ERMATINGER (Ermintinger, Armitinger), LAWRENCE, marchand, baptisé le 29 octobre 1736 à Schaffhouse, Suisse, fils de Laurenz Ermatinger, armurier, et d’Anna Maria Buhl, décédé le 6 octobre 1789 à Montréal.

Lawrence Ermatinger, associé de la maison Trye and Ermatinger, marchands de Londres, arriva à Montréal peu après la Conquête et se lança rapidement dans le commerce. Sa première transaction commerciale enregistrée à Montréal date du 16 février 1762. Le 15 octobre 1763, il signa un contrat de trois ans avec Forrest Oakes. À l’expiration de ce contrat, Ermatinger continua de livrer des marchandises à Oakes ainsi qu’à d’autres sociétés pour leurs entreprises de traite des fourrures. Il envoyait ces produits à Michillimakinac (Mackinaw City, Michigan) et à Grand Portage (près de Grand Portage, Minnesota). Il faisait également office d’agent pour le transport des marchandises et des passagers à destination de l’Angleterre.

En 1767, l’associé d’Ermatinger, James Trye, mourut en Angleterre, et Ermatinger s’efforça vainement de régler les affaires de la société. Il se vit contraint de retourner en Angleterre en novembre 1769 et de se déclarer failli mais il réussit à sauver une partie de son commerce et, avec l’aide d’amis et de créanciers, revint à Montréal en juin 1770. Il loua une maison, aménagea son magasin pour faire le commerce de détail et fit débarquer sa marchandise. Le 10 juillet 1770, le feu détruisit sa maison et ses bureaux ; cependant, grâce aux produits qu’il put récupérer et aux autres qui n’étaient pas arrivés au moment de l’incendie, il reprit son commerce. Son installation brûla de nouveau le 19 novembre 1772. Le 7 novembre 1774, Ermatinger acheta une maison, rue Saint-Paul, qu’il assura pour £400 à Londres et qu’il voulut rendre à l’épreuve du feu au moyen de plaques de fer importées d’Angleterre. Pendant l’occupation de Montréal (1775–1776), l’administrateur américain de la ville ordonna l’arrestation d’Ermatinger et de neuf autres défenseurs notoires de la couronne, lorsqu’il apprit la défaite du général de brigade Richard Montgomery à Québec. Cet acte arbitraire souleva de fortes protestations de la part des Montréalais, et les prisonniers furent relâchés. Ermatinger se vit forcé de mettre sa marchandise en dépôt et de s’en aller à la campagne pour éviter les Américains. Il subit des pertes financières mais se trouva bientôt mêlé au commerce de fournitures militaires à l’armée britannique.

Malgré ses revers, Ermatinger s’arrangea pour continuer ses activités dans la traite des fourrures. Son nom apparaît régulièrement sur la liste des bénéficiaires de congés de traite, de 1769 à 1778. On le retrouve engagé dans le financement d’associations comme celle de Forrest Oakes et de Charles Boyer. En 1779, une compagnie éphémère fut constituée, la North West Company, regroupant neuf sociétés différentes détenant au total 16 actions ; l’une des actions appartenait à Oakes and Company, société aux mains d’Ermatinger et de Forrest Oakes.

Ermatinger remplit aussi les fonctions d’agent de plusieurs négociants londoniens pendant presque toute sa carrière de marchand à Montréal. Il tenait ses commettants au courant de l’état du marché canadien et, grâce à ces conseils, on lui envoyait la marchandise en dépôt. Il la vendait et achetait des chargements à expédier en Angleterre ou à envoyer directement à un marché étranger. Il recevait parfois des directives quant à ce qu’il fallait faire des produits mais ses commettants se fiaient généralement à son bon sens pour l’achat et la vente. Tout en étant agent, Ermatinger travaillait aussi parfois à commission pour des marchands de Londres ; il fit également du commerce à son propre compte. Avant 1773, il importait des marchandises pour son commerce directement des fabricants anglais mais, à cause de leurs multiples irrégularités, il estima plus profitable de payer une commission et que tout son approvisionnement fût expédié par un seul établissement.

La prospérité d’Ermatinger ne dura pas. Il accumula de grosses dettes et, en août 1783, dut donner en garantie tous ses biens immobiliers et personnels à une maison de négociants londoniens. Il fut obligé de vendre le terrain et la maison de la rue Saint-Paul. De 1783 à sa mort, Ermatinger ne fit plus partie de la vie commerçante de Montréal. Il mourut intestat le 6 octobre 1789.

Au cours de sa vie active, Ermatinger avait fait partie du groupe des marchands anglais qui cherchèrent à profiter du commerce canadien après la Conquête et qui constituèrent des comités, rédigèrent des pétitions, adoptèrent des propositions et, de façon générale, s’efforcèrent d’influencer la situation politique et économique du Canada. Il fut également l’un des premiers membres d’une organisation maçonnique à Montréal, avec le beau-frère de sa femme, Edward William Gray*.

Quelques années après son arrivée au Canada, Ermatinger avait épousé Jemima Oakes, la sœur de Forrest. Ils eurent huit enfants dont Frederick William*, shérif de Montréal et l’un des premiers administrateurs de la Banque de Montréal, Charles Oakes*, trafiquant de fourrures, et Lawrence Edward, commissaire général adjoint de l’armée britannique.

M. Momryk

ANQ-M, État civil, Anglicans, Christ Church (Montréal), 8 oct. 1789 ; Greffe d’E. W. Gray, 18 août 1783 ; Greffe de J. A. Gray, 25 août 1809.— APC, MG 19, A2, sér. 1, 1, 3 ; sér. 3, 31, 63, 192, 193, 199, 201, 203 ; sér. 4, 1 ; MG 30, D1, 12 ; RG 4, B28, 24s.— PRO, B 4/20, f.11 ; B 6/4, f.66.— Docs. relating to NWC (Wallace).— La Gazette de Québec, 20 juin, 25 juill. 1765, 16 mars 1767, 23 juill., 3 déc. 1772, 9 sept. 1779, 25 sept. 1783.— E. H. Capp, The story of Baw-a-ting, being the annals of Sault Sainte Marie (Sault-Sainte-Marie, Ont., 1904 ; réimpr., 1907).— Isabel Craig, Economic conditions in Canada, 1763–1783 (thèse de m.a., McGill University, Montréal, 1937).— D. B. Miquelon, The Baby family in the trade of Canada, 1750–1820 (thèse de m.a., Carleton University, Ottawa, [1966]).— A. S. Morton, Forrest Oakes, Charles Boyer, Joseph Fulton, and Peter Pangman in the north-west, 1765–1793, SRC Mémoires, 3e sér., XXXI (1937), sect. ii : 87–100.

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M. Momryk, « ERMATINGER (Ermintinger, Armitinger), LAWRENCE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/ermatinger_lawrence_4F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
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