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WANZER, RICHARD MOTT, manufacturier, né probablement le 3 septembre 1818 dans l’état de New York ; il épousa Electa Ann Lyon, et ils eurent une fille et un fils ; décédé le 23 mars 1900 à New York et inhumé à Hamilton, Ontario.
Richard Mott Wanzer était issu d’une famille quaker et eut apparemment des emplois d’instituteur, de commis de magasin et de représentant de maisons d’édition. Il s’occupa d’édition à Buffalo, dans l’état de New York, et travailla peut-être aussi dans l’industrie de la machine à coudre aux États-Unis. Après avoir connu de graves difficultés financières, il s’installa à Hamilton vers 1859 et y fonda une usine de machines à coudre. Premier outil mécanique à faire l’objet d’une production de masse destinée à l’usage domestique, la machine à coudre constituait un gage de succès et de richesse pour ceux qui pouvaient en accaparer une part du marché. Après qu’un prototype opérationnel eut été breveté en 1846 par Elias Howe, des centaines d’usines virent le jour aux États-Unis, au Canada et dans les îles Britanniques. Grâce à leur accès facile aux voies de communication et à leur abondante main-d’œuvre, les villes de Hamilton et de Guelph devinrent les principaux centres de cette industrie dans le Haut-Canada.
Wanzer loua un immeuble en pierre à Hamilton où, en 1860, grâce au soutien de la fonderie d’Edward Gurney*, il entreprit de fabriquer les premières machines à coudre canadiennes. Il eut tôt fait de s’associer à John Neil Tarbox pour former la R. M. Wanzer and Company, qui fabriqua d’abord des machines conçues par les sociétés américaines Wheeler and Wilson et Singer. Avant l’Acte sur les brevets d’invention de 1872, les manufacturiers canadiens étaient libres de copier les brevets américains ou d’incorporer des éléments brevetés à leurs propres machines. Ils étaient aussi indépendants de la Sewing Machine Combination, puissant cartel américain qui exigeait que les manufacturiers qui utilisaient ses brevets obtiennent une licence.
En 1862, soutenant qu’il était le seul à la fabriquer, Wanzer annonça une machine à coudre domestique à navette qui combinait les meilleures caractéristiques des machines de Wheeler and Wilson et de Singer. Initialement brevetée par Christopher Lockman, machiniste de Hamilton dont les liens avec Wanzer ne sont pas bien connus, la machine « domestique à navette supprimait crochet, porte-brosse, pince, bobine et tous les petits ressorts qui déconcert[aient] et embrouill[aient] tant l’opérateur », pour les remplacer par la navette Singer. À l’époque, Wanzer employait 50 mécaniciens ; en 1864, ce nombre était porté à 70 et la compagnie affichait une production de 60 machines par semaine. En 1868, Wanzer introduisit un nouveau modèle, la Little Wanzer. Sa taille compacte, sa simplicité et son bas prix (25 $ en 1870, ou 30 $ avec support) en firent tout de suite un succès, et on en vendit plus de 4 000 dès la première année. Grâce à une bonne publicité et à de nombreuses expositions, la gamme des machines Wanzer comptait quatre nouveaux modèles en 1874.
L’augmentation de la production dans les années 1860 incita Wanzer à construire une nouvelle usine de quatre étages. Homme d’affaires énergique et plein d’initiative, il y ajouta une vaste annexe en décembre 1870 et la dota d’un équipement qui permettait une production de 1 000 machines par semaine. Jusqu’en septembre 1872, elle fut sous l’habile direction de Tarbox, l’associé de Wanzer, qui joua cette année-là un rôle crucial dans la défaite du mouvement pour la journée de neuf heures qui s’était organisé à l’usine [V. James A. Ryan]. Lorsque les employés présentèrent leur revendication, il ferma les portes de l’usine et plaça une affiche pour indiquer qu’il n’y avait plus de travail. Cependant, dès la deuxième semaine de juin, l’usine fonctionnait à pleine capacité. En 1875, Wanzer racheta apparemment la part de Tarbox ; trois ans plus tard, il construisit une nouvelle usine plus moderne au coût approximatif de 300 000 $. Il y ajouta une extension en 1884.
Bien que les efforts de Wanzer aient d’abord été dirigés vers le marché canadien, il eut tôt fait de se lancer dans l’exportation. À Londres, où il passait beaucoup de temps, un bureau s’occupait du marché étranger de la populaire Little Wanzer, beaucoup moins coûteuse que les machines américaines. Des succursales et des entrepôts surgirent par la suite un peu partout en Europe ainsi qu’en Australie, en Afrique du Sud, en Turquie, en Égypte et au Brésil. Les pièces étaient fabriquées à Hamilton et envoyées en Angleterre pour y être assemblées. En outre, l’homme d’affaires Isaac Buchanan*, de Hamilton, acquit les droits d’exportation pour les machines Wanzer, et son fils tenta sans succès d’en vendre au Japon. Wanzer reçut des médailles d’or pour ses machines à de nombreuses expositions internationales. À l’Exposition universelle de Vienne, en 1873, non seulement reçut-il un prix, mais il fut fait chevalier de l’ordre de François-Joseph.
L’une des plus importantes entreprises de la province, la R. M. Wanzer and Company porta sa production à 1 500 machines par semaine entre 1861 et 1881, période durant laquelle elle en produisit près d’un million et demi. Toutefois, la concurrence des manufacturiers américains, la faiblesse de la protection douanière, la surproduction et une baisse marquée de la demande durant la dépression des années 1880 firent grand tort à la compagnie. Afin d’obtenir des fonds pour soutenir son usine, Wanzer fit breveter un appareil d’éclairage et de cuisson, et acquit en 1885 une concession dans le but de fournir l’éclairage électrique à Hamilton. Néanmoins, en 1890, le fabricant de machines à coudre le plus important et le plus florissant de l’Ontario fit faillite. Aucune des entreprises subséquentes de Wanzer – la compagnie de lampes, une manufacture de savon, ou l’Oneida Lamp Company de Niagara Falls – ne connut de succès.
En 1898, Wanzer était ruiné ; il quitta Hamilton pour s’installer à Buffalo afin d’y lancer la Wanzer Lamp and Cooker Company. Il mourut de pneumonie à New York le 23 mars 1900. On exposa sa dépouille à l’hôtel de ville de Hamilton et on l’inhuma dans le cimetière de Hamilton. Relatant sa carrière et ses réalisations, le Hamilton Spectator le décrivit comme la « personnification du parfait gentleman, un citoyen au grand cœur et un employeur des plus généreux ».
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Nancy Kiefer, « WANZER, RICHARD MOTT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 14 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/wanzer_richard_mott_12F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/wanzer_richard_mott_12F.html |
Auteur de l'article: | Nancy Kiefer |
Titre de l'article: | WANZER, RICHARD MOTT |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 14 nov. 2024 |