JENNINGS, AMELIA CLOTILDA, poète et romancière, née à Halifax, fille de Joseph Jennings et d’Ann Leighton ; décédée célibataire en 1895, probablement en septembre, à Montréal.

Fille d’un marchand anglais de tissus et d’articles de mercerie qui fut conseiller municipal et maire de Halifax pendant un mandat, Amelia Clotilda Jennings grandit à Linden Hall ; cette maison, près du fort Needham, à Halifax, lui inspira le titre de Linden rhymes pour son recueil de poésies publié dans cette ville en 1854, et celui de Letters from « Linden Hill » pour une série de lettres qui parurent en 1852–1853 dans le Provincial : or Halifax Monthly Magazine, revue dirigée par Mary Jane Katzmann*. Écrites sur un ton alerte et anecdotique, ces lettres fictives qui traitent de fantaisies galantes, de la vie sociale de Halifax et de l’ironie du destin témoignent d’une bonne maîtrise du tour de phrase et d’un penchant pour la satire légère : « Certains, que vous avez connus, sont morts et d’autres sont mariés, et votre ami – monsieur Parktons – belle Lily, n’est encore ni l’un ni l’autre [...] On croit qu’il y a des gens dans le monde – mais ce n’est pas le cas du gentilhomme précédemment mentionné – qui ne prendraient pas toute une gerbe de lis en échange de vous. »

Les poèmes sur les fleurs sauvages de la Nouvelle-Écosse, que Mlle Jennings publia aussi dans le Provincial, sont conventionnels tant par le sentiment que par le style, tout comme les poèmes de Lynden rhymes, dédiés « avec son consentement » à lady Seymour, épouse du commandant en chef des forces navales sir George Francis Seymour, et vendus 5s l’exemplaire. L’auteure s’occupa de très près de la publication du recueil ; ainsi en juillet 1854 envoya-telle à son imprimeur de Bridgewater, Robert Dawson, « quelques lignes » d’une annonce décrivant l’ouvrage à paraître, en lui précisant qu’elle souhaitait « voir [son] livre publié dans deux ou trois semaines ». La même année, elle remporta des prix à la Nova Scotia Industrial Exhibition pour son conte moral The white rose in Acadia et son poème Autumn in Nova Scotia, qu’elle publia dans le même livre en 1855 sous le pseudonyme de Maude. Le conte profita certainement de la popularité d’Évangéline que le poète américain Henry Wadsworth Longfellow avait fait paraître à Boston en 1847. C’est une histoire d’« orgueil irrationnel » dans laquelle une jeune Anglaise vivant dans la vallée de la rivière Gaspereau, en Nouvelle-Écosse, cause la mort de son amoureux acadien à l’époque de la déportation de 1755. Un poème qu’elle avait écrit en l’honneur du poète écossais Robert Burns parut, semble-t-il, dans un volume publié en 1859, et les strophes signées « From Nova Scotia ; by a lady », qui se trouvent dans The Burns centenary poems [...], publié cette année-là à Glasgow, en Écosse, seraient de sa main.

D’après des documents de l’époque, Amelia Clotilda Jennings aurait également publié dans le Saturday Reader de Montréal au cours des deux années d’existence de cette revue, de 1865 à 1867. On peut lire dans la chronique « To correspondents » des notes adressées à « Alma » et à « Maude » dans lesquelles le rédacteur en chef rejette certains textes proposés. Or ces noms rappellent un pseudonyme que Mlle Jennings a utilisé, Maude Alma, et laissent à entendre qu’elle pourrait être l’auteure de certains poèmes et nouvelles venant de Halifax et portant des pseudonymes inconnus.

À la mort de leur père et de leur mère à leur maison de Poplar Grove, à Halifax, en 1868 et 1870 respectivement, Amelia Clotilda Jennings et sa sœur Harriet touchèrent un héritage. Elles avaient peut-être déjà quitté Halifax en 1874 quand la romancière publia Isabel Leicester, a romance dans le Hamilton Spectator, car il n’y a rien de vraiment néo-écossais dans cette histoire d’une jeune fille riche contrainte par la mort de son père à devenir une gouvernante pauvre. Constamment forcée de ravaler sa fierté, Isabel Leicester trouve finalement le bonheur et une place dans la société grâce au mariage. Sans être à la hauteur de ce que Letters from « Linden Hill » avaient fait espérer, ce roman n’en est pas moins d’une lecture agréable grâce à la relation de l’héroïne avec ses élèves, la révélation de la véritable amitié et un sauvetage dramatique sur les rochers menacés par la marée.

Amelia Clotilda Jennings serait allée s’établir à Montréal vers 1875, et son nom figure dans le Montreal directory de 1884–1885. D’après le titre d’un recueil de vers publié en 1883 sous le pseudonyme de Mileta, North Mountain, near Grand-Pré, et qu’on lui a attribué, elle s’intéressait toujours à sa province natale, et c’est comme écrivaine néo-écossaise que le Dominion Illustrated de Montréal la présenta, le 15 juin 1889, en publiant son poème Sable Island. Elle continua à écrire pour la chronique « Red and blue pencil » du Dominion Illustrated quelques années encore avant sa mort en 1895, à Montréal. Sa sœur Harriet mourut le 6 septembre, soit trois semaines avant la parution d’une notice nécrologique annonçant la mort récente d’Amelia Clotilda, sous la rubrique « Old and new » de la Gazette de Montréal. Même si ses écrits n’ont pas eu beaucoup d’incidence sur l’évolution de la littérature canadienne, Amelia Clotilda Jennings représente bien une foule d’auteurs qui, publiant dans des périodiques, maîtrisaient bien le court récit sans toutefois ne jamais dépasser les conventions de la fiction et de la poésie populaires.

Gwendolyn Davies

L’édition en livre de The white rose in Acadia, and Autumn in Nova Scotia parut à Halifax en 1855, sous le pseudonyme de Maude. Le poème en hommage à Robert Burns qu’Amelia Clotilda Jennings est censée avoir écrit a été publié dans The Burns centenary poems ; a collection of fifty of the best out of many hundreds written on occasion of the centenary celebration [...], George Anderson et John Finlay, édit. (Glasgow, Écosse, 1859).

ANQ-M, CE1-48, 6 sept. 1895.— DUA, MS 4-77, Jennings à Robert Dawson, juill. 1854.— Halifax County Court of Probate (Halifax), Acts, 3 : 344 ; Wills, 1861–1877 : 538–544 (mfm aux PANS).— PANS, MG 12, misc., 6, no 35 : 9–10, 48–49 ; RG 3, 1, no 86 ; RG 32, WB, 38, no 599.— « To correspondents », Saturday Reader (Montréal), 19 mai 1866 : 176 ; 30 mars 1867 : 60.— Evening Reporter and Daily and Tri-Weekly Times (Halifax), 8, 10 sept. 1868.— Gazette (Montréal), 28 sept. 1895.— Morning Chronicle (Halifax), 7 sept. 1868.— C. C. James, A bibliography of Canadian poetry (English) (Toronto, 1899).— Gwendolyn Davies, « A literary study of selected periodicals from Maritime Canada, 1789–1872 » (thèse de ph.d., York Univ., Toronto, 1980), 242–247.

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Gwendolyn Davies, « JENNINGS, AMELIA CLOTILDA », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 9 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/jennings_amelia_clotilda_12F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
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