ACHINTRE, AUGUSTE (baptisé Joseph-Frédéric-Auguste), journaliste et essayiste, né à Besançon, France, le 19 mars 1834, fils de Guillaume-Auguste Achintre, pharmacien, et d’Anne-Marie Duprey, décédé à Montréal le 25 juin 1886.

Avant son arrivée au Canada, Auguste Achintre a mené une vie très mouvementée. Orphelin de père, il fut élevé à Aix-en-Provence, par son oncle Joseph Achintre, professeur de belles-lettres à l’université, qui eut une influence déterminante sur lui. Après avoir tenté la carrière militaire, Achintre revint, en effet, à la littérature et étudia à Paris avec les plus grands maîtres du temps. Parallèlement, il suivit des cours au Conservatoire royal de musique et de déclamation à Paris « pour perdre son accent du midi ». Parti pour un séjour de quelques semaines dans les Antilles, il passa cinq ans à l’île d’Haïti où il fonda des journaux, publia quelques livres, se mêla de politique, fut emprisonné puis condamné à mort. En 1859, à la restauration de la république par Fabre-Nicolas Geffrard, il fut gracié et nommé ambassadeur d’Haïti à Washington. Mais quand il parvint à New York après un naufrage qui l’avait amené aux Bermudes, la nouvelle république d’Haïti était provisoirement renversée, et Achintre n’était plus ambassadeur. Il s’engagea alors dans une troupe de théâtre française qui faisait une tournée en Amérique. C’est ainsi qu’il vint à Montréal vers 1861. Il décida alors de faire carrière au Canada, dans le journalisme, et s’y installa définitivement en 1866.

Pendant près de 20 ans, Achintre collabora à différents journaux dont l’Événement, à Québec, la Minerve, la Presse et surtout le Pays, à Montréal, qu’il aurait même « rédigé » pendant un moment, selon son contemporain Gustave-Adolphe Drolet. Il fut aussi rédacteur en chef de l’Opinion publique en 1875, passant ainsi des journaux de combat à une publication qui, au dire d’Achintre lui-même, se voulait « artistique et littéraire » et s’adressait indistinctement à tous les lecteurs, quelle que fût leur allégeance politique. Mais Achintre finit par ennuyer ses lecteurs, ce qui obligea George-Édouard Desbarats*, un des fondateurs du journal, à en reprendre la rédaction dès 1876 pour lui donner « une physionomie plus en rapport avec le goût, l’intelligence et les mœurs des familles canadiennes ». Achintre décida alors de rentrer en France. Dans une lettre à son protecteur Hector-Louis Langevin*, il exprime à la fois ses désillusions et ses espoirs : « Un départ précipité ; résolu tout à coup [...] Je vais tenter en France, sur un théâtre mieux disposé pour moi, ce que je n’ai pu obtenir ici. J’espère et pense trouver là, dans le travail littéraire, une vie impossible à gagner au Canada dans ce genre d’occupations. » Mais il semble qu’Achintre n’est pas plus heureux dans son pays d’origine, puisqu’on le retrouve journaliste à Montréal dans les années 1880.

Si Achintre a une place dans l’histoire des lettres canadiennes, ce n’est pas comme journaliste, mais comme auteur. En 1871, il a d’abord publié à Montréal, Manuel électoral ; portraits et dossiers parlementaires du premier parlement de Québec. À la fois savoureuse dans les portraits et rigoureuse dans les dossiers, cette œuvre obtint un grand succès à sa parution et est encore largement consultée par les historiens. En collaboration avec Joseph-Alexandre Crevier, Achintre publia en 1876 une étude intitulée l’Île Ste. Hélène : passé, présent et avenir ; géologie, paléontologie, flore et faune. Il écrivit aussi le libretto de deux opéras, publia à Paris la Dame verte ; bluette, et, au Canada, plusieurs études commandées par le gouvernement canadien sur les richesses naturelles, les canaux et l’avenir du pays.

      À côté de ces œuvres qui font leur marque dans la production littéraire de l’époque, compte tenu du fait que l’art littéraire canadien est alors à ses débuts, on doit mentionner les textes mineurs suivants, signés par Achintre : Cantate ; la Confédération, célébrant le Canada fédéré, mise en musique par Jean-Baptiste Labelle* et exécutée à l’hôtel de ville de Montréal le 7 janvier 1868 ; la série des « Croquis à la plume », publiée dans la Presse (21 mars–23 mai 1885) ; des nouvelles et des essais parus dans les Nouvelles Soirées canadiennes, dont « la Salutation des morts » (1883), « Une promenade aux environs de San-Francisco » (1882) et « l’Hiver en Canada » (1883).

Andrée Désilets

Outre son Manuel électoral, Auguste Achintre a écrit, en collaboration avec Joseph-Alexandre Crevier, l’Île Ste. Hélène : passé, présent et avenir ; géologie, paléontologie, flore et faune (Montréal, 1876).

Nous avons consulté les journaux auxquels a collaboré Achintre : l’Événement (Québec) ainsi que la Minerve, l’Opinion publique, le Pays (Montréal) et la Presse.  [a. d.] Le Canadien, 28 juin 1886.— La Patrie, 26 juin 1886.— Beaulieu et J. Hamelin, Journaux du Québec.— DOLQ, I.— Dominion annual register, 1886.— Le Jeune, Dictionnaire.— Wallace, Macmillan dict.— G.-A. Drolet, Zouaviana : étape de trente ans, 1868–1898 [...] (2e éd., Montréal, 1898).— « Biographies canadiennes », BRH, 20 (1914) : 189s.— « Les disparus », BRH, 34 (1928) : 76.

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Andrée Désilets, « ACHINTRE, AUGUSTE (baptisé Joseph-Frédéric-Auguste) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 11 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/achintre_auguste_11F.html.

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Auteur de l'article:    Andrée Désilets
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
Date de consultation:    11 oct. 2024