Claude Greysolon de La Tourette (circa 1683–1716) a fait fortune dans la traite des fourrures. Venu en Nouvelle-France avec son frère Daniel Greysolon Duluth, il l’accompagne dans les pays de l’Ouest en 1683, puis dirige les postes fondés par celui-ci au lac Nipigon et à Kaministiquia. Il s’y acquitte fort bien de la mission d’établir des relations commerciales avec les Autochtones. Les actionnaires de l’ancienne compagnie de la Ferme du Roi entament toutefois des poursuites judiciaires contre La Tourette, qui retourne en France vers 1695.

GREYSOLON DE LA TOURETTE, CLAUDE, écuyer, trafiquant de fourrures, frère de Daniel Greysolon Dulhut, né vers 1660 probablement à Saint-Germain-Laval, en France, décédé après 1716 en France, probablement à Lyon.

La date d’arrivée de La Tourette en Nouvelle-France demeure incertaine. Il vint peut-être en 1675 avec Dulhut, ou peut-être seulement en 1682 quand ce dernier revint dans la colonie après avoir essayé, en vain, d’obtenir de Seignelay, fils du ministre de la Marine, la concession d’une seigneurie dans les terres qu’il pourrait éventuellement revendiquer à l’ouest du lac Supérieur. En 1683, les deux frères, porteurs d’une commission du gouverneur Joseph-Antoine Le Febvre* de La Barre, partirent ensemble vers les Grands Lacs les plus à l’ouest avec un convoi de 15 canots.

Dans les pays de l’Ouest, La Tourette fut chargé de diriger les postes que son frère fonda au lac Nipigon et à Kaministiquia. Entre autres tâches, il devait établir des relations commerciales avec les membres des Premières Nations vivant sur les territoires qui s’étendaient entre le lac Supérieur et la baie d’Hudson, et se rendre à Montréal pour trouver des engagés et acheter les marchandises qui servaient à la traite. Certains indices nous permettent de déduire que La Tourette s’est fort bien acquitté de cette mission. En 1687, au cours d’un de ses voyages dans la colonie, il informa le gouverneur Jacques-René de Brisay de Denonville que plus de 1 500 Autochtones étaient venus faire la traite des fourrures à ses postes. Quand il repartit vers l’Ouest en 1688, il emmenait un contingent de 200 hommes, dont 30 étaient ses propres engagés. À cette époque-là, la carrière de Dulhut dans l’Ouest avait pris fin, mais La Tourette continua de diriger les deux postes jusqu’en 1693 environ.

La Tourette retourna probablement en France vers 1695 ; on ne sait d’ailleurs presque rien de sa vie après cette date. Toutefois, il semble qu’il ait fait fortune grâce à la traite des fourrures puisqu’en 1700 il prêta la somme de 10 800# aux procureurs de la ville de Lyon, où il avait établi son domicile. Pendant ce temps-là, en Nouvelle-France, les actionnaires de l’ancienne compagnie de la Ferme du Roi entamaient des poursuites judiciaires contre lui devant le Conseil supérieur pour recouvrer la somme de 3 186# que lui avait prêtée Charles Aubert de La Chesnaye en 1685. Le procès, auquel La Tourette se fit représenter par un fondé de pouvoir, se poursuivit jusqu’en 1716 et se termina par un jugement qui lui ordonnait de payer la somme en question. C’est la dernière fois qu’il est fait mention de lui dans les archives canadiennes. L’hypothèse selon laquelle il serait revenu en Amérique pour assumer le commandement d’un poste dans le pays des Illinois en 1728 reste sans fondement.

Yves F. Zoltvany

On fait mention de La Tourette ici et là dans plusieurs volumes et plusieurs articles, mais ce sont des sources douteuses. L’erreur la plus fréquente consiste à lui donner le prénom de Charles au lieu de Claude, à affirmer qu’il est venu au Canada en 1675, qu’il a accompagné Dulhut dans son expédition vers l’Ouest en 1678, et qu’il est revenu prendre le commandement d’un poste dans le pays des Illinois en 1728. Nous n’avons rien trouvé qui puisse appuyer ces affirmations.  [y. f. z.]

AN, Col., C11A, 6, 9 ; F3, 7.— Découvertes et établissements des Français (Margry), VI.— Jug. et délib., III, V, VI.— P.-G. et A. Roy, Inv. greffes not., I, IV, V, XI, XVIII.— É.-Z. Massicotte, Daniel de Greysolon, sieur du Lhut, Claude de Greysolon, sieur de La Tourette, et Jean-Jacques Patron, BRH, XXXIII (1927) : 139–147.

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Yves F. Zoltvany, « GREYSOLON DE LA TOURETTE, CLAUDE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 13 juin 2025, https://www.biographi.ca/fr/bio/greysolon_de_la_tourette_claude_2F.html.

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Auteur de l'article:    Yves F. Zoltvany
Titre de l'article:    GREYSOLON DE LA TOURETTE, CLAUDE
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    2025
Date de consultation:    13 juin 2025