Titre original :  Hewitt Bostock., BM1,S5,P0193

Provenance : Lien

BOSTOCK, HEWITT, éleveur, homme d’affaires et homme politique, né le 31 mai 1864 à Walton on the Hill, Surrey, Angleterre, fils aîné de Samuel Bostock et de Marian Iliff ; le 12 juin 1890, il épousa à Surbiton, Angleterre, Lizzie Jean McCombie Cowie, et ils eurent quatre filles et trois fils ; décédé le 28 avril 1930 à Monte Creek, Colombie-Britannique.

Le père de Hewitt Bostock, Samuel, s’enrichit grâce à des investissements à la Bourse de Londres pendant la période de prospérité survenue au milieu de l’époque victorienne. Ainsi, il put installer sa famille à The Hermitage, dans la paroisse de Walton on the Hill, près d’Epsom, où il joua le rôle de châtelain et où naquit Hewitt. Bien que Samuel Bostock soit mort lorsque son fils aîné n’avait que quatre ans, sa famille resta fortunée. À l’âge de dix ans, Hewitt fut placé dans un pensionnat de Brighton, puis il étudia à Guildford. Entré au Trinity College de Cambridge en 1882, il y obtint un diplôme de mathématiques en 1885. Il y recevrait une maîtrise ès arts en 1890. Une pneumonie contractée au cours d’une expédition d’escalade en Suisse en 1881 ne l’empêcha pas de faire bonne figure dans la pratique de l’aviron à Cambridge en 1883. Bostock accumulait les diplômes, mais il donne l’impression d’avoir abordé le travail intellectuel en dilettante. Il obtint de justesse sa licence ès arts et, même s’il fut reçu au barreau par la Lincoln’s Inn en 1888 à Londres, il ne pratiqua jamais le droit.

Bostock fit son premier voyage au Canada en 1886 en compagnie de sa sœur Marian Iliff (May) et de quelques amis. En visitant Ottawa, il observa les édifices du Parlement et vit le premier ministre conservateur, sir John Alexander Macdonald* (« un homme de belle apparence », nota-t-il). De confession anglicane, il se lia avec le chanoine William Henry Cooper, qui l’année suivante prit en charge la mission de l’Église d’Angleterre à Kamloops, en Colombie-Britannique. Apparemment, ce fut cette rencontre qui l’amena à se rendre dans la vallée de la Thompson en 1888 au cours d’un voyage en Amérique du Nord, aux Antipodes, en Chine et au Japon. À cette occasion, il acheta le ranch du colon anglais Jacob Duck pour la somme de 45 000 $. Peut-être cette propriété située à Ducks – ainsi que l’on appelait ce coin de pays – n’était-elle alors guère autre chose pour lui qu’un investissement supplémentaire dans un portefeuille déjà bien garni, une retraite exotique et de bon rapport où il irait en vacances à l’occasion. En 1890, Bostock et sa nouvelle épouse, Lizzie Jean McCombie Cowie, passèrent une partie de leur lune de miel au ranch, et ils y retournèrent en 1891. Deux ans plus tard, ils quittèrent l’Angleterre pour s’établir en Colombie-Britannique. Ils se firent construire une belle maison dans un quartier chic de Victoria, laissant le ranch aux bons soins d’un régisseur.

Conservateur en Angleterre, Bostock découvrit au Canada qu’il préférait la politique libérale de libéralisation des échanges au tarif instauré par le gouvernement Macdonald. En avril 1894, il lança à Victoria un hebdomadaire opposé à la Politique nationale, le Province. En septembre, le chef libéral Wilfrid Laurier* visita la Colombie-Britannique et le convainquit de se porter candidat dans la circonscription de Yale-Cariboo. Dès lors, Bostock passa plus de temps à Monte Creek (nouveau nom de Ducks), où il bâtit une vaste maison de ranch pour sa famille de plus en plus nombreuse. À la même époque, il fonda la Kootenay Lumber Company. Dès 1895, l’impression qu’il avait faite sur les gens du lieu était assez bonne pour qu’il soit élu président de la Kamloops Agricultural Association. Il était le premier titulaire de ce poste.

La carrière politique de Bostock commença aux élections fédérales de 1896. Discrètement, il acheta l’Inland Sentinel de Kamloops et, tandis qu’il faisait la tournée des hameaux, le rédacteur en chef engagé par lui, le libéral Francis John Deane, mena une campagne efficace et coûteuse contre le puissant député sortant, le conservateur John Andrew Mara. Après avoir dépensé 1 350 $ (par rapport à 500 $ dans le cas de Mara), Bostock récolta une confortable majorité. Il siégea durant un mandat sous Laurier. Outre qu’il fut whip du caucus, il se fit remarquer surtout en présentant un projet de loi qui, eût-il été adopté, aurait consacré une pratique en vigueur dans les chemins de fer, soit le transport gratuit des parlementaires. Bien dans l’esprit de son temps, Bostock voulait mettre un terme à l’immigration chinoise ; selon lui, elle représentait une menace raciale, sociale et économique pour le Canada. Les Européens du Sud lui inspiraient aussi du mépris. En 1897, il déclara : « les Italiens constituent un danger presque aussi grand que les Chinois ». Bostock ne chercha pas à se faire réélire en 1900.

À l’aube du xxe siècle, Bostock fit deux gestes importants. Premièrement, en 1898, sur les instances du milieu des affaires de Vancouver, il lança une édition quotidienne du Province sur le continent et en fit une entreprise en association avec Walter Cameron Nichol (à qui il finit par vendre sa part). Deuxièmement, il se départit de sa maison de Victoria et s’installa avec sa famille au ranch de Monte Creek. Il trouva d’autres occasions d’investir dans cette région, devint président de la Tranquille Creek Hydraulic and Quartz Mining Company Limited et bâtit deux édifices commerciaux dans la rue Main à Kamloops.

Nommé au Sénat en 1904, Bostock y devint leader des libéraux dix ans plus tard. Comme la plupart des libéraux, il combattit deux mesures législatives du gouvernement conservateur de Robert Laird Borden* : le projet de loi d’aide à la marine en 1913 et la Loi des élections en temps de guerre en 1917. Naguère attaché aux privilèges des Canadiens de souche, il dénonça le cynisme de ce projet de loi qui enlevait le droit de vote à de loyaux immigrants canadiens. Néanmoins, il se joignit aux forces conscriptionnistes et parcourut l’Ouest en 1917 en défendant l’idée d’un gouvernement d’union. (L’année précédente, son fils Alexander Hewitt avait été tué au combat en France.) Nommé à la fin de décembre 1921 ministre des Travaux publics dans le premier cabinet de William Lyon Mackenzie King*, il quitta ce poste un peu plus d’un mois après, quand il devint président du Sénat. Il avait alors déjà acquis une certaine notoriété pour son opposition à la nationalisation des chemins de fer. En 1925, il fit partie de la délégation du Canada à la sixième assemblée de la Société des nations à Genève. Jeune homme au moment de son entrée en politique, il restait, à la veille de sa mort en 1930, l’un des rares survivants parmi ses contemporains de l’ancien gouvernement Laurier et était l’un des doyens du Sénat.

« D’une politesse raffinée », « gentleman campagnard », « homme cultivé, capable, d’un naturel bienveillant et d’une belle présence », tels sont quelques-uns des termes employés au sujet de Bostock dans des nécrologies et mémoires. Sa dignité semble avoir été le fondement de sa carrière. Il appartenait à la section canadienne de la British Empire League, à la Canadian Forestry Association, à l’Interior Stock Raisers’ Association of British Columbia, au Rideau Club d’Ottawa, aux premiers clubs de golf et de badminton de Victoria, à la franc-maçonnerie, à l’Alpine Club of Canada et à l’Association ambulancière Saint-Jean, dont il était président national au moment de son décès. En outre, il était fellow du Royal Colonial Institute et de la Royal Agricultural Society en Angleterre. Patriarche d’une famille de trois garçons et de quatre filles, il insistait sur la valeur des études supérieures. Deux de ses fils obtinrent des diplômes de génie (et l’un d’eux un doctorat en géologie). Sa fille aînée étudia à la University of London et pratiqua la médecine à Londres et en Inde.

Hewitt Bostock mourut d’urémie et fut inhumé dans sa propriété de Monte Creek, dans le cimetière familial voisin de la petite église en bois qu’il avait érigée en 1926 à la mémoire de son fils Alexander Hewitt. En 1932, une montagne située à une centaine de milles au sud-ouest reçut le nom de Hewitt Bostock.

John Douglas Belshaw et Elisabeth Duckworth

Kamloops Museum and Arch. (Kamloops, C. B.), Vertical files, Bostock family.— Inland Sentinel (Kamloops), 4 sept. 1896, 12 févr., 30 avril 1897.— Times (Londres), 14 juin 1890, 30 avril 1930.— Mary Balf, Kamloops : a history of the district up to 1914 (3e éd., Kamloops, 1989).— A. L. Earl, « Monte Creek : the western frontier : politics, murder and robbery », dans Reflections : Thompson valley histories, Wayne Norton et Wilf Schmidt, édit. (Kamloops, 1994), 131–134.— Standard dict. of Canadian biog. (Roberts et Tunnell).

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John Douglas Belshaw et Elisabeth Duckworth, « BOSTOCK, HEWITT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 31 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/bostock_hewitt_15F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
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