films. Il fut sous contrat pendant quelque temps avec la Vitagraph Company of America, l’une des entreprises de cinéma muet les plus réputées, à laquelle il devait fournir une comédie par semaine. Parmi ses créations les plus remarquables figurent Captain Jenks’ dilemma (1912), mettant en vedette le célèbre comédien John Bunny, et Ward’s claim (1914), court métrage western réalisé par Ulysses Davis. Dans une base de données du xxie siècle, Tremayne est cité comme l’auteur ou le coauteur de 77 scénarios de films produits aux États-Unis de 1911 à 1916, la plupart pour la Vitagraph Company of America.

Tremayne se fit aussi un nom en tant que directeur de troupes de théâtre amateur à Montréal. Nommé metteur en scène des Trinity Players en 1911, il occupa ce poste jusqu’en 1925. Il dirigea aussi les Weredale Players de l’église St Stephen, les Emmanuel Church Players, les Xmas Tree League Players de Saint-Lambert, la troupe de la Young Men’s-Young Women’s Hebrew Association, les Court Players, le Dicken’s Fellowship, les Community Players et les Little Theatre Players.

Il existe une vingtaine de pièces reconnues comme ayant été écrites par William Andrew Tremayne après 1916, mais peu d’entre elles furent mises en scène et aucun scénario ne semble avoir abouti à un film. Avec la disparition de la fonction de comédien-directeur, l’intérêt envers le travail de Tremayne déclina. Incapable d’adapter son style au nouveau courant réaliste, tant au théâtre qu’au cinéma, il prit sa retraite vers 1929. Il avait apparemment peu d’économies et survécut grâce au soutien d’amis et à la vente occasionnelle de textes pour la radio à Rupert Caplan, producteur de pièces de théâtre pour la Canadian Radio Broadcasting Commission, puis pour la Canadian Broadcasting Corporation. Il continua de promouvoir le théâtre amateur à Montréal. Avant 1900, il avait vécu avec sa sœur ; à partir de 1901, sinon plus tôt, il partagea un logement avec trois tantes, puis passa les dernières années de sa vie dans des chambres louées. Il mourut des suites d’une maladie qui dura deux ans, oublié du monde du théâtre. À son époque, il fut pourtant considéré comme l’un des dramaturges les plus connus et les plus prolifiques au Canada.

Murray D. Edwards

Quelques-unes des pièces de théâtre de William Andrew Tremayne sont conservées à la Univ. of Guelph Library, Arch. and Special Coll. (Guelph, Ontario), L. W. Conolly Theatre Arch., coll. 128 (Murray D. Edwards Theatre Hist. Coll.), mais un grand nombre de ses écrits originaux furent brûlés peu de temps après sa mort. Nous donnons un compte rendu de cette destruction dans notre article intitulé « A playwright from the Canadian past : W. A. Tremayne (1864–1939) », Hist. du théâtre au Canada (Toronto et Kingston, Ontario), 3 (1982) : 43–50. Le site Web « Internet Broadway database » mentionne plusieurs des pièces de Tremayne : www.ibdb.com (consulté le 9 juill. 2007). Sur le site Web « Internet movie database », accessible à l’adresse www.imdb.com (consulté le 9 juill. 2007), Tremayne figure comme auteur ou coauteur d’au moins 77 films muets produits entre 1911 et 1916.

BAC, R233-37-6, Montréal, quartier Saint-Laurent, subdist. A-31 : 1.— Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, Geneal. Soc., International geneal. index.— Gazette (Montréal), 4 déc. 1939.— Annuaire, Montréal, 1891–1939.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1912).— M. D. Edwards, A stage in our past, English-language theatre in eastern Canada from the 1790s to 1914 ([Toronto], 1968).— « Music and drama », Saturday Night (Toronto), 9 sept. 1916.— The New York Times theatre reviews, 1870–1919 (6 vol., New York, 1975), 3.— The Oxford companion to Canadian theatre, Eugene Benson et L. W. Conolly, édit. (Toronto, 1989).— Herbert Whittaker, Setting the stage : Montreal theatre, 1920–1949, Jonathan Rittenhouse, édit. (Montréal, 1999).— « William A. Tremayne », Variety (New York), 13 déc. 1939 : 54.

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Murray D. Edwards, « TREMAYNE (Tremaine), WILLIAM ANDREW », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 8 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/tremayne_william_andrew_16F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2015
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