CHINIC, MARTIN (baptisé Cheniqui, il signait Chinnequy en 1791 et Chinic dès 1794), marchand, juge de paix et fonctionnaire, né le 10 janvier 1770 à Québec, fils de Martin Chenneque* et de Marie-Louise Grenete ; le 15 novembre 1791, il épousa Julienne-Claire Enouille, dit Lanois, et ils eurent un fils et quatre filles, puis le 20 janvier 1817, Marie-Antoinette Bourdages, veuve de Louis Dubord ; mort noyé le 28 mars 1836 dans le Saint-Laurent.
Martin Chinic suivit les traces de son père qui appartenait au milieu des petits commerçants et expéditeurs de la basse ville de Québec. En juillet 1792, il était installé comme marchand sur la place du Marché (place Notre-Dame), mais en juin 1795 on le retrouve commis chez « M. Caldwell » (probablement Henry Caldwell*). De 1794 à 1806, manifestement établi à son compte, Chinic fit immatriculer au moins trois navires, dont l’un avec Louis Borgia, marchand et voisin de son père, et vendit de la farine, des biscuits, de l’alcool, des « marchandises d’importation », du bois, des cordages, de la toile à voile et d’autres produits.
Sans occuper une place dominante, la famille Chinic fut présente dans les cercles d’affaires de Québec durant presque tout le xixe siècle. Le fils de Martin, Joseph-Martin, se lança en affaires en janvier 1815 à titre de marchand commissionnaire et encanteur ; d’abord associé à son futur beau-frère, Alexandre-Augustin Vézina, il le fut ensuite à un autre parent, Joseph Measam. En 1816, Martin Chinic, François Quirouet et son frère Olivier formèrent l’une des quelques sociétés d’encanteurs, courtiers et marchands commissionnaires dont Québec avait besoin à titre de grand centre d’importation et de transbordement. La Quirouet, Chinic et Compagnie fut dissoute quatre ans plus tard, mais Chinic et Olivier Quirouet tinrent jusqu’en 1826 dans la rue du Sault-au-Matelot une prospère maison d’encan, de transport et de vente à commission appelée Chinic et Quirouet.
Au début des années 1820, Chinic jouissait d’un certain prestige au sein de la communauté des hommes d’affaires canadiens de la ville. Entre octobre 1820 et avril 1824, on le désigna à quelque 18 reprises (par roulement hebdomadaire) au poste d’administrateur délégué de la Banque de Québec, dont il était actionnaire. (Entre 1818, année de sa fondation, et 1835, le tiers des administrateurs de cette banque furent des francophones.) En 1826, il déposa en vain une requête pour devenir commissaire-priseur. Il faisait partie du comité de la Société d’éducation du district de Québec [V. Joseph-François Perrault] en 1821, fut juge de paix du district de Québec à compter de 1826 et devint en 1831 l’un des commissaires chargés d’ouvrir un marché dans le faubourg Saint-Roch. En outre, il fut marguillier de la paroisse Notre-Dame. Respecté de tous, Chinic était en 1829, avec plusieurs autres Canadiens, membre d’une nouvelle section de la Society of the Friends of Ireland in Quebec. Six ans plus tard, il présida un banquet au cours de célébrations qui visaient à ranimer la dévotion à saint Louis.
À la suite de la mort prématurée de son fils en 1828, Martin Chinic s’occupa d’élever ses petits-fils, Joseph-Martin et Guillaume-Eugène* ; ce dernier allait devenir un important quincaillier et assurerait ainsi la présence d’une quatrième génération de Chinic dans le milieu des affaires de Québec. Le 28 mars 1836, Martin Chinic se noya dans le Saint-Laurent. On repêcha son corps le 1er avril, et le lendemain on l’inhuma à la cathédrale. L’inventaire de ses biens suggère qu’au moment de sa mort, il faisait le commerce des étoffes, de l’alcool et d’autres marchandises. Cependant, il n’était sûrement pas prospère, car sa veuve renonça à la succession, jugeant « le tout plus onéreux que profitable ».
ANQ-Q, CE1-1, 10 janv. 1770, 15 nov. 1791, 20 janv. 1817, 2 avril 1836 ; CN1-49, 26 sept. 1826 ; CN1-116, 1er mai 1820, 4 oct. 1827, 24 juill. 1834, 9, 20 avril, 3 oct. 1836.— APC, RG 8, I (C sér.), 76 : 122, 162 ; 603 : 101 ; 1695 : 13–14 ; RG 42, E1, 1382 : 44, 47, 56 ; RG 68, General index, 1651–1841 : 245, 642.— AUM, P 58, U, Chinic et Quirouet à Eustache Soupras, 27 sept. 1824.— « Les Dénombrements de Québec » (Plessis), ANQ Rapport, 1948–1949 : 32, 87, 131, 182.— La Gazette de Québec, 1794–1824.— Quebec Mercury, 16 avril 1816.— Vindicator and Canadian Advertiser, 12 mai 1829.— Marianna O’Gallagher, Saint Patrick’s, Quebec : the building of a church and of a parish, 1827 to 1833 (Québec, 1981).— P.-G. Roy, les Cimetières de Québec (Lévis, Québec, 1941) ; Toutes Petites Choses du Régime anglais (2 sér., Québec, 1946), 1 : 274–275 ; « la Famille Chinic », BRH, 45 (1939) : 207–210.
David Roberts, « CHINIC (Chinnequy), MARTIN (baptisé Cheniqui) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 11 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/chinic_martin_7F.html.
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Auteur de l'article: | David Roberts |
Titre de l'article: | CHINIC (Chinnequy), MARTIN (baptisé Cheniqui) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1988 |
Année de la révision: | 1988 |
Date de consultation: | 11 oct. 2024 |