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LEGARÉ, PIERRE-THÉOPHILE, marchand, industriel et philanthrope, né le 12 février 1851 à Charlesbourg, Bas-Canada, aîné de Pierre Legaré, forgeron et agriculteur, et d’Eulalie Renault ; le 24 juillet 1876, il épousa à Charlesbourg Camile Bédard (décédée en 1902), et ils adoptèrent au moins trois filles en plus d’héberger des orphelins, puis le 10 février 1903 à Ottawa Ethel Caroline Griffith, et de ce mariage naquirent un fils et une fille ; décédé le 2 juillet 1926 à sa résidence d’été de Saint-Benoît-Abbé (Packington, Québec) et inhumé au cimetière Notre-Dame de Belmont à Sainte-Foy, Québec.

Pierre-Théophile Legaré fréquente d’abord l’école paroissiale avant d’étudier au petit séminaire de Québec à compter de 1861. En février 1866, il entreprend un cours commercial au collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière puis, l’année suivante, poursuit ses études à l’académie commerciale de Québec. En 1871, il fait un stage « industriel » aux États-Unis.

Legaré est d’abord associé à son père dans une petite fabrique d’instruments aratoires située à Charlesbourg et sans doute créée à la fin des années 1860 ; ils seraient demeurés associés jusqu’en 1877. Le fils reprend alors l’affaire à son compte et s’installe rue Saint-Vallier à Saint-Sauveur (Québec). En 1879, il devient représentant de la G. M. Cossitt and Brother Company de Brockville, en Ontario, spécialisée dans la fabrication d’instruments agricoles. Peu de temps après, il se lance dans la fabrication de voitures hippomobiles, mais son entreprise est totalement anéantie au moment de la conflagration qui rase le tiers de Saint-Sauveur le 16 mai 1889.

Pour relancer ses affaires, Legaré s’associe, le 17 janvier 1890, avec le marchand montréalais Robert Johnston Latimer. La firme Latimer et Legaré se spécialise dans la vente d’instruments aratoires, voitures et machinerie diverse. En plus du magasin de la rue Saint-Vallier, elle en possède un rue Saint-Paul, dans la basse ville de Québec. L’association se terminera le 1er novembre 1896. À cette date, la valeur estimée de l’entreprise, dont Legaré deviendra le seul propriétaire et qui prendra le nom de P. T. Legaré, se situera entre 20 000 et 35 000 $.

Logiquement, Legaré s’intéresse aussi à l’agriculture et à son amélioration : il investit avec son père et d’autres associés dans une beurrerie à Charlesbourg et participe à l’organisation de l’Exposition provinciale de Québec. Toutefois, plus la décennie avance, plus ses activités commerciales prennent de l’importance. Ainsi, Latimer et lui se permettent d’engager des employés, dont deux personnes qui marqueront profondément l’histoire de l’entreprise : Joseph-Herman Fortier, qui entre chez Latimer et Legaré en 1893 comme sténographe et dont le rôle sera particulièrement important, puis Pierre-Wilfrid Fortier, le frère de Joseph-Herman, engagé en 1895 comme dactylographe. Diplômés de l’académie commerciale de Québec, ces derniers deviennent vite membres de la famille Legaré en épousant les belles-sœurs du patron. Joseph-Herman Fortier est « l’âme dirigeante » de l’entreprise après que Legaré lui en confie la gestion financière en 1903. La même année, les frères Fortier sont invités à devenir des associés à parts égales avec le fondateur. La P. T. Legaré amorce alors son expansion territoriale par la création de succursales et d’agences dans plusieurs villes de la province de Québec. C’est l’une des premières chaînes de magasins créées au Canada.

Les succursales se multiplient si bien – il y en a 11 en 1910 – qu’à compter de cette date le progrès est phénoménal. L’entreprise devient alors une société à responsabilité limitée sous le nom de P. T. Legaré Limitée avec une valeur estimée d’environ 100 000 $, qui passera à plus d’un million de dollars en 1920. Les techniques les plus modernes de marketing sont utilisées : publicité dans la presse à grand tirage, instauration d’un service de vente postale par catalogues ainsi que vente à crédit. La P. T. Legaré Limitée offre de tout : machines agricoles variées, voitures à cheval, biens pour la maison tels que meubles, poêles à bois, réfrigérateurs, machines à laver, instruments de musique, et autres.

Legaré et ses associés deviennent également manufacturiers. Ils se portent acquéreurs en 1916 de la Percival Plow and Stove Company Limited de Merrickville, en Ontario, qui fabrique des poêles et des instruments aratoires. En 1917, ils fondent la Dominion Carriage Company Limited. Située à Montréal-Est, cette entreprise, qui sera en exploitation jusqu’au 1er décembre 1924, devient l’une des plus importantes manufactures de voitures hippomobiles au pays. C’est la popularité de l’automobile qui amènera les associés à la fermer.

Legaré et les frères Fortier s’ajustent au développement technologique et au marché, et mettent en place un vaste réseau de vente de voitures automobiles. D’abord connue, dès 1911, sous le nom de Compagnie d’automobiles de Montréal, puis sous celui de Legaré Automobile and Supply Company Limited à compter de 1917, leur société, dont les principaux établissements se trouvent à Montréal et à Québec, étend son réseau de succursales dans la plupart des petites villes de la province de Québec. C’est pour un temps la plus importante du pays.

En 1921, Legaré et ses associés obtiennent une charte fédérale et lancent une émission d’obligations totalisant 1,2 million. La même année, le chiffre d’affaires combiné des entreprises dépasse les 12 millions de dollars. À la mort de son fondateur, c’est-à-dire à ses plus belles heures, la P. T. Legaré Limitée, à elle seule, possède plus de 50 magasins et environ 1 000 agences locales dans la province de Québec, dans le nord-est du Nouveau-Brunswick et l’Est ontarien. Le Financial Post de Toronto va même jusqu’à déclarer en 1925 que le catalogue de la P. T. Legaré Limitée « est presque la Bible au Canada français ».

Après le décès de Legaré en 1926, la compagnie poursuivra son expansion sous la présidence de Joseph-Herman Fortier. Elle sera toutefois acculée à la faillite en 1935 sous les effets conjugués de la crise économique et de transactions frauduleuses de ses dirigeants. Joseph-Herman Fortier, son frère et un ancien membre de la direction seront poursuivis pour fraude et condamnés à la prison. Bien que l’entreprise ait été restructurée après la faillite, elle perdra petit à petit de son importance dans les décennies suivantes. Ce n’est qu’en 1998 que la bannière Legaré disparaîtra du paysage commercial de la province de Québec.

Legaré, bien que souvent sollicité, n’a fait qu’une brève incursion en politique. En 1888, il est élu échevin de la municipalité de la paroisse Saint-Sauveur, un an à peine avant qu’un référendum ne décide de son annexion à la ville de Québec. D’allégeance conservatrice, Legaré ne semble toutefois pas embarrassé par l’engagement de son principal associé Joseph-Herman Fortier en faveur des libéraux.

Après avoir habité une grande partie de sa vie rue Saint-Vallier, à Saint-Sauveur, Legaré décide, en 1912, de rejoindre la bourgeoisie de la capitale sur la Grande Allée et s’y fait construire une magnifique résidence d’inspiration victorienne. Fortune aidant, Legaré donne aussi dans la philanthropie. Il fait à maintes reprises des dons importants à l’université Laval, avec laquelle il entretient des relations d’affaires, notamment une somme de 25 000 $ en 1920, et à la paroisse Saint-Cœur-de-Marie, à qui il verse entre autres 15 000 $ en 1919, au moment de la construction de l’église.

Pierre-Théophile Legaré possédait de grandes qualités d’entrepreneur. Il fit fortune grâce au développement opportun de deux vastes réseaux de magasins et à la création d’entreprises manufacturières destinées à alimenter ses activités commerciales. D’origine modeste, il est devenu l’un des plus importants self-made-men québécois de son époque.

Antonio Lechasseur

Nous remercions MM. Guy Legaré, petit-fils de Pierre-Théophile Legaré, Yves Tremblay, Raynald Lessard, Marc Vallières et Mme Sylvie Tremblay pour leur aide précieuse en cours de recherche. [a. l.]

AN, MG 26, G : 23908–23909, 56658–56662, 86948–86950 ; I : 67226, 89548–89551 ; RG 17, AI, 900 : 115816 ; RG 31, C1, 1851, 1861, 1871, 1881, 1891, 1901, Québec, ville ; RG 95, sér. 1, 1375, 1612, 1791 ; RG 125, 705, dossier 6588.— ANQ-Q, CE301-S7, 12 févr. 1851, 24 juill. 1876 ; CT1-1, 10 avril 1928 ; TP11, S1, SS10, SSS1, mars 1935, no 2964F ; SS20, SSS48, 17 janv. 1890, no 4432 ; 9 mars 1891, no 4591 ; 11 nov. 1896, no 6035 ; 10 mars 1903, no 37 ; 25 oct. 1910, nos 253–254 ; 20 avril 1918, no 355.— Arch. de l’univ. Laval, P136 (fonds Joseph-Ernest-Grégoire), C2/3, discours de 1935.— Arch. paroissiales, Sacré-Cœur (Ottawa), RBMS, 10 févr. 1903.— Arch. privées, Guy Legaré (Le Bic, Québec), papiers de la famille Legaré.— AVQ, M1-1 ; M2 ; QA5, rôles d’évaluation.— MCQ-FSQ, SME 2.2/55/22d., 16 juill. 1897 ; 9/15/45, 29 mars 1920 ; 9/15/46, 16 juin 1920 ; 9/15/65, 28 sept. 1920 ; 9/189/51, 21 avril 1920 ; 9/190/63, 18 mai 1921.— L’Action catholique (Québec), 30 juin, 3, 5–6 juill. 1926.— L’Événement, 16 mai 1889, 14 févr. 1921, 7 juill. 1926.— La Presse, 17 janv. 1920.— Le Soleil, 26 juin 1902, 3 mars 1903, 3, 5–6 juill. 1926.— Annuaires, Québec, 1873–1874, 1880–1890, 1916–1924 ; Québec et Lévis, 1875–1879, 1890–1916, 1924–1939.— Annuaire du commerce et de l’industrie de Québec [...] (Québec), 1873.— Bradstreet Commercial Report, John Bradstreet, édit. (New York), 1881–1933.— C. H. Cheasley, The chain store movement in Canada (Montréal, [1930]), 57–78.— J. Hamelin et al., la Presse québécoise, 2 ; 6.— Index to The Financial Post, 1907–1948, G. R. Adshead, compil. et édit. (Toronto, [1990]) (on y trouve de nombreuses références à Legaré).— P. T. Legaré Limitée, Catalogue no 44 (Québec, 191 ?).— Michel Lessard, « l’Empire P. T. Legaré Limitée », Cap-aux-Diamants (Québec), 40 (hiver 1995) : 34–37 ; Objets anciens du Québec (2 vol. parus, [Montréal], 1994–    ).— David Monod, Store wars : shopkeepers and the culture of mass marketing, 1890–1939 (Toronto, 1996), 124.— Univ. Laval, Annuaire, 1911–1912 : 177.— Who’s who and why, 1915–1916.— Who’s who in Canada, 1925–1926

Bibliographie générale

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Antonio Lechasseur, « LEGARÉ, PIERRE-THÉOPHILE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 18 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/legare_pierre_theophile_15F.html.

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Auteur de l'article:    Antonio Lechasseur
Titre de l'article:    LEGARÉ, PIERRE-THÉOPHILE
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
Année de la révision:    2005
Date de consultation:    18 mars 2024