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BERTRAM, GEORGE HOPE, homme d’affaires et homme politique, né le 12 mars 1847 à Fenton Barns, Écosse, fils de Hugh Bertram ; le 14 septembre 1870, il épousa à New Glasgow, Québec, Christina Murray, et ils eurent trois fils et deux filles ; décédé le 20 mars 1900 à Toronto.
George Hope Bertram doit ses prénoms à George Hope, agronome écossais et unitarien bien connu. Après avoir fréquenté l’école paroissiale de Dirleton, à proximité de Fenton Barns (propriété de Hope), Bertram fit son apprentissage à titre de marchand de fer et quincaillier. À l’âge de 18 ans, il immigra dans le Haut-Canada et s’installa à Lindsay où, en 1868, il ouvrit une quincaillerie de détail, la Bertram Brothers, en société avec son frère aîné John*, qui vivait à Peterborough et qui lui apporta un soutien financier. Le commerce allait bien et, en 1874, George racheta la part de son frère et continua seul jusqu’à ce qu’il s’établisse à Toronto, en 1881. Là, avec John, qui était resté à Peterborough, et Alexander, un autre de ses frères, il créa la Bertram and Company qui vendait au détail (et par la suite en gros) de la quincaillerie et du fer importé. En 1887, John vint s’installer à Toronto et s’intéressa davantage à la compagnie ; Alexander se retira pour travailler avec John dans une autre entreprise.
La Bertram and Company prospéra et, vers la fin de 1892, George et John se portèrent acquéreurs de la Doty Engine Works Limited, qui connaissait alors des difficultés financières. C’est là que les Bertram commencèrent à fabriquer des machines de toutes sortes, en particulier des moteurs, des chaudières, des bateaux et des navires en acier, tout en poursuivant leurs activités dans le domaine de la fonderie. Même si les deux frères étaient associés à parts égales, John consacrait la plus grande partie de son énergie au commerce du bois. C’est George principalement qui dirigeait la Bertram and Company et la Bertram Engine Works, constituée juridiquement en 1894 sous le nom de Bertram Engine Works Company Limited, et pour laquelle on allait offrir des actions. Parmi les premiers qui en acquirent figuraient les hommes d’affaires torontois William Mellis Christie, Edmund Boyd Osler* et John Speirs Playfair. Néanmoins, les Bertram gardèrent une participation majoritaire et c’est George qui en fut le président. En 1897, son fils, John H., et un associé assumèrent la responsabilité de la Bertram and Company pendant que lui essayait d’étendre les activités d’usinage de moteurs à la fabrication de machinerie utilisée dans les mines et de mettre l’accent sur la construction de navires en acier. Les deux frères continuèrent de s’intéresser au commerce de la quincaillerie par le biais d’une entreprise secondaire, la Toronto File Company.
Bertram fit preuve de civisme tant sur le plan local que national. De 1884 à sa mort, il fut membre du Board of Trade de Toronto, prit une part active au sein de l’Église unitarienne et de la St Andrew’s Society et fit des dons généreux, particulièrement au Grace Hospital. Pendant les années 1890, il apporta son soutien au mouvement de réforme municipale ; en 1895, il milita, avec d’autres, pour que le système d’éclairage des rues devienne propriété municipale (c’était incidemment à son avantage, puisque son atelier d’usinage avait toutes les chances d’obtenir les contrats de fabrication de chaudières et de générateurs) et, en 1895–1896, il mena la campagne qui visait au maintien du service de tramway le dimanche.
Comme son frère aîné, qui avait exercé les fonctions de député, George était un fervent libéral, mais il avait des opinions qui lui étaient propres. En qualité de président d’une entreprise manufacturière torontoise de premier rang et de partisan bien connu du parti, il correspondit avec Wilfrid Laurier*, premier ministre libéral depuis 1896, relativement à l’attribution des marchés gouvernementaux et à la politique économique. Avant les élections du 23 juin 1896, au moment où les dirigeants libéraux cherchaient à définir une politique susceptible de remplacer la politique discréditée de réciprocité sans restriction [V. sir James David Edgar], Bertram demanda à Laurier quel parti il prendrait. Ce dernier profita de l’occasion pour se prononcer, dans une lettre rendue publique, contre le libre-échange et pour un retour à la politique libérale traditionnelle en matière de tarif fiscal. À la suite de cet événement, certains manufacturiers de l’Ontario se servirent de plus en plus de Bertram pour faire connaître leurs préoccupations au premier ministre. C’est à leur suggestion, par exemple, que le 27 juin Bertram conseilla à Laurier de ne pas choisir sir Richard John Cartwright* comme ministre des Finances – il y avait des candidats plus intéressants, y compris William Stevens Fielding*. Quand il fut question de la préférence accordée aux pays de l’Empire en 1897, c’est de son propre chef que Bertram prévint le gouvernement que cette politique allait froisser les États-Unis et il suggéra plutôt un système de tarifs à deux paliers. Le gouvernement adopta une version modifiée de cette proposition.
Afin que Bertram puisse se porter candidat, on s’arrangea, vers la fin de l’année 1897, pour que William Lount quitte son siège de Toronto Centre en lui promettant en retour un poste dans le système judiciaire. Soutenu par divers membres du parti, en particulier par John Stephen Willison*, rédacteur en chef du Globe, Bertram défit Oliver Aiken Howland à l’élection partielle du 30 novembre. Un industriel bien en vue comme Bertram constituait indéniablement une recrue de choix, d’autant plus que ses recommandations partaient toujours d’un bon jugement et d’une étude attentive. On reconnut sa valeur en lui demandant d’ouvrir la séance de commentaires sur le discours du trône en 1898.
Malgré la confiance qu’il témoignait au parti libéral, Bertram ne se rangea pas toujours à ses vues : parfois il optait pour le soutien de ce qu’il estimait être dans l’intérêt du pays. Sa dernière intervention importante au Parlement débuta au printemps de 1899 ; il tenta alors de persuader le cabinet de constituer juridiquement la Canadian Inland Transportation Company, dont il était un directeur, afin de créer une flotte canadienne pour le transport du grain et du minerai. Même si Bertram avait l’appui d’une partie du caucus et de certains journaux, le cabinet refusa de garantir le rendement de 3 % des obligations de la compagnie et rien ne fut mis en œuvre. Néanmoins, il continua de promouvoir vigoureusement le projet d’une flotte canadienne, parce qu’il était contrarié de voir des navires américains, plutôt que canadiens, avoir la haute main sur le transport fluvial. Il n’agissait pas uniquement dans le but de favoriser sa propre compagnie, une parmi la demi-douzaine de sociétés canadiennes en mesure de construire les bateaux en acier qu’il fallait.
Durant les trois dernières années de sa vie, George Hope Bertram souffrit du cancer. Il réussit toutefois à rester actif jusqu’à six mois avant sa mort. Confiné alors chez lui, il continua d’effectuer des démarches par la poste en vue d’obtenir une flotte de navigation fluviale canadienne. Il avait largement subvenu aux besoins de ses enfants de son vivant, et à son décès, en 1900, il laissa une modeste succession. C’est John Bertram qui continua d’exploiter la Bertram Engine Works Company Limited, l’une des entreprises manufacturières les plus importantes de Toronto au début du siècle.
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Ronald J. Stagg, « BERTRAM, GEORGE HOPE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/bertram_george_hope_12F.html.
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Auteur de l'article: | Ronald J. Stagg |
Titre de l'article: | BERTRAM, GEORGE HOPE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 2 oct. 2024 |