VIETH (Veith), ADOLPHUS CHRISTOPH, officier dans l’armée et dans la milice, et fonctionnaire, né le 12 juin 1754 à Niedergandern (République fédérale d’Allemagne), cadet des fils de Johann Ludwig Vieth, fonctionnaire, et de sa deuxième femme, Anna Christina Vormitter, fille d’un pasteur ; le 18 janvier 1782, il épousa à Halifax Anna Dorothea Brehm, fille de Georg Philipp Brehm, de cette ville, et ils eurent 12 enfants ; décédé le 25 août 1835 au même endroit.
C’est en avril 1777 que le nom d’Adolphus Christoph Vieth apparaît pour la première fois dans des documents nord-américains, à l’occasion de sa nomination comme enseigne dans le régiment de garnison hessois von Stein, qui se trouvait alors à New York. L’année suivante, Vieth fut promu lieutenant en second dans cette unité rebaptisée régiment von Seitz et cantonnée à Halifax. Il devint lieutenant en premier en 1781. Pour s’être marié sans l’autorisation de ses supérieurs, Vieth fut arrêté et rétrogradé en 1782. Le régiment quitta la Nouvelle-Écosse en juin de l’année suivante, mais Vieth n’accompagna pas son unité et prit sa retraite deux mois plus tard. En récompense de ses états de service en temps de guerre, il reçut une concession de 600 acres située le long de la route qui relie Halifax à Lunenburg.
Même si depuis les années 1750 plusieurs douzaines de familles allemandes avaient élu domicile à Halifax, c’est l’arrivée d’officiers hessois et de loyalistes qui donna naissance, en février 1786, à la High German Society. En 1791, Vieth était secrétaire de cet organisme qui cessa apparemment ses activités cette année-là, à la suite du départ d’un bon nombre de ses membres les plus importants. Vieth se consacra ensuite à une loge maçonnique dont il fut grand secrétaire en 1815.
Le principal emploi de Vieth à Halifax fut celui de fonctionnaire du commissariat de l’armée britannique. Il débuta en 1796, à titre de premier commis à la section de la comptabilité de l’armée, puis, en décembre 1811, fut promu sous-adjoint au commissaire général et, en juillet 1821, adjoint au commissaire général. Il se retira en 1830. Vieth servit aussi comme lieutenant en premier et adjudant, puis comme capitaine, dans le 1st Halifax Militia Régiment. Vers la fin de sa vie, il assurait sa subsistance et celle de sa famille nombreuse grâce à sa demi-solde et au revenu que lui procurait sa vaste propriété de Halifax. De 1819 à 1835, la valeur imposable de cette propriété était passée de £400 à £1 100, somme importante à cette époque.
Vieth fut actif au sein de la congrégation anglicane St George, qui avait pris la relève de ce qu’on appelait la petite congrégation allemande pour desservir la communauté d’origine germanique de Halifax [V. George Wright*]. En 1800, Vieth fut chargé de recevoir les soumissions pour la construction de l’église St Georges Round et, en 1811 et 1812, il s’occupa de percevoir l’argent de la location des bancs. En 1827, il compta parmi les fidèles qui signèrent une pétition et obtinrent la division de la paroisse St Paul en deux parties, la partie nord étant rattachée à l’église St George.
En Nouvelle-Écosse, Vieth était un homme qui sortait de l’ordinaire, car il possédait des droits féodaux ou des fiefs en Allemagne. Il bénéficiait de certains privilèges sur les terres hanovriennes de Calenberg, privilèges qui lui permettaient d’y percevoir des taxes sur le grain et les céréales. En outre, il avait à plusieurs reprises (la dernière fois en 1824) reçut l’investiture du fief hessois de von Bodenhausen qui n’avait qu’une valeur nominale annuelle, mais qui conférait le droit de faire partie de la petite noblesse allemande. Malgré de nombreuses recommandations qui leur parvenaient d’Europe, les fils de Vieth laissèrent tomber ces droits après la mort de leur père.
Adolphus Christoph Vieth est digne d’intérêt car il représente le type même des membres les plus éminents de la communauté allemande de Halifax au tournant du xixe siècle. Il contribua à maintenir une présence germanique au sein du conseil paroissial et parmi les marguilliers de la paroisse St George, au moment où le caractère luthérien et allemand de la congrégation devenait anglican et anglais. Vieth appartenait à une famille de fonctionnaires de la Hesse et du Hanovre et personnifiait la compétence et l’honorabilité de ces gens en Nouvelle-Écosse. Bref, Vieth n’est pas remarquable par ce qu’il a fait, mais par ce qu’il a été.
Halifax County Registry of Deeds (Halifax), Deeds, 29 : fos 298, 302, 310, 321, 325, 329, 333.— PANS, MG 100, 242, no 29H ; RG 1, 140 : 309 ; 172 : 147 ; 223, doc. 37.— Pfarramt, Reckershausen/Niedergandern (Friedland, République fédérale d’Allemagne), Lutheran church records of the parishes of Reckershausen and Niedergandern.— « Nova Scotia state papers », APC Report, 1946 : 136.— Novascotian, or Colonial Herald, 27 août 1835.— Nova-Scotia Royal Gazette, 7 janv. 1800.— Hessische Truppen im amerikanischen Unabhängigkeitskrieg (HETRINA) : Index nach Familiennamen, E. G. Franz et al., compil. (5 vol., Marburg, République fédérale d’Allemagne, 1972–1976), 4.— Joachim Lampe, Aristokratie, Hofadel und Staatspatriziat in Kurhessen ; die Lebenskreise der hœheren Beamten an den kurhannoverschen Zentral-und Hofbehœrden, 1714–1760 (2 vol., Göttingen, République fédérale d’Allemagne, 1963).— N.-É., Provincial Museum, Report (Halifax), 1923 : 25.
Terrence M. Punch, « VIETH (Veith), ADOLPHUS CHRISTOPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 4 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/vieth_adolphus_christoph_6F.html.
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Auteur de l'article: | Terrence M. Punch |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1987 |
Année de la révision: | 1987 |
Date de consultation: | 4 nov. 2024 |