WHITE, ANDREW, artisan, homme d’affaires et milicien, né vers 1783 ; décédé le 11 juillet 1832 à Montréal.

Andrew White vivait déjà à Montréal quand, en 1805, il devint propriétaire d’un lot dans l’arrière-fief Nazareth. Charpentier-menuisier à qui on donnait à l’occasion le titre d’ébéniste, il forma en 1807 une association éphémère avec un autre charpentier-menuisier, Samuel Fox. Dès l’année suivante, il était assez prospère pour prendre trois apprentis et se marier. Mary Telfer, qu’il épousa le 18 février 1808 à Montréal, était la fille d’un tailleur de pierre ; le couple allait avoir cinq enfants. Ce fut peut-être son mariage qui poussa White, en 1809, à acheter des biens immobiliers, un lot et deux maisons de bois dans la rue Saint-Charles-Borromée, et à acquérir un banc à l’église Scotch Presbyterian, connue plus tard sous le nom d’église St Gabriel Street.

En 1810, White fonda avec l’ébéniste William Shand une. société qui allait durer jusqu’en 1815. Pendant cette période, il participa à la construction de plusieurs maisons à Montréal et dans les environs. Ainsi en 1813, il fit de la menuiserie, de la charpenterie et de la ferronnerie dans trois maisons bâties par Joseph Courselle, dit Chevallier, et Thomas Phillips. White connaissait probablement déjà Phillips, car tous deux servaient dans les Montréal Incorporated Volunteers, bataillon levé pour seconder les garnisons durant la guerre de 1812. White travailla de nouveau avec Chevallier et Phillips en 1816 ; il édifia la charpente d’un magasin qu’ils construisaient pour la Gerrard, Yeoward, Gillespie and Company [V. Samuel Gerrard*]. De plus, à titre d’entrepreneur, il eut la responsabilité de plusieurs chantiers, dont celui de la Banque de Montréal, rue Saint-Jacques, en 1818–1819, et celui d’un magasin de pierre de trois étages bâti pour la James Leslie and Company [V. James Leslie*] en 1820–1821. Par ailleurs, il se lança peut-être dans le développement immobilier : en 1817, il acheta quatre lots contigus à l’intersection des rues Vitré et Chêneville ; quant aux deux maisons de bois de la rue Saint-Charles-Borromée, elles finirent par faire place à cinq grandes maisons de pierre.

Tout en continuant de construire pour le secteur privé, White participa de plus en plus, à compter de 1819, à des travaux publics. Vers 1820, il fut l’un de ceux que Thomas Porteous, qui possédait la Compagnie des propriétaires des eaux de Montréal, chargea de faire des étais pour le réservoir de l’installation ; celui-ci menaçait de s’écrouler depuis que l’armée en avait ébranlé les fondations en nivelant la colline sur laquelle se trouvait aussi la citadelle. En 1821, associé à Thomas Phillips et aux marchands Oliver Wait et Stanley Bagg, White entreprit le creusage du canal de Lachine, un des plus importants ouvrages publics de l’époque au Bas-Canada. Les travaux commencèrent le 17 juillet mais subirent bien des retards causés par l’inexpérience des entrepreneurs et de leurs ouvriers, par la pluie qui inondait les lieux et par les désaccords avec les commissaires du canal à propos du coût des excavations supplémentaires, quand ceux-ci décidèrent de prolonger l’ouvrage depuis Windmills jusqu’au port de Montréal. En 1824, les travaux décrits dans le contrat original étaient achevés et le canal ouvert au trafic. Les commissaires ayant résolu de s’occuper eux-mêmes du prolongement, ils engagèrent White en janvier 1825 pour qu’il surveille les travaux, car il était « le plus chevronné » des entrepreneurs du début.

En mars 1827, White s’associa à trois entrepreneurs engagés dans la construction du canal Rideau, dans le Haut-Canada : Thomas Phillips, Thomas McKay* et John Redpath*. En mai, il quitta le canal de Lachine pour rejoindre Phillips et entreprendre la construction des écluses et d’autres travaux à l’île Long et aux rapides Black. Il prit en charge le chantier de l’île Long, Phillips celui des rapides Black. La qualité de leur travail leur valut des éloges enthousiastes de la part du lieutenant-colonel John By*, qui surveillait la construction du canal. Puis, son contrat terminé et l’association avec Phillips, McKay et Redpath dissoute en 1831, White retourna à Montréal.

Outre la construction, White avait d’autres intérêts commerciaux. Il était membre de la Banque d’épargne de Montréal et, pendant qu’il était associé à Wait et à Bagg, il avait spéculé sur le bois. Quant à son intérêt marqué pour le développement du transport, il naquit sans doute de sa participation à des travaux de canalisation. Actionnaire du traversier à vapeur William Annesly, qui relia Montréal à Laprairie de 1824 à 1826, il fut pendant un temps secrétaire-trésorier de la compagnie qui en était propriétaire. Il était également actionnaire d’un autre bateau à vapeur, le John By, construit à Kingston, dans le Haut-Canada, par un des entrepreneurs du canal Rideau, Robert Drummond, en 1831. Cette année-là, White acheta des terres dans le canton de Fitzroy, près des rapides de la chute du Chat, sur la rivière des Outaouais, apparemment en vue d’y bâtir un bateau à vapeur qui ferait la navette entre les rapides et Bytown. À la fin de l’année, il s’allia à un groupe qui proposait d’élargir le canal de Lachine pour lui donner au moins les dimensions du canal Rideau ; ce projet ne fut cependant entrepris qu’en 1843. Il se remit apparemment au développement immobilier en 1831. En avril, il acheta un lot et un immeuble de brique de trois étages à l’endroit où se rejoignaient les prolongements des rues Saint-Jacques et Saint-Pierre et commença à y édifier deux maisons de trois étages. En août, il acheta deux autres lots rue Saint-Jacques ; sur l’un d’eux se trouvait déjà un grand immeuble de pierre de trois étages.

C’est au milieu de toute cette activité que White succomba au choléra, « près quelques heures de maladie ». Il était âgé de 49 ans. Sa femme, Mary, était morte en novembre 1821. Le 18 février 1823, il avait épousé Margaret Logan à l’église Scotch Presbyterian ; le couple avait eu une fille. White avait été élu conseiller presbytéral de cette église en 1819 et avait été membre de son comité des affaires séculières en 1825–1826. De plus en plus riche, sa fortune fut estimée à quelque £30 000 au moment de sa mort, il avait contribué généreusement à des souscriptions pour des travaux publics et des œuvres de bienfaisance. Il avait été l’un des premiers souscripteurs du Montréal Général Hospital et, peu avant sa mort, avait été élu au conseil d’administration de l’établissement. Le fait qu’il possédait un cottage sur la rivière Saint-Pierre, à Montréal, montre qu’il était à l’aise.

Andrew White, tout comme ses anciens associés McKay et Redpath, sut passer du rang d’artisan qualifié à celui d’homme d’affaires à une époque où, en raison du grand essor du secteur de la construction à Montréal et de la forte expansion des transports dans les colonies, les hommes à la fois doués de compétences techniques, d’initiative et de sens des affaires avaient d’excellentes chances de se tailler une place. Son ascension sociale, qui accompagna sa réorientation professionnelle, se confirma à la génération suivante : son fils Andrew devint marchand à Montréal et sa fille Mary épousa l’ingénieur Nicol Hugh Baird*. White ne se signala par aucune réalisation particulière. Son importance tient plutôt à ce qu’il appartenait à un groupe d’hommes d’affaires dynamiques de Montréal qui, grâce à leurs connaissances et à leur savoir-faire, favorisèrent beaucoup les débuts du réseau canadien des transports.

John Witham

ANQ-M, CE1-126, 18 févr. 1808, 18 févr. 1823, 12 juill. 1832 ; CN1-185, 5 mars, 20 juill., 12 déc. 1807, 29 janv., 12 nov. 1808, 31 juill. 1810, 1er juin 1811 ; CN1-187, 27 févr. 1815, 18 sept. 1816, 3 janv. 1818, 15 févr., 29 août 1821, 27 juill. 1832.— AO, ms 393.— APC, MG 24, D93 ; RG 43, CIII, 2, vol. 2454–2455.— Musée McCord, Bagg papers ; Redpath papers.— Theodore Davis, Reply to remarks on the Lachine Canal (Montréal, 1822).— E. F. Bush, The builders of the Rideau Canal, 1826–32 (Canada, Direction des parcs et lieux hist. nationaux, Travail inédit, no 185, Ottawa, 1976).— R. Campbell, Hist. of Scotch Presbyterian Church, 319–320.— Denison, Canada’s first bank.— R. W. Passfield, Building the Rideau Canal : a pictorial history (Don Mills [Toronto], 1982).— Tulchinsky, « Construction of first Lachine Canal ».

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John Witham, « WHITE, ANDREW », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 13 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/white_andrew_6F.html.

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Auteur de l'article:    John Witham
Titre de l'article:    WHITE, ANDREW
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
Année de la révision:    1987
Date de consultation:    13 nov. 2024