Provenance : Avec la permission de Wikimedia Commons
BENDIXEN, FANNY, tenancière de saloon, née vers 1820 en France ; décédée le 2 mai 1899 à Barkerville, Colombie-Britannique.
On ne connaît presque rien des premières années de la vie de Fanny Bendixen. Cette femme d’origine française, apparemment attirée par la ruée vers l’or de la Californie, y épousa Louis A. Bendixen. Comme beaucoup de Californiens, le couple se laissa tenter par l’or du fleuve Fraser, en Colombie-Britannique, et il ouvrit en octobre 1862 le St George Hotel rue View à Victoria, dans l’île de Vancouver. Il semble toutefois que l’entreprise et le mariage aient tous deux battu de l’aile, et Mme Bendixen partit seule à l’été de 1865 pour Barkerville, ville champignon édifiée à la faveur des découvertes de gisements d’or. Elle revint à Victoria l’hiver suivant, au St George Hotel, car le Daily British Colonist du 4 décembre 1865 mentionne qu’elle et son mari y furent mêlés à une violente dispute avec une Française.
En 1866, Fanny Bendixen élut domicile pour de bon dans la région de Cariboo et annonça fièrement l’ouverture du Parlour, son premier saloon à Barkerville. L’établissement dut toutefois fermer rapidement ses portes, peut-être à cause de la procédure de faillite intentée cet automne-là contre le mari de Fanny, à Victoria. Il semble que Louis Bendixen ait passé les quelques années suivantes à Barkerville, mais sa femme était déjà une femme d’affaires indépendante. En juin 1867, elle ouvrit un deuxième saloon, le Bella Union, dont la publicité disait qu’il était « aménagé dans le style le plus élégant » et qu’on y servait seulement les « meilleures marques de boissons et de cigares ». Malheureusement, l’établissement fut entièrement détruit par l’incendie qui ravagea Barkerville en septembre 1868 et Fanny Bendixen essuya des pertes évaluées à 5 000 $.
Après cet incendie, Mme Bendixen semble avoir eu de la difficulté à remettre ses affaires en marche à Barkerville même si, en 1869, elle s’associa à James Burdick et qu’en 1871 les registres indiquent qu’elle était propriétaire du St George Saloon, à Barkerville. Mais déjà, à ce moment-là, elle se réinstallait au ruisseau Lightning, où l’on venait de trouver de l’or. Son saloon de Van Winkle, au dire de certains, était pourvu « d’une salle de lecture et d’une galerie de peintures parmi les plus belles » de la région et Fanny était une hôtesse populaire, même si elle ne parlait pas couramment l’anglais. En 1874, elle vendit son saloon et en ouvrit un autre appelé l’Exchange, dans la ville de Stanley. À la fin des années 1870, les beaux jours de la ruée vers l’or étaient révolus dans la région de Cariboo et Mme Bendixen retourna à Barkerville, la seule ville encore viable dans ce coin de pays. Unique femme dont le nom figurait régulièrement dans l’annuaire du commerce de cette localité, elle y tint un saloon jusque dans les années 1890. Le juge sir Matthew Baillie Begbie, à sa dernière visite dans la région de Cariboo en 1889, la trouva « en pleine forme ; voire énorme [...] même si elle était toujours de belle taille ».
Fanny Bendixen était veuve depuis 1881. Avant sa mort en 1899, elle légua ses intérêts commerciaux, c’est-à-dire son saloon et ses deux terrains situés à Barkerville, au notaire de la ville, Hugh Cochrane, qui avait épousé sa petite-nièce Leonie Fanny. Un codicille qu’elle joignit à son testament à la demande de Cochrane fit cependant l’objet d’un litige après sa mort. Dans son testament original, elle avait expressément légué ses boucles d’oreilles à Mme Andrew Kelly, l’épouse d’un hôtelier bien connu de Barkerville ; cependant quelques mois avant sa mort, alors qu’elle était dans un état presque comateux, on avait aidé la mourante à signer le codicille stipulant que sa petite-nièce héritait des boucles. Mme Kelly fit empêcher l’homologation du testament jusqu’à ce qu’un tribunal établisse que le codicille allait contre la volonté réelle de Fanny Bendixen et que celle-ci n’était pas apte à signer le document. C’est ainsi que Mme Kelly hérita des précieuses boucles d’oreilles qui témoignaient du succès de son amie Fanny comme tenancière de saloon à l’époque de la ruée vers l’or en Colombie-Britannique.
PABC, GR 1052, box 3, no 445.— Ashcroft Journal (Ashcroft, C.-B.), 29 juill., 5 août 1899.— Cariboo Sentinel (Barkerville, C.-B.), 1865–1874.— Daily British Colonist (Victoria), 23 oct. 1862, 4 déc. 1865.— Victoria directory, 1871 : 53, 71.— Richard Wright, Discover Barkerville (Vancouver, 1984).— T. W. Paterson, « British Columbia characters », Canada West Magazine (Langley, C.-B.), 7 (1977), no 1 : 37.
Sylvia M. Van Kirk, « BENDIXEN, FANNY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 4 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/bendixen_fanny_12F.html.
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Auteur de l'article: | Sylvia M. Van Kirk |
Titre de l'article: | BENDIXEN, FANNY |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 4 déc. 2024 |