WELCH (Walsh, Welsh), THOMAS, arpenteur, officier de milice, fonctionnaire et juge, né le 5 novembre 1742 au Maryland, fils de Francis Welch et d’Elizabeth Pierce ; en 1769, il épousa une dénommée Johnson, puis le 11 mai 1788, dans le comté de Harford, Maryland, Mary (Polly) Mitchell, et de ce mariage naquirent deux enfants ; décédé le 2 juillet 1816 dans le canton de Charlotteville, Haut-Canada.
Vers 1740, Francis Welch quitta Dungannon (Irlande du Nord) pour aller s’établir à Philadelphie où il fut actif dans le domaine maritime. Plus tard, après que les Français l’eurent capturé et emprisonné, on envoya son jeune fils Thomas vivre avec l’un des riches oncles de sa mère, des quakers, près de Philadelphie. Thomas Welch alla à l’école et reçut une bonne éducation. Il servit dans les forces provinciales britanniques durant la guerre de Sept Ans. Après la guerre, il acheva des études de mathématiques et fut nommé plus tard arpenteur et sous-shérif dans le comté de Berks, en Pennsylvanie. En 1769, il alla s’installer dans le comté de Frederick, au Maryland, où on l’engagea comme arpenteur adjoint, rédacteur des actes translatifs de propriété et coroner.
En février 1775, Welch refusa un renouvellement de nomination aux postes d’arpenteur adjoint et de coroner ; par la suite, il déclina une commission dans les forces révolutionnaires. Craignant pour sa sécurité quand les hostilités éclatèrent, il céda sa ferme à un ami et se dirigea vers les frontières britanniques. En octobre 1778, il reçut la commission de quartier-maître des Maryland Loyalists. L’unité fut en garnison à Pensacola (Floride) pendant trois ans, durant lesquels Welch exerça aussi la fonction de sous-ingénieur. En mai 1781, les Espagnols s’emparèrent de Pensacola ; les prisonniers britanniques furent échangés en juillet, puis envoyés à New York où Welch apprit la mort de sa femme.
À New York, Welch fut nommé capitaine d’une compagnie de réfugiés loyalistes qu’il accompagna jusqu’à ce qui est maintenant le Nouveau-Brunswick. Peu de temps après son arrivée, on le nomma arpenteur adjoint ; il est possible qu’il ait été aussi engagé comme rédacteur des actes translatifs de propriété. Il reçut une concession de 550 acres, dont seulement 25 étaient cultivables, selon lui. Après avoir résidé dans les provinces du Nouveau-Brunswick et de Québec pendant près de cinq ans, il décida de retourner au Maryland pour s’occuper de ses affaires là-bas. Il fit naufrage en s’en allant et perdit tous ses biens, y compris le titre de propriété de 1 000 acres de terre achetées en Floride pendant qu’il était en garnison à cet endroit. Avec l’aide d’amis, il réussit à s’en retourner dans le comté de Frederick où il reprit ses anciennes fonctions. Peu de temps après, il alla s’installer à Havre de Grace, se remaria et devint directeur de la Legh Furnace, forge dont le propriétaire, Legh Master, était un ancien associé. Incapable de recouvrer ses biens et ses créances d’avant la révolution, Welch demanda de l’aide au consulat de Grande-Bretagne à Philadelphie, mais sans résultat. On l’informa, cependant, que de généreuses concessions de terre étaient accordées aux Loyalistes qui s’établissaient dans le Haut-Canada.
Au milieu de septembre 1793, Welch quitta le Maryland avec sa famille et plusieurs membres de la famille de sa femme, et il arriva à Queenston, dans le Haut-Canada, en novembre. Il fut nommé arpenteur adjoint dans le comté de Lincoln et devint capitaine dans la milice locale. En juin 1794, il reçut une concession de 2 500 acres dans le comté de Lincoln ; il alla s’installer à proximité de Sugar Loaf, dans le canton de Humberstone, puis dans le canton de Thorold. Il arpenta plusieurs cantons des comtés de Lincoln et de Norfolk. Dès janvier 1794, il avait exprimé le désir de s’établir à Long Point, dans le comté de Norfolk. Le 3 décembre 1796, on le désigna premier conservateur des titres de propriété de ce comté, et il profita de l’occasion pour aller s’y installer. Il avait déjà acquis une certaine importance au niveau régional lorsque le lieutenant de comté Robert Hamilton le recommanda pour un poste de juge de paix en juin 1796 ; il reçut sa commission le mois suivant.
En janvier 1797, Welch amena sa famille dans le canton de Charlotteville et s’installa dans une ferme qui, avec le temps, devint passablement prospère. En 1808, il possédait deux maisons en bois rond et 500 acres de terre, dont 88 avaient été cultivées. Trois ans plus tard, il possédait toujours deux maisons, à la différence que l’une d’elles avait deux étages et était construite en bois équarri. La superficie de sa terre avait augmenté, totalisant alors 560 acres, mais la superficie cultivée n’était plus que de 26 acres. En plus de sa ferme, il exploita un moulin pendant un certain temps, et, tout en continuant de remplir ses fonctions officielles, il devint capitaine dans le 1er bataillon de milice de Norfolk. En 1798, des dispositions avaient été prises pour la création du district de London, et Welch demanda à y être nommé arpenteur adjoint. Les fonctionnaires du gouvernement reconnurent rapidement en lui un homme de compétence éprouvée, qui était digne de confiance pour accéder à un poste plus élevé. Welch avait fait part à Thomas Ridout*, du bureau de l’arpenteur général, de son désir d’occuper un poste dans le nouveau gouvernement local. L’information fut communiquée au juge en chef John Elmsley qui lui offrit le choix entre les fonctions de shérif et celles de greffier de la paix. Par suite d’un malentendu, Welch demanda le second poste. Le 1er janvier 1800, il fut nommé greffier de la paix, greffier de la Cour de district et greffier du tribunal des successions et tutelles. Il fut rapidement investi de nouvelles responsabilités dont il s’acquitta à la satisfaction de ses supérieurs et de ses collègues. En février, par exemple, il fut désigné à l’un des postes de commissaire de district de la Cour du banc du roi, et, le 7 mai 1802, on le nomma sous-secrétaire du district. Cependant, Welch éprouvait des difficultés financières et, au printemps de 1803, il demanda à être relevé de ses fonctions afin de pouvoir retourner dans le comté de Lincoln pour s’occuper de ses affaires. À l’automne, toutefois, il décida de conserver ses postes parce que son fils aîné, Francis Legh (Leigh) Walsh, était trop jeune pour être nommé à sa place. En juin 1806, il résigna ses fonctions de greffier de la paix et de greffier de la Cour de district parce que son « âge [...] de même que les infirmités accompagnant généralement cet âge », et l’augmentation des affaires publiques, ne lui permettaient plus de s’acquitter de ses tâches « comme [il l’aurait] souhaité ».
Welch, était, avec Samuel Ryerse, l’un des membres les plus importants d’une élite locale formée de fonctionnaires. À l’élection de 1800, cette élite gagna un puissant protecteur en la personne de l’arpenteur général, David William Smith*, qui fut élu député de la région à l’Assemblée. Welch avait été nommé directeur du scrutin dans la circonscription et, par suite des pressions exercées par les partisans de Smith, tels Robert Hamilton, John Warren et James Crooks*, il dirigea la campagne locale. Défait, l’adversaire de Smith, Richard Cockrell*, contesta ultérieurement la validité de l’élection, alléguant que Welch n’avait pas agi correctement.
Le cumul de charges chez Welch en faisait un exemple parfait du membre de l’élite. De plus, l’exercice de ses fonctions, particulièrement celles de nature juridique, l’amenait souvent à entrer en contact direct avec des gens mécontents, tel Ebenezer Allan, ou des adversaires politiques, tel Benajah Mallory*. L’élection de 1804 opposa Ryerse et Mallory après que Smith eut décidé de ne pas se représenter. La rivalité politique était vive et la victoire de Mallory ne fit que l’accroître : cette victoire mit au défi les fonctionnaires eux-mêmes. En 1805, Welch qualifia le groupe qui demandait la révocation de Ryerse et de son frère, le shérif Joseph Ryerson, de secte méthodiste associée « aux plus séditieux et corrompus personnages ». Welch se méfiait beaucoup de ce qu’il considérait comme les motifs intéressés de cette secte, son méthodisme et ses antécédents américains non loyalistes.
En dépit du caractère agité des affaires publiques dans le district, Welch continua d’accepter les fonctions qui lui étaient confiées. En 1807, on le nomma administrateur de l’école du district ; en octobre de la même année, il fut habilité à appliquer les dispositions du Sedition Act, et, en janvier 1808, il devint lieutenant adjoint du comté. Pendant un certain temps, il fut aussi l’un des commissaires de la voirie du district. Le 2 avril 1810, on le désigna juge à la Cour de district et au tribunal des successions et tutelles, et on renouvela son mandat de juge de paix. Deux jours plus tard, il fut remplacé au poste de conservateur des titres de propriété par son fils Francis Legh qui, le mois suivant, lui succéda également comme greffier du tribunal des successions et tutelles. Le 14 avril 1810, Francis Legh nomma son père conservateur adjoint des titres de propriété, et, en février 1813, il le nomma aussi greffier adjoint du tribunal des successions et tutelles.
À partir de 1810, Welch commença à abandonner quelques-uns des postes qu’il avait accumulés. En avril de cette année-là, il renonça à sa commission dans la milice en raison de son « âge avancé ». En novembre, il laissa ses fonctions de juge à cause de son « extrême indisposition ». Comme Ryerse, il s’inquiétait également de la perte imminente de sa demi-solde s’il ne se déchargeait pas lui-même de ses fonctions. En février 1812, il fut désigné commissaire en vertu de l’Alien Act, mais démissionna aussitôt, alléguant que la maladie dont il avait souffert au cours de l’année et demie précédente l’avait rendu physiquement et mentalement incapable d’assumer ces tâches.
Thomas Welch était membre de l’Église d’Angleterre et franc-maçon. Il mourut en 1816 ; sa femme et leurs deux fils lui survécurent. Le hameau et la halte de chemin de fer de Walsh furent tous deux nommés en souvenir de la famille qu’il avait établie dans le comté de Norfolk pendant les premières années de sa colonisation.
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Daniel James Brock, « WELCH (Walsh, Welsh), THOMAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 8 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/welch_thomas_5F.html.
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Auteur de l'article: | Daniel James Brock |
Titre de l'article: | WELCH (Walsh, Welsh), THOMAS |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1983 |
Année de la révision: | 1983 |
Date de consultation: | 8 nov. 2024 |