DCB/DBC Mobile beta
+

Dans le cadre de l’accord de financement entre le Dictionnaire biographique du Canada et le Musée canadien de l’histoire, nous vous invitons à participer à un court sondage.

Je veux participer maintenant.

Je participerai plus tard.

Je ne veux pas participer.

J’ai déjà répondu au sondage

Nouvelles du DBC/DCB

Nouvelles biographies

Biographies modifiées

Biographie du jour

LÉPINE, AMBROISE-DYDIME – Volume XV (1921-1930)

né le 18 mars 1840 à Saint-Boniface (Winnipeg)

La Confédération

Le gouvernement responsable

Sir John Alexander Macdonald

De la colonie de la Rivière-Rouge au Manitoba (1812–1870)

Sir Wilfrid Laurier

Sir George-Étienne Cartier

Sports et sportifs

Les fenians

Les femmes dans le DBC/DCB

Les conférences de Charlottetown et de Québec en 1864

Les textes introductifs du DBC/DCB

Les Acadiens

Module éducatif

La guerre de 1812

Les premiers ministres du Canada en temps de guerre

La Première Guerre mondiale

Filion, Joseph-PhilÉas (on l’a souvent désigné sous les prénoms de Joseph-Philias), comédien, auteur, directeur artistique et censeur municipal, né le 7 juin 1871 dans la paroisse Notre-Dame de Montréal, fils de Guillaume Filion, charpentier, et de Marie Fortin ; décédé célibataire le 6 novembre 1940 à Montréal.

Joseph-Philéas Filion entreprend ses études à l’école de Sainte-Geneviève (Montréal) et les poursuit au collège de Saint-Laurent à Montréal, où, fort probablement, il s’adonne au théâtre amateur. À l’âge de 18 ans, il fait ses véritables débuts de comédien avec la Compagnie franco-canadienne qui se produit au théâtre Lyceum, situé à l’angle des rues Saint-Dominique et Sainte-Catherine, sous la direction de A.-P. Pigeon. Le 10 novembre 1923, l’auteur et critique Henri Letondal* écrira dans la Patrie que ce théâtre suscitait la désolation : « Le Théâtre Lyceum était une espèce de baraque où il n’y avait pas de sièges ; le plancher de la salle était tout simplement la terre, comme au cirque ; les loges d’artistes étaient en toile. Tout allait à l’avenant. » La troupe, qui joue du mélodrame et de la comédie, se produit également à Québec. Le 21 novembre 1898, Léon Petitjean [V. Aurore Gagnon*] et Antoine Bailly, dit Antoine Godeau, fondent le Théâtre des variétés, logé au-dessus d’un magasin, au 1056 de la rue Sainte-Catherine, près de l’avenue Papineau, avec une troupe composée des futures grandes vedettes de la scène professionnelle canadienne-française, parmi lesquelles figurent Joseph-Sergius Archambault, dit Palmieri, Elzéar Hamel et Filion. Le théâtre ferme ses portes après un peu plus d’une saison d’activité.

C’est assurément avec l’ouverture du Théâtre national français, inauguré le 12 août 1900 à l’angle des rues Sainte-Catherine et Beaudry, que la carrière de Filion prend véritablement son envol. Julien Daoust*, alors directeur artistique et propriétaire-locataire du National, forme sa troupe des meilleurs artistes de Montréal, auxquels s’ajoutent les principaux comédiens du Théâtre des variétés. Après seulement deux semaines, à cause de difficultés financières, il remet la salle entre les mains de l’homme d’affaires George Gauvreau, qui en confie la direction artistique à Paul Cazeneuve [Georges Alba*]. Filion y interprète les grands premiers rôles, les rôles de caractères, les pères nobles et les grands premiers comiques. Avec ses compères Hamel et Palmieri, il forme un trio appelé « les Trois Mousquetaires en chapeaux de castor du Faubourg de Québec ». Le National n’hésite pas à encourager les dramaturges canadiens et Filion participe à la création de pièces canadiennes telles que, en 1902, Jean sans nom de Germain Beaulieu* et Fleur de lys de Rodolphe Girard, où il tient le premier rôle, et, en 1903, Hindelang et de Lorimier de Colombine, pseudonyme d’Éva Circé*, et Joe Montferrand de Louis Guyon. Le 11 février 1904, le National lance même un concours de pièces de théâtre en un acte pour les auteurs canadiens ; Filion fait partie de la distribution des pièces gagnantes, jouées en lever de rideau. Il participe activement à ce concours en proposant sa pièce l’Envers du rideau, créée au National le 17 mars 1904. De sa fondation jusqu’en 1910, le National offre au public plus de 4 000 représentations, étalées sur 405 semaines et constituées de plus de 300 drames, comédies, vaudevilles et opérettes. Les semaines de travail d’un comédien canadien-français, où alternent répétitions, représentations, et préparation des costumes, décors et accessoires, sont chargées, et les cachets hebdomadaires, dérisoires : 3 $ pour un rôle de figurant, 25 $ pour un rôle ordinaire. Pour leur part, les étrangers gagnent 75 $ ; c’est là que le bât blesse. En août 1915, Filion assume la direction artistique du National ; il devient ainsi le premier artiste canadien-français à occuper cette fonction. L’aventure ne dure cependant que trois semaines, en raison de la fusion de la troupe du National avec celle de Daoust.

Entre 1916 et 1917, Filion enregistre pour la compagnie new-yorkaise Columbia des extraits de l’Aiglon et de Cyrano de Bergerac, d’Edmond Rostand, et de l’Épave, de François Coppée. En 1917, il quitte le Théâtre national français où, depuis 1900, il a parfait son art en côtoyant des artistes français. Il se joint au Théâtre canadien-français, dont le directeur, Charles Schauten, fonde la troupe nommée l’Alliance artistique. En 1918, il fait partie momentanément de la troupe d’Edgar Becman, comédien d’origine belge, au théâtre Orpheum, avant que cette dernière ne déclare faillite. Dès lors, il devient membre, pour trois ans, de celle de Fred Barry et d’Albert Simard*, dit Albert Duquesne, qui alterne les représentations à Montréal et à Québec.

De 1921 à 1930, la même troupe, dont Filion fait toujours partie, se retrouve au théâtre Saint-Denis de Montréal pendant la semaine et à Trois-Rivières, Joliette, Sorel (Sorel-Tracy), Victoriaville et Shawinigan Falls (Shawinigan), entre autres, pendant la fin de semaine. C’est d’ailleurs au Saint-Denis que la représentation, par une troupe française, de l’opérette Phi-Phi d’Henri Christiné, qui prône l’amour en dehors des liens du mariage, suscite un grand émoi. Le 26 février 1930, juste au moment d’entrer en scène, 17 artistes de la troupe sont arrêtés pour « représentation immorale ». Ils doivent verser une caution pour recouvrer la liberté. À la suite de cet incident, la ville ouvre un poste de censeur municipal. Filion hérite de cette fonction qu’il occupera jusqu’à son décès. Il délaisse la scène pour remplir son nouveau rôle, qui consiste à veiller à la moralité des spectacles tels les music-halls, les revues, les vaudevilles, les pièces burlesques, les drames et les comédies. Les directeurs doivent lui soumettre à l’avance les programmes qu’ils désirent offrir au public. C’est l’occasion pour lui de constituer une bibliothèque théâtrale dont bénéficiera la Bibliothèque de la ville de Montréal après sa mort.

Le 16 novembre 1940, Letondal rend hommage à Filion dans le périodique montréalais Radiomonde : « Dès les premières manifestations de l’art dramatique français au Canada, on voit Filion se mêler aux artistes venus de Paris. À leur contact, il perfectionne des dons qui lui sont propres. Il ne les copie pas, il s’en inspire. Il a pour eux une admiration qui lui vaut les meilleurs conseils. » Son rapprochement avec les comédiens français, en particulier Romuald Joubé, Victor Francen et Georges Colin, n’est pas étranger au fait qu’il a appris la technique de la mise en scène pointée qui consiste en une description écrite et précise de la mise en place, des mouvements et du jeu des acteurs, technique que Filion, en 1932, a enseignée au père Émile Legault*, directeur de la scène du collège de Saint-Laurent et futur fondateur des Compagnons de Saint-Laurent.

Joseph-Philéas Filion compte parmi les pionniers qui se sont battus pour l’établissement d’une scène francophone permanente à Montréal à la fin du xixe siècle et au début du xxe. Même si les premières tentatives sont demeurées infructueuses en raison du peu de moyens dont disposaient les troupes et, surtout, en raison de leur manque d’organisation, Filion a toujours participé à ces entreprises. Ni les échecs ni les dures exigences du métier de comédien n’ont eu raison de son amour du théâtre et de sa détermination à offrir une scène francophone au public montréalais.


Denis Carrier

Certains auteurs qui ont écrit sur Joseph-Philéas Filion le prénomment à tort Jean-Paul, probablement parce qu’il était souvent désigné, de son vivant, par ses seules initiales, J.-P. Selon son acte de baptême, son prénom est Joseph-Philéas. Plusieurs articles parus au moment de son décès donnent la variante Joseph-Philias.

BAnQ-CAM, CE601-S51, 8 juin 1871.— Le Devoir, 7 nov. 1940.— La Patrie, 5 oct. 1907 ; 4 sept. 1915 ; 10 nov. 1923 ; 27 févr., 19 juin 1930.— La Presse, 22 avril 1902, 22 déc. 1934.— Radiomonde (Montréal), 16 nov. 1940.— BAC, « le Gramophone virtuel : enregistrements historiques canadiens » : www.collectionscanada.ca/gramophone (consulté le 26 avril 2006).— Jean Béraud, 350 ans de théâtre au Canada français (Ottawa, 1958).— Denise Villiard Bériault, Saint-Laurent : un collège se raconte : 120 ans de collège, 10 ans de cégep (Montréal, 1977).— Anne Caron, le Père Émile Legault et le théâtre au Québec (Montréal, 1978).— Denis Carrier, « le Théâtre national, 1900–1923 : histoire et évolution » (thèse de ph.d., univ. Laval, 1991).— Mario Filion, « Bienvenue sur la toile des Filion, Fillion, Philion et Phillion d’Amérique » : www3.sympatico.ca/mario.filion (consulté le 26 avril 2006).— Gazette officielle de Québec, 1906 : 308.— Léopold Houlé, l’Histoire du théâtre au Canada : pour un retour aux classiques (Montréal, 1945).— Jean Laflamme et Rémi Tourangeau, l’Église et le Théâtre au Québec (Montréal, 1979).— Philippe Laframboise, Fred Barry et la petite histoire du théâtre au Québec (Montréal, 1996).— J.-M. Larrue, « l’Activité théâtrale à Montréal : de 1880 à 1914 » (thèse de ph.d., 2 vol., univ. de Montréal, 1987) ; « Entrée en scène des professionnels, 1825–1930 », dans Renée Legris et al., le Théâtre au Québec, 1825–1980 : repères et perspectives (Montréal, 1988), 25–61 ; le Théâtre à Montréal à la fin du xixe siècle (Montréal, 1981).— Alonzo Le Blanc, « l’Institution théâtrale francophone à Montréal au début du xxe siècle », l’Annuaire théâtral (Montréal), automne 1988–printemps 1989 : 153–161.— Denyse Martineau, Juliette Béliveau (Montréal, 1970).— H. P. Miery [J.-S. Archambault], « Notre portrait de 1ère page : M. J. Philias Filion », le Rigolo (Montréal), 1 ([1904]) : 97.— E. B. Moogk, En remontant les années : l’histoire et l’héritage de l’enregistrement sonore au Canada ; des débuts à 1930 (Ottawa, 1975).— Palmieri [J.-S. Archambault], Mes souvenirs de théâtre (Montréal, 1944).— Robert Prévost, Que sont-ils devenus ? (Montréal, 1939).

Bibliographie générale

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Denis Carrier, « FILION, JOSEPH-PHILÉAS (Joseph-Philias) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 18 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/filion_joseph_phileas_16F.html.

Information à utiliser pour d'autres types de référence bibliographique


Permalien: http://www.biographi.ca/fr/bio/filion_joseph_phileas_16F.html
Auteur de l'article:    Denis Carrier
Titre de l'article:    FILION, JOSEPH-PHILÉAS (Joseph-Philias)
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2013
Année de la révision:    2016
Date de consultation:    18 mars 2024