Provenance : Bibliothèque et Archives Canada/MIKAN 3710157
WALSH, JAMES MORROW, officier de la Police à cheval du Nord-Ouest, homme d’affaires et fonctionnaire, né le 22 mai 1840 à Prescott, Haut-Canada, un des neuf enfants de Lewis Walsh, charpentier de navire, et de Margaret Morrow ; le 19 avril 1870, il épousa Mary Elizabeth Mowat, et ils eurent une fille ; décédé le 25 juillet 1905 à Brockville, Ontario.
On sait peu de chose sur l’enfance et la jeunesse de James Morrow Walsh, mais la variété des emplois qu’il occupa avant l’âge de 30 ans semble indiquer que ce jeune homme était de nature romantique et n’avait pas encore trouvé sa voie. Après avoir quitté l’école, où il avait été un élève quelconque qui excellait néanmoins dans les sports, Walsh s’essaya à divers métiers : machiniste, travailleur des chemins de fer, commis dans un magasin de nouveautés, courtier à la bourse, et directeur d’hôtel. Attiré par la vie militaire comme beaucoup de ses jeunes compatriotes, il tira parti des rares possibilités qui existaient alors en Amérique du Nord britannique : il suivit les cours offerts aux officiers de la milice et servit pendant les raids féniens en 1866.
Pendant les troubles de 1869–1870 à la Rivière-Rouge (Manitoba) [V. Louis Riel*], Walsh obtint l’un des postes hautement prisés d’officier dans le 2nd (Ontario) Battalion of Rifles du corps expéditionnaire de la Rivière-Rouge ; à la dernière minute, cependant, il le refusa, probablement à cause de son mariage, le 19 avril 1870, avec Mary Elizabeth Mowat. La naissance, six mois plus tard, de l’unique enfant du couple porte à croire que ce mariage avait été décidé à la hâte.
Walsh avait d’excellentes relations politiques au Parti conservateur, alors au pouvoir. En mai 1873, on lui offrit un poste de surintendant et de sous-inspecteur dans la police à cheval que l’on constituait pour les Territoires du Nord-Ouest. Après sa nomination en septembre, il aida à recruter les membres du premier contingent et les accompagna à Winnipeg. Walsh impressionna tant le commissaire George Arthur French* qu’il fut nommé adjudant par intérim et maître-écuyer à Winnipeg, et promu inspecteur au printemps de 1874. L’année suivante, quand la police changea la désignation de ses grades, il prit le titre de surintendant. Pendant la difficile marche vers l’Ouest de l’été de 1874, Walsh avait reçu le genre de missions confirmant qu’il était considéré comme le plus digne de confiance des six commandants de troupe.
Cette confiance que l’on avait en Walsh se confirma au printemps de 1875, quand on l’envoya aux monts Cypress à la tête de la B Division pour fonder un poste indépendant auquel il était autorisé à donner son nom. Le fort Walsh (Fort Walsh, Saskatchewan) serait, durant les sept années suivantes, le plus important établissement de la Police à cheval du Nord-Ouest, et il devrait une grande partie de cette importance au fait qu’après la défaite de George Armstrong Custer à la rivière Little Bighorn (Montana) en juin 1876, Sitting Bull [Ta-tanka I-yotank*] et plusieurs milliers de Sioux se réfugieraient au Canada. La responsabilité de cette délicate et dangereuse affaire incomba donc en premier lieu à Walsh, qui gagna rapidement la confiance de Sitting Bull et d’autres chefs sioux. Quoique les Sioux aient largement dépassé les policiers en nombre, ils ne troublèrent pas la paix au Canada et s’abstinrent de faire des raids outre-frontière. Walsh savoura l’admiration que lui portaient les journaux américains, qui parlaient de lui comme du « patron de Sitting Bull ».
Le maintien de la paix parmi les Sioux n’était qu’une partie du mandat de Walsh. Le gouvernement canadien souhaitait ardemment que les Sioux retournent aux États-Unis. Avec les années, comme Sitting Bull ne manifestait aucune envie de partir, le premier ministre sir John Alexander Macdonald* commença à soupçonner Walsh de manquer d’enthousiasme pour persuader les Sioux de retourner chez eux, puis de travailler activement à empêcher leur départ. Walsh fut muté au fort Qu’Appelle (Fort Qu’Appelle, Saskatchewan) en 1880, puis, plus tard la même année, on l’écarta en l’envoyant en congé à Brockville. Il ne fut autorisé à reprendre son commandement qu’en 1881, soit après le départ de Sitting Bull pour les États-Unis. Deux ans plus tard, on le força à démissionner.
Walsh était naturellement amer d’avoir été traité de la sorte. Il avait conduit une affaire dangereuse sans d’autres véritables ressources que son courage et la force de sa personnalité. Lui demander de persuader les Sioux de partir rapidement, c’était exiger un miracle. Les Sioux souhaitaient vivement s’installer au Canada, et les autorités américaines étaient heureuses de ce choix. Seuls le temps et l’appauvrissement graduel devaient créer les conditions nécessaires pour régler le problème. Walsh s’était néanmoins mis ses supérieurs à dos par son comportement ostentatoire devant la presse. Il avait en outre perdu de la crédibilité dans la police en manifestant trop de compassion envers les autochtones et en étant trop proche d’eux. Il semble avoir eu un enfant avec une Pied-Noir et des relations avec des femmes sioux. Compte tenu de la morale de l’époque, ce comportement suffisait à lui seul à motiver son renvoi.
On ne sait presque rien de ce que fit Walsh entre 1883 et 1897. En quittant la Police à cheval du Nord-Ouest, il alla s’établir à Winnipeg, où il s’associa à deux autres personnes dans une entreprise de charbon, qu’il quitta peu après pour diriger une compagnie qui exploitait les bassins houillers de Souris, la Dominion Coal, Coke and Transportation Company. Il se lia d’amitié avec un homme politique d’avenir, le libéral Clifford Sifton*. Quand les libéraux fédéraux prirent le pouvoir en 1896, Walsh fit tout de suite parvenir au premier ministre Wilfrid Laurier* un long mémoire expliquant pourquoi il fallait procéder à une coupe sombre dans l’effectif de la Police à cheval du Nord-Ouest.
Sifton donna cependant à Walsh l’occasion de prendre sa revanche sur la Police à cheval du Nord-Ouest d’une autre manière. La ruée vers l’or du Klondike, déjà bien commencée à l’été de 1897, occupait fortement l’attention de la police. En août, Walsh fut nommé commissaire du territoire du Yukon et réintégré dans son poste de surintendant ; en octobre, on lui confia le commandement de la Police à cheval du Nord-Ouest dans le territoire. Sur les instructions de Sifton, qui était ministre de l’Intérieur, Walsh communiquait directement avec Ottawa, sans passer par le quartier-général de Regina, faisant ainsi du contingent du Yukon un corps policier pratiquement indépendant.
La nomination de Walsh indigna bien des gens de la Police à cheval du Nord-Ouest, mais ce fut sans conséquence grave, car Walsh démissionna au printemps de 1898. Son départ avait davantage à voir avec les difficultés politiques et administratives qu’il avait éprouvées comme commissaire qu’avec ses fonctions policières. La réglementation sur les mines était affreusement confuse, et Walsh ne faisait preuve d’aucune aptitude pour la démêler. De plus, en permettant aux membres de son personnel de présenter des demandes de concession minière, Walsh avait exposé son administration aux attaques politiques. Dès les premières critiques, il démissionna, et on dut le persuader de rester jusqu’à l’arrivée de son remplaçant, William Ogilvie. La retraite de Walsh fut peut-être attribuable, en partie du moins, à sa mauvaise santé. Walsh retourna à Brockville et y demeura jusqu’à sa mort.
James Morrow Walsh fut un personnage important dans plusieurs des épisodes les plus dramatiques du développement de l’Ouest canadien. Toute sa vie, il fut à son meilleur dans les affrontements et les situations qui exigeaient de la force physique. Les problèmes plus complexes et intellectuellement exigeants ont révélé ses limites.
AN, MG 26, G : 7090–7091 ; MG 27, I, B4 ; RG 18, 3, dossier 48A–75 ; 9, dossier 69–76 ; 12, dossiers 147–83, 460–80 ; 148, dossier 137–98 ; 616, lettre 86 ; 1004, dossier 16 ; 1974, lettres 349–352, 354–356, 369, 2342, 2464, 2479, 2567–2569, 2581, 2585, 2697, 2760 ; 1975, lettres 40, 345, 531, 620, 674, 967, 977, 2956, 2958 ; 2231, lettres, 7, 9.— Gendarmerie royale du Canada (Ottawa), Hist. Sect., J. M. Walsh service file.— PAM, MG 6, A1.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898).— Hall, Clifford Sifton, 1.— [J. W.] G. MacEwan, Sitting Bull : the years in Canada (Edmonton, 1973).— R. C. Macleod, The NWMP and law enforcement, 1873–1905 (Toronto, 1976).— Joseph Manzione, « I am looking to the north for my life » – Sitting Bull, 1876–1881 (Salt Lake City, Utah, 1991).— W. R. Morrison, Showing the flag : the mounted police and Canadian sovereignty in the north, 1894–1925 (Vancouver, 1985).— Standard dict. of Canadian biog. (Roberts et Tunnell), 2.— C. F. Turner, Across the medicine line (Toronto, 1973) ; « James Walsh : frontiersman », Canada : an Hist. Magazine (Toronto), 2 (1974–1975), n° 1 : 28–42.— J. P. Turner, The North-West Mounted Police, 1873–1893 [...] (2 vol., Ottawa, 1950), 1.
Roderick Charles Macleod, « WALSH, JAMES MORROW », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 10 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/walsh_james_morrow_13F.html.
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Auteur de l'article: | Roderick Charles Macleod |
Titre de l'article: | WALSH, JAMES MORROW |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
Année de la révision: | 1994 |
Date de consultation: | 10 oct. 2024 |