WHITE, PETER, homme d’affaires et homme politique, né le 30 août 1838 à Pembroke, Haut-Canada, fils de Peter White et de Cécilia Thomson ; le 26 décembre 1877, il épousa à Pembroke Janet Reid Thomson, d’Ottawa, et ils eurent trois fils et une fille ; décédé le 3 mai 1906 à Clifton Springs, New York, et inhumé à Pembroke.

Le père de Peter White, un des premiers colons de Pembroke, était passé à la fabrication de bois d’œuvre après avoir fait le commerce du bois équarri. Conservateurs et membres de l’Église libre d’Écosse, les White appartenaient à l’élite locale. À l’âge de 11 ans, après des études rudimentaires, Peter fut envoyé à Bytown (Ottawa) afin de s’initier aux affaires. De retour à Pembroke pour assister son père, il se lança lui-même dans l’exploitation forestière, vers 1859, en fondant la firme A. and P. White avec son frère Andrew Thomson. L’industrie du bois leur rapportait de bons revenus et l’entreprise continua d’exister jusqu’à la mort d’Andrew en 1900. Peter White fut aussi président de la Pembroke Lumber Company, des compagnies distributrices d’électricité et d’eau de Pembroke et de la Crystal Gold Mining Company, et il appartint au conseil de l’Excelsior Life Insurance Company.

Toutefois, c’était la politique qui le passionnait. Président du conseil du canton puis du village de Pembroke de 1870 à 1875, il se consacra notamment à la promotion du Kingston and Pembroke Railway. Fort des appuis dont il jouissait dans sa localité, il se porta candidat conservateur dans la circonscription de Renfrew North aux élections fédérales de 1872, mais perdit au profit de James Findlay, rédacteur en chef du Pembroke Observer. Élu en 1874, il perdit son siège par suite d’une requête déposée par un concitoyen, l’homme d’affaires et conseiller William Murray. Puis, deux ans plus tard, il se présenta à une élection complémentaire en prévision de laquelle il conclut le marché qui allait orienter le reste de sa carrière politique. Voyant que la lutte était serrée, il demanda aux barons du bois d’obédience réformiste, dont Henry Franklin Bronson*, de ne pas user de leur pouvoir contre lui. Ceux-ci, convaincus qu’il défendrait bien leurs intérêts, lui apportèrent le soutien de leurs compagnies, lui assurant ainsi la victoire.

À la Chambre des communes, White dispensa des faveurs aux notables conservateurs de Renfrew et appuya le chemin de fer du Canada central puis le chemin de fer canadien du Pacifique, qui reliaient tous deux Pembroke aux marchés montréalais et américain. Ces activités banales masquaient toutefois un rôle plus important. Dès le début des années 1880, les membres de la Quebec Limitholders’ Association l’intégrèrent à leur comité de direction afin que l’industrie bénéficie de sa position de député. À l’époque, les entrepreneurs forestiers souhaitaient discuter conservation et s’occuper d’organisation, surtout s’ils exploitaient des concessions au Québec, où les équipes de bûcherons avaient atteint les limites de la forêt de pins située à la source de la rivière des Outaouais et parvenaient difficilement à trouver des billes de qualité. De plus, le puissant mouvement de colonisation appuyé par l’Église catholique [V. François-Xavier-Antoine Labelle*] faisait en sorte qu’on se disputait les terres forestières.

En 1882, la Quebec Limitholders’ Association profita de ce que l’American Forestry Congress tenait son assemblée à Montréal et de ce que des hommes politiques fédéraux et provinciaux étaient présents pour que ses membres les plus influents [V. James Little*] y exposent leurs vues. White présida le comité sur les incendies de forêt, qui recommanda l’adoption de règlements et l’exploitation des forêts de pin et d’épinette impropres au peuplement. L’association obtint des résultats. En 1883, le Québec constitua sa première réserve (dans le haut de la vallée de l’Outaouais) et forma un corps de gardes forestiers. L’Ontario engagea la même année un publiciste de la foresterie et instaura en 1885 un système de guet contre les incendies [V. Aubrey White*].

L’année 1886 marqua un certain recul, car la réserve québécoise fut abolie, mais les entrepreneurs forestiers ne perdirent pas foi en White. Il devait être efficace puisque, qu’ils aient été libéraux ou conservateurs, ils le soutinrent ouvertement chaque fois qu’il tenta de se faire réélire. En 1888, estimant que leurs intérêts n’étaient pas représentés dans le gouvernement de sir John Alexander Macdonald*, ils appuyèrent sa candidature au poste vacant de ministre de l’Intérieur et au siège qui était réservé, au cabinet, à un député de l’est de l’Ontario. Toutefois, le premier ministre choisit John Graham Haggart*, de Perth, qu’il nomma maître général des Postes. White, quant à lui, dut se contenter de la présidence du comité permanent de l’agriculture et de l’immigration.

Le 29 avril 1891, il accéda à la présidence des Communes. Il exerça cette fonction jusqu’en 1896, soit jusqu’au moment où les conservateurs, incapables de se donner un leadership solide et affaiblis par la controverse scolaire du Manitoba, subirent la défaite. White n’avait laissé planer aucun doute quant à sa position sur cette question : il s’opposait à l’adoption d’un projet de loi visant à rétablir le financement provincial des écoles catholiques, et il était impopulaire auprès des catholiques de sa circonscription. Défait par l’entrepreneur forestier libéral Thomas Mackie, il devint quand même membre honoraire du Conseil privé le 24 mars 1897 et mena encore d’ardentes campagnes pour les tories. Il se présenta sans succès dans Brockville à une élection complémentaire en 1899 et dans Renfrew North aux élections générales de 1900. Réélu dans cette circonscription en 1904, il mourut deux ans plus tard.

Homme d’affaires prospère, Peter White était, par vocation, un homme politique. Il chercha à jouer un rôle national, mais surmonta difficilement ses penchants régionalistes.

Robert Peter Gillis

AN, MG 26, A ; MG 28, III 26, vol. 94 : 102–103, 716.—AO, RG 22, Ser. 364, nos 916 (A. T. White), 1262 (Peter White).— City of Pembroke, Ontario, Council minutes for the village of Pembroke (mfm aux AO).— Ottawa Evening Journal, 3 mai 1906.— Pembroke Observer and Ottawa Valley Advocate, 3, 10 mai 1906.— Canadian biog. dict.—Canadian directory of parl. (Johnson).— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898).— The Canadian parliament : biographical sketches and photo-engravures of the senators and members of the House of Commons of Canada (Montréal, 1906).— R. P. Gillis et T. R. Roach, Lost initiatives : Canada’s forest industries, forest policy and forest conservation (Westport, Conn., 1986).— Newspaper reference book.

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Robert Peter Gillis, « WHITE, PETER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 9 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/white_peter_13F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
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