CHABOULIÉ (Chaboillez), CHARLES, sculpteur et menuisier, fils de Jean Chaboulié, de mêmes métiers, et de Marie Le Hour, de Saint-Rémi de Troyes, en Champagne. Il naquit vers 1638, s’il faut en croire son acte d’inhumation du 20 août 1708 dans lequel on le dit âgé d’à peu près 70 ans ; par contre, dans son acte de mariage du 13 octobre 1704 avec Angélique Dandonneau Du Sablé, qui avait 21 ans, il se dit âgé d’environ 50 ans.

On ignore à quelle date il vint au Canada. Massicotte a supposé qu’à l’occasion d’un voyage en France le fondateur des frères Hospitaliers, François Charon de La Barre, le ramena avec lui en 1700 ; on sait maintenant que, avant de venir à Montréal, Chaboulié passa quelques années à Québec et faillit même s’y marier. Il participa très probablement à la construction du couvent des Récollets de la Place d’Armes, commencée en juillet 1693, et exerça sûrement une forte influence sur l’école de sculpture de cette ville.

Le 6 mai 1701, arrivé à Montréal, il se donnait aux frères Hospitaliers. Peut-être Charon eut-il alors l’intention d’ouvrir, avec son aide et celle de Pierre Le Ber, une école d’arts et métiers ? Si tel est le cas, son projet n’eut pas de suite, car Chaboulié, sa tardive vocation éteinte, s’associait le 7 mai 1702 à un cousin, Laurent Rousseau, dit Larose, ancien sergent dans les troupes de la marine. Rousseau devait cultiver une terre. de la côte Saint-Laurent tandis que Chaboulié terminerait le tabernacle de la chapelle des Récollets ; par la suite, ils vivraient ensemble du fruit de leurs métiers respectifs. En 1704, il prend Charles Achard en apprentissage et s’engage à lui montrer son art de sculpteur et son métier de menuisier. Divers faits permettent de croire qu’il était fort obligeant, et l’inventaire après décès de ses biens montre qu’il a tiré une honnête subsistance non seulement de la sculpture mais aussi de la menuiserie.

Chaboulié avait des relations amicales avec le sculpteur Noël Levasseur : en 1702, encore célibataire, il promit de léguer tous ses biens au premier-né des Levasseur.

Il ne reste que des vestiges de l’œuvre de Chaboulié. Ses importants ouvrages pour les chapelles de l’Hôtel-Dieu et de la congrégation de Notre-Dame ont péri dans l’incendie de ces maisons, et le tabernacle des Récollets a disparu. On lui attribue quelques madones, dont une à l’Hôtel-Dieu ainsi que des chandeliers tournés et sculptés à l’Hôpital Général.

Sa femme se remaria en 1710 et, une dizaine d’années plus tard, alla s’établir dans l’Ouest ; elle mourut a Détroit en 1764. De son mariage avec Chaboulié, elle eut trois enfants : deux filles et un fils, Charles, né en 1706, qui sera l’ancêtre d’une nombreuse descendance de trafiquants puis de traitants en fourrures ; deux au moins d’entre eux furent les commensaux des grands bourgeois de la Compagnie du Nord-Ouest. Parmi les autres membres marquants de la famille, il convient de mentionner le marchand Charles-Jean-Baptiste Chaboillez* et le notaire Louis Chaboillez*.

Jules Bazin

AHDM, Livre de comptes, I (1705–1708).— AJM, Greffe d’Antoine Adhémar, 6 mai 1701, 7 mai 1702, 31 mars et 8 oct. 1704 ; Greffe de Michel Lepailleur, 13 mai 1703, 16 janv. 1707.— AJQ, Greffe de Louis Chambalon, 6 juill. 1694, 29 juin 1695 ; Greffe de Guillaume Roger, 9 oct. 1695.— ANDM, Registres des baptêmes, mariages et sépultures de Notre-Dame de Montréal.— É.-Z. Massicotte, Inventaire des documents et des imprimés concernant la communauté des frères Charon de l’Hôpital Général de Montréal sous le régime français, RAPQ, 1923–24 : 173, 193.— Gosselin, LÉglise du Canada, I : 120.— G. Morisset, Coup dœil sur les arts en Nouvelle-France (Québec, 1941), 32, 155.— É.-Z. Massicotte, Les Chaboillez : une famille de traitants au xviiie et au xixe siècles, BRH, XXVIII (1922) : 184–188, passim ; Quelques sculpteurs montréalais sous la domination française, BRH, XXXIV (1928) : 538 ; L’apprentissage au bon vieux temps, BRH, XLIV (1938) : 365.

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Jules Bazin, « CHABOULIÉ (Chaboillez), CHARLES (mort en 1708) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/chaboulie_charles_2F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
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