WALLACE, FRANCIS HUSTON, ministre méthodiste, théologien, éducateur et auteur, né le 5 septembre 1851 à Ingersoll, Haut-Canada, fils de Robert Wallace, ministre presbytérien, et de Mary Ann (Marianne) Barker ; le 25 juin 1878, il épousa à Metuchen, New Jersey, Johanna (Joy) Wilson, et ils eurent cinq enfants, dont deux fils et une fille atteignirent l’âge adulte ; décédé le 2 juin 1930 à Toronto.

Francis Huston Wallace fit ses études dans diverses écoles privées, dont l’Upper Canada College à Toronto. Chef de classe en 1868–1869, il s’inscrivit l’année suivante au University College de la même ville. Il n’y fut pas impressionné par la qualité de l’enseignement, mais termina sa licence avec classement au premier rang et une médaille d’or en humanités en 1873, et obtint sa maîtrise un an plus tard. Wallace et sa famille avaient supposé qu’il entrerait ensuite au Knox College et deviendrait ministre presbytérien. Pendant sa deuxième année au premier cycle, toutefois, Wallace avait traversé une crise spirituelle et douté de sa vocation. Il admettait avec son père l’absolue nécessité d’une expérience de conversion comme fondement d’une véritable vie chrétienne, mais il était incapable de ressentir cette expérience, ce qui le plongeait dans un profond désarroi.

Heureusement, à ce moment, Wallace s’était lié d’amitié avec plusieurs méthodistes perspicaces et compréhensifs. Inspiré par leurs conseils et par les offices méthodistes auxquels il assistait, il éprouva enfin « une étrange chaleur dans son cœur », à l’instar de John Wesley, et se sentit « merveilleusement heureux dans la joie du salut ». Malgré la colère et le chagrin de son père, il rejeta alors les normes de Westminster adoptées par l’Église d’Écosse en 1647, de même que la perspective de devenir ministre presbytérien. Ses amis méthodistes comprirent vite qu’il serait une précieuse recrue pour le ministère méthodiste et, grâce à leur soutien, Wallace fut autorisé à prêcher en 1873. Nathanael Burwash*, doyen fondateur de la faculté de théologie du Victoria College de Cobourg, lui laissa entendre qu’il pourrait obtenir un poste dans ce collège. Wallace s’inscrivit au Drew Theological Seminary à Madison, au New Jersey, en 1873. Diplômé en 1876, il passa ensuite un an dans l’un des établissements les plus réputés en études bibliques à l’époque, l’université de Leipzig, fréquentée par beaucoup d’étudiants étrangers en théologie. Il retournerait en Allemagne en 1911–1912 pour étudier à l’université de Berlin et, en particulier, suivre le cours offert par Adolf von Harnack, éminent historien de l’Église et homme aux idées radicales qu’il décrirait en privé comme un « unitarien des plus distingués ».

Après son ordination comme ministre méthodiste en 1878, Wallace occupa des pastorats en Ontario, soit à Peterborough, à Toronto et à Cobourg ; il y gagna l’appui de plusieurs éminents laïques ainsi que l’amitié de Samuel Sobieski Nelles* et d’autres professeurs du Victoria College. Nommé professeur d’exégèse du Nouveau Testament en 1887 à la faculté de théologie de la Victoria University, il commença à donner des cours au mois de janvier suivant. Il fut membre du corps professoral jusqu’en 1920 et doyen à compter de 1900. Enseignant et administrateur respecté et dévoué, il contribua à définir l’orientation de la faculté et la pensée théologique de beaucoup de ministres méthodistes du Canada à une époque de grandes remises en question intellectuelles, où toute une génération était influencée par les écrits de Darwin, le développement de la critique historique dans les études bibliques et la conscience croissante que la théologie chrétienne est une interprétation transitoire, comme le sont les autres constructions de l’esprit humain. Dès 1920, la faculté de théologie de Victoria et la communauté méthodiste en général avaient fini par accepter les implications des analyses contemporaines de la Bible et s’inquiétaient probablement plus des conséquences morales de la Première Guerre mondiale que de l’argumentation sur la Genèse et les prophéties.

À la Victoria University, située à Toronto à compter de 1892, Wallace avait facilité l’adaptation par sa propre façon d’aborder les études bibliques et par ses nominations à la faculté. Le changement avait cependant été marqué par deux controverses. Wallace ne joua aucun rôle officiel dans le premier incident, la démission de son ami et collègue George Coulson Workman* en 1891. Il conclut cependant que Workman, étant unitarien, ne devait pas enseigner la théologie méthodiste. Ensuite, en 1909, son ami George Jackson, récemment nommé professeur de Bible anglaise, fut menacé de licenciement pour avoir affirmé publiquement que le récit de la création dans la Genèse n’est pas un compte rendu historique. Le différend fut réglé grâce à une déclaration préparée par le successeur de Workman, John Fletcher McLaughlin, et signée par tous les professeurs de la faculté de théologie. Cette déclaration affirmait que, « tant que [les] professeurs de théologie maint[enaient] une relation vitale et personnelle avec le Christ et les Saintes Écritures et adhér[aient] aux normes doctrinales de [l]’Église [...], on [devait] les laisser libres de faire leur travail ». Cette position fut plus tard acceptée par la Conférence générale de l’Église méthodiste.

Universitaire tranquille, ferme, mais tolérant, Francis Huston Wallace avait la conviction que le Nouveau Testament est un récit « plein de vie, rempli des expériences, des difficultés, des luttes, des antagonismes, des hérésies, des arguments, des appels et de l’éloquence des hommes et des époques à qui Jésus-Christ a parlé ». L’étude de l’histoire, disait-il, a aidé les chrétiens à mieux comprendre « la réalité vivante de la Bible et de l’expérience chrétienne ». Judicieusement et peut-être à dessein, Wallace laissait la polémique à d’autres. Il donnait un enseignement savant et mesuré, et voyait d’un bon œil les changements dans le rôle de l’Église. Il ne négligeait cependant pas ses fonctions comme ministre du culte. Fervent partisan de la création de l’ordre des diaconesses dans l’Église méthodiste, il œuvra efficacement pour l’union avec les Églises presbytériennes et congrégationalistes, réalisée en 1925. Homme hospitalier, il accueillit chez lui toutes les générations d’étudiants. Surtout, il s’efforça de faire de la faculté de théologie de Victoria « un haut lieu du savoir, égal aux meilleurs établissements du continent ». Le « souvenir des bons mots et des bonnes actions » qu’il laissa à ses collègues et étudiants contribua à façonner le rôle du collège dans l’enseignement de la théologie.

Goldwin S. French

En 1921, Francis Huston Wallace termina « Memories : a family record », autobiographie rédigée à l’intention de ses enfants et de leur famille qui n’a jamais été publiée ; elle porte aussi un autre titre : « Memories of the manse, the parsonage, and the college ». L’EUC-C possède deux exemplaires de cet ouvrage dans le fonds 3170. La première feuille de l’un d’entre eux porte la mention « my own copy F. H. W. ». Wallace a publié un certain nombre d’articles, quelques opuscules et une collection de conférences, dont : « Methodist colleges : Drew Seminary », Canadian Methodist Magazine (Toronto et Halifax), 9 (janv.–juin 1879) : 217–222 ; « University life in Germany », Canadian Methodist Magazine, 17 (janv.–juin 1883) : 350–357, 422–431 ; Witnesses for Christ, or, a sketch of the history of preaching : lectures delivered under the auspices of the Theological Union of Victoria University, Cobourg, March, 1885 (Toronto, 1885) ; « The principles, methods and results of the biblical theology of the New Testament », Acta Victoriana (Toronto), 19 (1895–1896) : 93–98, 156–162 ; The interpretation of the Apocalypse : a paper read at the Theological Conference of Victoria University, November, 1902 (Toronto, 1903) ; et « Our Bible : what it is and how to use it » (texte dactylographié, 1923 ; exemplaire à l’EUC C).

EUC-C, Biog. file ; Conference file.— R. P. Bowles, « Late Reverend Professor F. H. Wallace : in memoriam [...] », New Outlook (Toronto), 20 août 1930 : 809.— Michael Gauvreau, The evangelical century : college and creed in English Canada from the Great Revival to the Great Depression (Montréal et Kingston, Ontario, 1991).— D. B. Marshall, Secularizing the faith : Canadian Protestant clergy and the crisis of belief, 1850–1940 (Toronto, 1992).— Margaret Prang, N. W. Rowell, Ontario nationalist (Toronto et Buffalo, N.Y., 1975).— « Retirement of Dean Wallace », Acta Victoriana, 44 (1919–1920) : 372–375.— Tom Sinclair-Faulkner, « Theory divided from practice : the introduction of the higher criticism into Canadian Protestant seminaries », Canadian Soc. of Church Hist., Papers (s.l.), 1980 [i.e. 1979] : 33–75.

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Goldwin S. French, « WALLACE, FRANCIS HUSTON », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 10 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/wallace_francis_huston_15F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
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