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ANDERSON, JOHN (originellement appelé Jack Burton), esclave fugitif, né vers 1831 et décédé après 1862.
Jack Burton était un esclave de Moses Burton de Fayette, Missouri. Le père de Jack avait échappé à l’esclavage peu après la naissance de son fils et sa mère avait été vendue à un trafiquant d’esclaves alors qu’il n’avait que sept ans. Le 25 décembre 1850, Jack épousa Marie Tomlin, esclave qui demeurait près de la propriété des Burton. Marie avait deux enfants d’un mariage précédent et allait en avoir au moins un autre de Jack. En 1853, Jack Burton fut vendu à un fermier de Glasgow, Missouri. Peu après, au cours d’une visite illégale à son épouse, il fut poursuivi par un fermier de l’endroit, Seneca T. P. Diggs ; Burton le tua et prit la fuite. Avec l’appui d’abolitionnistes, Burton réussit à se rendre au Haut-Canada, s’établissant à Windsor, chez la mère de Henry Bibb*, vers septembre 1853. Il prit alors le nom de John Anderson et travailla par la suite comme plâtrier et manœuvre à Hamilton et à Caledonia.
En 1854, les États-Unis demandèrent l’extradition d’Anderson, mais le gouverneur général de l’Amérique du Nord britannique, lord Elgin [Bruce], refusa d’émettre le mandat ; cependant, en avril 1860, William Mathews, magistrat de Brantford, emprisonna Anderson sous l’accusation de meurtre qu’il avait commis dans le Missouri. Anderson fut libéré grâce à l’intervention d’un avocat de Hamilton, Samuel B. Freeman. Peu après, les accusations de James A. Gunning, détective de Detroit, ainsi que les dépositions de certains témoins du Missouri conduisirent à nouveau Anderson en prison en octobre 1860, à la suite de l’émission d’un mandat par une Cour de magistrat de Brantford, formée de trois membres, sous l’accusation d’avoir, « de propos délibéré et avec intention criminelle, frappé à coups de couteau et tué » le fermier du Missouri. Aidé par des abolitionnistes canadiens, Freeman obtint un acte d’habeas corpus de la Cour du banc de la reine de Toronto, présidée par John Beverley Robinson, le 20 novembre 1860 [V. Archibald McLean]. Le 15 décembre, la cour décida par deux voix contre une qu’Anderson avait effectivement commis un meurtre suivant la loi du Missouri et qu’il pouvait alors être extradé conformément aux clauses du traité Webster-Ashburton de 1842. Anderson fut cependant protégé temporairement par une déclaration de la cour à l’effet que celle-ci ne s’opposerait d’aucune façon à ce qu’il s’adresse à la Cour d’appel et de pourvoi pour erreur.
L’opinion publique au Canada et en Angleterre fut pratiquement unanime à s’opposer à la décision du 15 décembre. Thomas Henning, secrétaire de l’Anti-Slavery Society of Canada, invoqua l’aide de la British and Foreign Anti-Slavery Society de Londres, laquelle demanda un acte d’habeas corpus à la Cour du banc de la reine de Westminster en janvier 1861. La cour agréa cette requête, se basant sur l’argument du demandeur que l’acte de la cour pourrait, à la suite de précédents, être appliqué au Canada. La décision de la cour fut dénoncée par une grande partie de l’opinion publique canadienne comme une immixtion dans les pouvoirs constitutionnels des tribunaux du pays. Mais avant que l’acte anglais fût mis en vigueur au Canada, les avocats d’Anderson firent directement appel à la Cour des plaids communs de Toronto ; dans sa décision du 16 février 1861, le juge en chef, William Henry Draper*, disculpa Anderson en alléguant principalement que, de fait, le mandat de la Cour de magistrat de Brantford ne l’accusait pas de meurtre. Cette cause est reliée directement à la loi d’habeas corpus adoptée en Angleterre en 1862, selon laquelle un mandat ne pouvait jamais être émis à l’intention des colonies ou possessions où existait une juridiction équivalente. Entre temps, une loi canadienne de 1861 avait retiré aux cours de magistrat la juridiction dans les causes d’extradition.
Anderson se rendit en Angleterre en juin 1861, en réponse à l’invitation d’un organisme antiesclavagiste britannique. Entre juillet et septembre 1861, il adressa la parole devant au moins 25 assemblées anti-esclavagistes à Londres et dans le sud-est de l’Angleterre. Après avoir suivi quelques cours privés, Anderson s’enrôla dans la British Training Institution à Corby, Northamptonshire. Il y demeura un an, puis il s’embarqua pour le Libéria le 24 décembre 1862. On perd alors définitivement sa trace.
Canada, prov. du, Sessional papers, 1861, 4, no 22.— G.-B., Parl., Command paper, 1861, LXIV, [2 813], pp. 293–345, Correspondence respecting the case of the fugitive slave, Anderson.— The story of the life of John Anderson, the fugitive slave, Harper Twelvetrees, édit. (Londres, 1863).— Weekly Globe, 22 févr. 1861.— Fred Landon, The Anderson fugitive case, Journal of Negro History (Lancaster, Pa, et Washington), VII (1922) : 233–242.
Robert C. Reinders, « ANDERSON, JOHN (Jack Burton) (circa 1850-1862) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 6 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/anderson_john_1831_1862_9F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/anderson_john_1831_1862_9F.html |
Auteur de l'article: | Robert C. Reinders |
Titre de l'article: | ANDERSON, JOHN (Jack Burton) (circa 1850-1862) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1977 |
Année de la révision: | 1977 |
Date de consultation: | 6 nov. 2024 |