WRIGHT, AMOS, homme politique et fonctionnaire, né le 24 novembre 1809 près du village actuel de Mallorytown, Haut-Canada, fils d’Abraham Wright, loyaliste ; en 1833, il épousa Maria Raymond, et ils eurent au moins trois enfants ; décédé le 31 mai 1886 à Port Arthur (maintenant partie de Thunder Bay, Ontario).

Enfant, Amos Wright déménagea avec sa famille à Richmond Hill dans le comté d’York ; et il ne semble pas y avoir poursuivi ses études. Il devint fermier et propriétaire d’un moulin, et il fut élu président du conseil municipal du canton de Markham en 1850. L’année suivante, il fut élu député de la circonscription d’York East à l’Assemblée, battant Edward William Thomson*. Au début, il soutint le ministère réformiste de Francis Hincks et d’Augustin-Norbert Morin*. Comme Joseph Hartman* d’York North et David Christie* de Wentworth, il adopta une position plus radicale que le ministère, comme en témoigne le journal des débats du quatrième parlement, bien que Wright n’ait nullement voté d’une façon uniforme. Les électeurs d’York East le réélirent aux élections de 1854 de préférence à son adversaire, le réformiste modéré John Sheridan Hogan*, mais l’ambiguïté de sa position sur les questions décisives amena tant la presse clear grit que la presse conservatrice à le dénoncer. Le Toronto Daily Patriot and Express déclara que « les hauts personnages occupant des fonctions élevées flattaient et gâtaient tellement [Wright] que celui-ci semblait aussi étourdi par les honneurs inattendus qu’une charmante veuve sur le point de se marier pour la quatrième fois ».

Pendant les dix années suivantes, Wright fournit à George Brown* et au parti clear grit un appui qui ne se démentit pas dans les questions de grande portée comme la représentation basée sur la population. Cependant, ses rares interventions dans les débats et les quelques résolutions qu’il appuya révèlent l’étroitesse des intérêts d’une circonscription rurale à cette époque. Partisan de la confédération, il suivit Brown et appuya la coalition de 1864, mais il ne regagna pas les rangs de l’opposition lorsque Brown démissionna du ministère l’année suivante. L’agitation au sein des groupes réformistes du Haut-Canada en 1866 ranima certaines pressions auxquelles Wright avait résisté avec succès dix ans plus tôt et, lorsqu’ils choisirent un candidat au premier parlement du dominion, les réformistes d’York East préférèrent un porte-étendard différent, James Metcalfe.

L’absence de Wright du parlement fut brève. Le siège d’York West se libéra lors de la démission de William Pearce Howland*, nouveau lieutenant-gouverneur de l’Ontario, et Wright remporta l’élection partielle fédérale de 1868. Il décida de se retirer de la vie politique avant les élections de 1872. En 1875, Wright reçut des nominations des gouvernements libéraux de Toronto et d’Ottawa : en avril, il devint l’agent du département fédéral des Affaires indiennes et, en mai, l’agent provincial des Terres de la couronne de la région de Thunder Bay.

Quand les conservateurs furent au pouvoir au parlement fédéral après 1878, on critiqua de plus en plus le travail de Wright, mais le conflit qui entraîna son congédiement ne fut pas suscité uniquement par des différends politiques. Simon James Dawson*, député de la région, avait des opinions arrêtées sur le favoritisme local et l’exploitation du nord. Comme catholique, il exigeait la nomination d’un agent catholique par le département des Affaires indiennes afin de plaire à Mgr Jean-François Jamot, dont le diocèse incluait le nord-ouest de l’Ontario ; de son côté, Wright, méthodiste, faisait l’éloge des efforts des missionnaires méthodistes parmi les Indiens. Les tensions politiques et religieuses atteignirent leur point culminant dans un cas de conflit d’intérêts. Wright acheta à Binessie (Pinessie), le chef de la bande d’Indiens du fort William, une partie du terrain que ces Indiens avaient récemment acquis du département des Terres de la couronne. Le chef se plaignit plus tard auprès du gouvernement fédéral de ce que Wright l’avait soumis à des pressions indues pour le faire céder et que le prix auquel il avait consenti était bien inférieur à la valeur courante des terrains. Bien qu’on maintint la transaction, le gouvernement fédéral trouva là une occasion de changer de personnel sans modifier sa politique. On dit que « la conduite de monsieur Wright en cette matière avait pour le moins porté une atteinte considérable à son utilité », et, à la suite de protestations de la part de libéraux de la région, on nomma un nouvel agent du département des Affaires indiennes en 1883.

Wright conserva son emploi au provincial jusqu’à sa mort, trois ans plus tard. La surabondance des demandes de concessions gratuites de terrains, en provenance du canton de Markham, peut illustrer les liens étroits que l’agent des terres conservait avec la région où habitait encore sa famille. Wright occupa plusieurs autres postes. Il fut un des membres du « sénat » du Victoria College à Cobourg, un des juges adjoints dans le comté d’York, président du conseil des commissaires de l’école secondaire à Richmond Hill et président à la fois de l’institut des artisans et de la société d’agriculture de Thunder Bay.

Bien qu’on reconnût « son utilité et sa popularité au sein de la société », Wright demeura un acteur de peu d’importance sur la scène politique canadienne au milieu du xixe siècle. Sa carrière démontre la situation fâcheuse d’un homme politique sans allégeance particulière à une époque où l’organisation des partis allait s’accentuant ; elle illustre aussi les intérêts puissants mais limités de la société loyaliste, méthodiste et rurale qu’il représenta si longtemps ; elle jette aussi de la lumière sur le régime de récompenses politiques des années 1870, époque où on considérait que la jeune région du nord en pleine croissance était un endroit propice où nommer à des postes administratifs les hommes politiques vieillissants, pour lesquels on ne prévoyait aucune nomination au sénat.

Elizabeth Arthur

AO, MU 3 154.— APC, MG 26, A, 289 ; 293 ; RG 10, B2, 1 081 ; 1 083 ; 1 090.— Canada, prov. du, Assemblée législative, Journals, 1852–1866.— Globe, 12, 22 mars 1853.— Toronto Daily Patriot and Express, 23 févr., 18 mars 1853.— CPC, 1862–1872.— Cornell, Alignment of political groups.

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Elizabeth Arthur, « WRIGHT, AMOS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 6 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/wright_amos_11F.html.

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Auteur de l'article:    Elizabeth Arthur
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
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